Dieu est-il pour le savant une hypothèse nécessaire ou superflue ?

« Dieu est-il pour le savant une hypothèse nécessaire ou superflue ? « M.

Arago avait une anecdote favorite.

Quand Laplace eut publié sa Mécanique céleste, disait-il, l'empereur le fit venir.

L'empereur était furieux.

- Comment, s'écria-t-il en apercevant Laplace, vous faites tout le système du monde, vous donnez les lois de toute la création et dans tout votre livre vous ne parlez pas une seule fois de l'existence de Dieu ! - Sire, répondit Laplace, je n'avais pas besoin de cette hypothèse.

» (Victor Hugo / 1802-1885 / Choses vues / 1887) Analyse du sujet : -Dieu : Dans la perspective religieuse, Dieu est le juge suprême des actions des hommes, il est le créateur de l'univers et de toute chose; il en dispose donc de toute éternité.

Il est également le témoin qui pardonne toutes les fautes par amour pour ces créatures qui doivent l'aimée en retour.

IL est traditionnellement défini comme infini, éternel, omnipotent, et surtout omniscient (il sait tout). Dans la perspective athée, Dieu est un objet de croyance, un être d'imagination dont la valeur n'est que purement humaine (pas sacré).

Pour eux, il ne vaut qu'en tant qu'il est cru existant par certains hommes, et que ces mêmes hommes donne à cette illusion une valeur.

Pour eux, (Depuis Feuerbach) Dieu est le nom symbolique sous lequel se regroupe toutes les qualités qui font de l'homme un homme Bien : il est une projection sacralisée du Bien en l'humanité. -Savant : Le savant est le détenteur du savoir.

On emploi aujourd'hui ce terme pour identifier les scientifiques : ceux qui ont recours à la scientificité de la raison pour établir leur vérité, selon des procédures de vérifications réglementées dont la validation par cohérence et la vérification par expérience sont les principales protocoles. -Hypothèse : L'hypothèse est une spéculation rationnelle sur le mode conditionnel du « si ».

Elle appel une vérification dans l'expérimentation. -Nécessaire/superflue : Le nécessaire c'est le règne de la détermination, de l'obligation de fait.

On distingue deux types de nécessités, la nécessité rationnelle et la nécessité de fait : dans l'une la raison nous pousse, dans l'ordre des choses nous force.

Le superflue, c'est ce que l'on peut abandonner sans dommage, ce qui n'est d'aucune utilité. Problématisation : Nous nous interrogeons sur Dieu et sa place dans la science.

Dieu est-il pour le savant une hypothèse nécessaire ou superflue ? Ce sujet nous invite à commenter la célèbre citation de Laplace : « Dieu ? Je n'ai pas besoin de cette hypothèse! » Laplace prétendait parvenir à expliquer tout les mouvements mécanique du monde, tous les mouvements de l'univers grâce aux lois physiques, c'est-à-dire sans l'intervention miraculeuse de Dieu.

À mécaniser ainsi la vie ne la réduit-on pas simplement à néant ? Alors que c'est elle le coeur des choses animées, pour les étudier on leur enlève l'animation...

Mais en même temps à considérer Dieu comme le créateur et l'animateur des choses, et ceci de manière dogmatique, le savant ne risque-t-il pas de passer à coté de la vérité scientifique ? À considérer que l'animation des choses est due à une série de miracles successifs à passer à coté de la loi ? Ne serait-ce alors que le savant se doit de ne point, en tout cas du point de vue épistémologique, postuler un Dieu afin de ménager la neutralité de son étude, et la possibilité de ses progrès ? Mais que peut-il postuler alors pour redonner à la vie ses droits contre la machine ? C'est ce que nous tenterons de comprendre en dernier lieu. Proposition de plan : 1 .

Dieu est une hypothèse qui paraît superflue au savant mécaniste. a) Le mécanisme dont Laplace participe, prétend expliquer tout l'univers par l'intermédiaire des lois physiques. b) Du mouvement des corps célestes au mouvement des atomes, tout est régis par les mêmes lois physiques, on peut donc tout expliquer dans le même discours rationnel sur les choses : ce discours c'est la science. Problème : Au mécanisme résiste au moins un type de chose qui ne se laisse pas circonscrire par une analyse du seul mouvement : la vie. Transition : Ne faudrait-il admettre que dieu devient nécessaire pour animer la machine, pour comprendre le vivant ? 2 .

Dieu est une hypothèse qui apparaît nécessaire pour « animer » le mécanisme. a) Pour ce qui est du vivant, le mécanisme est impuissant à rendre compte de la vie sans en même temps la réduire au mouvement des choses inanimées. b) Ce qui lui manque par dessus tout c'est une finalité dans la nature, le mécanisme explique facilement comment ça marche mais ne parvient pas à donner un « pourquoi ». c) Il est donc contraint de réintroduire un Dieu qui seul donne un sens à cette vie sans âme, qui seul assigne une fin à la vie. Problème : Cependant il semble dans ce raisonnement que ce ne soit pas Dieu l'important pour l'animation c'est la finalité qu'il pose aux choses de la nature. Transition : Ne pourrait-on penser des fins dans la nature sans présupposer un dieu pour les vouloir ? 3 .

Dieu est une hypothèse qui apparaît absolument superflue du point de vue épistémologique si l'on postule, avec Kant, des « fins naturelles ». a) Dans la 2ème partie de la critique de la faculté de juger (§ 64) Kant cherche à démontrer l'existence de fins naturelles pour libérer l'épistémologie de la théologie dogmatique.

Ces fins naturelles sont « cause et effet » d'elles-mêmes : les choses naturelles qui les portent sont vivantes et ont pour fin la vie elle-même. b) En affirmant ainsi l'autonomie du vivant par rapport à tout animisme religieux, Kant achève l'oeuvre épistémologique entamée par le mécanisme, il rend pensable, sans dieu, le vivant. c) Ainsi se trouve fondé ce que nous appelons biologie dont les grands noms sont F.

Jacob (le Jeu des Possibles ) et G.

Canguilhem (la Connaissance de la Vie) et s'inscrivent dans la ligne direct de cette épistémologie libérée de l'hypothèse de Dieu, pour laquelle elle est superflue et pas nécessaire, à laquelle si elle ne prend rien, elle n'ajoute rien.. »