Différenciez et, si possible, reliez les formes principales de la sympathie ?
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«
Différenciez et, si possible, reliez les formes principales de la sympathie.
CONSEILS
On ne se laissera pas égarer par le sens banal du mot sympathie.
Ce sens est valable, mais trop étroit.
On tiendra
compte du sens littéral, étymologique, du mot.
Introduction.
Le langage courant paraît donner au mot sympathie un sens indivisible et constant, qui dispose le psychologue à
faire entrer dans un même genre tous les faits désignés par ce nom.
Mais, dans ce genre, la réflexion révèle des
attitudes disparates jusqu'au contraste : la sympathie est souvent effacement, dissolution du moi ; mais elle est
aussi l'affirmation, l'expansion généreuse du moi.
Peut-on, tout en dégageant leurs formes spécifiques, apparenter
tous les faits de sympathie, comme les aspects divers d'une même conduite fondamentale, ou comme les moments
successifs d'une même évolution ?
I.
— La sympathie, fusion affective.
La sympathie est d'abord une fusion affective.
Dans les premiers mois de la vie, l'enfant est perdu dans le monde qui
l'entoure.
Son comportement atteste surtout qu'il se distingue mal de ceux que l'adulte appelle encore ses «
semblables » ; le bébé fait immédiatement siennes la joie et la tristesse de sa mère ; il rit et pleure avec elle.
Cette
confusion du moi et d'autrui se retrouve dans les délires et les démences (tel aliéné qui a vu les autres manger croit
avoir mangé lui-même) ; dans les maladies nerveuses (un épileptique, avant le grand accès, dit : « Vous êtes pâle,
vous allez tomber ») ; dans les épuisements consécutifs à une maladie chronique (une mère cachectique dit à son
fils : « Comme tu as maigri ! »).
Dans la conduite de l'homme adulte et sain, la fusion affective est toujours brève et
limitée.
Mais il arrive que, percevant la conduite d'autrui, on se détache d'autrui pour devenir, partiellement et
momentanément, autrui : nous luttons comme l'homme que nous voyons lutter ; nous souffrons des coups qu'il
reçoit, parons ceux qui le menacent, et faisons, s'il perd l'équilibre, un effort compensateur de redressement.
Peut-on expliquer la fusion affective ? Cette sympathie se double d'une imitation des mouvements.
L'élément moteur
ne commanderait-il pas l'élément affectif ? N'entrons-nous pas dans les dispositions intérieures d'autrui parce que
nous reproduisons d'abord son comportement externe ? Mais cette imitation serait elle-même à expliquer.
Surtout, la
fusion affective est précoce, alors que l'imitation, chez l'enfant, est beaucoup plus tardive et laborieuse qu'on ne l'a
dit.
La fusion affective pourrait encore résulter d'une référence de la conduite d'autrui à notre expérience propre.
Par
ses signes extérieurs, le présent état affectif de l'autre nous paraît coïncider avec tel de nos états affectifs passés.
Nous prêtons à l'autre une certaine disposition interne et sympathisons avec elle si le comportement externe de
l'autre ressemble à celui qui est le nôtre quand nous sommes dans cette disposition.
C'est un fait que notre aptitude
à la sympathie varie suivant la richesse de notre expérience affective.
L'enfant est dur pour autrui ; les personnes
robustes comprennent mal celles qui sont maladives.
Pourtant ce mécanisme ne peut jouer d'emblée ; car il suppose
une comparaison, et, le cas échéant, une assimilation des attitudes expressives d'autrui aux nôtres propres.
Mais
cette assimilation est d'abord impossible ; car les données tactiles et kinesthésiques qui sont d'abord presque seules
à nous faire sentir, d'ailleurs confusément, notre corps et ses réactions, n'ont rien de commun avec les données,
surtout visuelles, qui nous présentent le corps et la mimique d'autrui.
La fusion s'explique-t-elle mieux par l'identité que j'aperçois entre la situation d'autrui et celle où je me suis trouvé
moi-même ? On dira que nous sympathisons avec autrui quand les circonstances auxquelles nous le voyons réagir
seraient pour nous-mêmes plaisantes ou avantageuses, dangereuses ou pénibles.
Mais cette explication suppose un
recours compliqué à l'analogie et un retour sur soi, une réflexion, qui ne peut être primitive, alors que la fusion
affective peut être immédiate.
Celle-ci résulte sans doute de notre animisme spontané.
Il est artificiel de se demander comment, percevant d'abord
des êtres purement matériels, nous finissons par découvrir en eux les signes de la conscience.
Celle-ci ne se
surajoute pas, plus ou moins tard, au monde physique ; car ce monde apparaît d'abord tout pénétré de conscience ;
et le progrès intellectuel consistera pour une part à le « désanimer » (Scheler).
Pour l'enfant, toute attitude
corporelle est immédiatement expressive d'un état mental ; pour lui, la tendresse et la colère sont données dans la
voix même qui caresse et qui gronde..
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