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Dieu est amour ?

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« Introduction -"Dieu" est le nom que prend le principe premier de la création, en ce sens qu'il est l'Etre dont tout étant procède comme à sa cause première ; les diverse théories théologiques et/ou philosophiques ont notamment pour tâche de définir les qualités de ce premier principe.

La première de ces qualités, c'est son caractère absolument inconditionné, en tant que Principe. -L'amour peut être entendu sur un plan horizontal comme vertical : on peut aimer un autre homme comme on peut aimer le Dieu auquel on croit, comme à cet Etre dont notre être se rapporte comme à son origine inconditionnée. -Or, ces deux sortes d'amour peuvent n'être que les deux faces d'une même essence de l'amour : Peut-on faire du premier Principe divin la cause même de tout amour possible ? Or, enfermer l'essence du Divin dans le seul amour, ne peut-il pas avoir pour conséquence l'annihilation même de l'amour ? A insi, si Dieu est amour, comment l'aimer pour respecter cette essence même de l'amour ? I.

Tout amour sensible recèle le désir d'accéder à une réalité supérieure qui conditionne cet amour. -Platon, Banquet : aimer un être sensible, c'est aimer non cet être même, mais le Beau en lui.

Il s'agit passer d'un amour horizontal (celui des choses et des êtres sensibles) à un amour vertical, vers le Principe qui rend cet amour même possible. -Le discours de Diotime (Platon, ibid.) : en suivant le cheminement vertical du désir, on parvient à la contemplation du premier Principe, c'est-à-dire celle du Beau/Bien en soi, Principe premier de toute réalité et de toute autre Idée éternelle.

Dieu est donc amour, en ce sens que la finalité de l'amour, c'est la contemplation de cet être divin vers qui se sent porté la partie éternelle en mon âme. Le discours de Diotime La sagesse de l'amour À voir P laton critiquer ainsi la passion puis la réhabiliter, défendre la poésie puis chasser le poète de la Cité, on pourrait être tenté de croire qu'il se contredit quelque peu.

En fait, tous ces atermoiements autour de la question du désir et de la poésie témoignent d'un travail de la pensée en quête d'une juste appréciation des choses. C onvaincu du fait que l'homme ne peut pas tout ramener à lui, à ses opinions et à ses passions sans sel faire violence et faire violence à la vérité et à l'amour, Platon reste néanmoins conscient du fait que l'on ne peut pas totalement faire abstraction du sensible.

C ar c'est avec lui, malgré tout, que l'on commence à penser.

Le désir et la passion ont beau aveugler parfois, c'est souvent à la suite d'un attrait pour certaines paroles ou pour la personnalité d'un penseur que l'on se met à réfléchir.

Signe qu'il y a une vérité du désir ainsi qu'une sagesse de l'amour.

Quand donc on ignore tout, tout n'est pas perdu pour sortir de l'ignorance.

Il suffit d'aimer, car l'amour ne trompe pas. Le mythe d'Éros Pour mieux nous le faire comprendre, Platon a recours à un mythe dans Le Banquet. «L'amour, dit-il, est l'enfant de Penia, l'indigence, et de Poros, la richesse.

Car il est à la fois un état de manque et de profusion.» Pauvre, il est riche de désirs et de rêves.

Comblé, il a néanmoins toujours faim.

Et ce, parce que ce qui fait son essence n'est pas là où on le suppose.

C ela ne réside pas dans la pure frustration qui est souffrance ni dans la pure satisfaction qui débouche sur l'ennui, mais dans le fait de chercher toujours et de découvrir sans cesse.

C ar on aime parce qu'il y a dans le désir quelque chose qui nous fait désirer malgré la frustration et chercher malgré la satisfaction. En cela, l'amour est philosophe.

Cherchant continuellement, il est comme la pensée.

Aussi y a-t-il une vérité du désir sensible qui aime. Diotime et le Beau en soi A vec l'amour, Platon montre qu'à côté de la voie ardue du mythe de la caverne, où il faut rompre avec le sensible pour s'élever à la sagesse, on peut suivre une voie plus aisée en s'appuyant sur le désir. Dans Le Banquet, Diotime, surnommée «l'étrangère de Mantinée., résume ainsi cette voie. «La vraie voie de l'amour, dit-elle, c'est de partir des beautés sensibles et de monter sans cesse vers la beauté surnaturelle en passant comme par échelons d'un beau corps à deux, de deux à tous, puis des beaux corps aux belles actions et des belles actions aux belles sciences pour aboutir à cette science qui n'est autre que la science de là beauté, laquelle reconnaît le beau tel qu'il est en soi.

Si la vie vaut jamais la peine d'être vécue, cher Socrate, c'est à ce moment où l'homme contemple cette beauté qui n'est ni belle par un côté ni laide par un autre, ni belle en un temps ni laide en un autre, ni belle en un lieu ni laide en un autre.

C ar elle ne se présente ni comme un corps, ni comme une science, ni comme une chose sur terre ou dans le ciel» (Le Banquet, 211 b). II.

Dieu est amour, parce qu'il aime l'homme malgré son reniement, et lui offre la possibilité d'accéder au Salut. -Selon la théologie chrétienne, Dieu est l'Etre suprême, un être personnel qui a envoyé son propre fils, le C hrist fait chair, pour sauver l'humanité de sa nature pécheresse. -Dieu est amour, parce qu'il a la faculté du pardon : la miséricorde divine est accordée à tous, en raison de la nature infinie de l'amour de Dieu.

L'amour est donc rendu manifeste par le Pardon infini accordé par Dieu à l'homme. III.

Dieu ne saurait être qu'amour, sans quoi l'amour se révèlerait lui-même contradictoire dans son principe. -Interprétation de l'épreuve d'A braham par la Kabbale juive : A braham, par amour pour Dieu, est prêt à tuer son propre fils, d'où une situation contradictoire. Dieu a voulu tester l'amour d'A braham, mais A braham s'est trompé sur l'interprétation de cet amour : ce ne doit pas être un amour aveugle et fanatique. -La véritable nature de l'amour, c'est l'ouverture à l'Extériorité radicale, c'est donc l'acceptation de ne pas maîtriser (intellectuellement, en lui déterminant des qualités particulières) le Principe divin.

A imer, c'est accepter que Dieu nous échappe, par nature.

A lors seulement pourra-t-on dire que Dieu est Amour. Conclusion -Si Dieu est amour, on ne peut précisément pas dire que Dieu est amour, sans quoi il y aurait une contradiction dans la définition même de l'essence de l'amour. -Dire que Dieu est amour, ne doit pas être pris comme une caractérisation d'essence, mais comme l'expression d'une exigence morale : le principe de notre action doit être cette ouverture absolument inconditionnée par laquelle on accepte de se déprendre de soi pour s'ouvrir à l'extériorité.. »

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