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Déterminisme et liberté chez Kant

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« Thème 518 Déterminisme et liberté chez Kant Le projet fondamental : rendre possible la coexistence du déterminisme affirmé par la s cience et de la liberté revendiquée par la conscience. Le progrès de la connaissance scientifique et l'extension de la méthode expérimentale à tous les domaines, en particulier à l'étude de l'homme, placent au X V IIIe siècle la réflexion philosophique devant un dilemme : ou bien la science est capable de rendre compte de la totalité du réel et par conséquent de reconnaître un caractère strictement déterminé aux pensées et aux actes de l'homme, ce qui revient à nier la liberté et à faire de la moralité une illusion ou une mystification, ou bien la science renonce à prendre l'homme pour objet d'étude ; elle s e borne à inventorier les lois de l'univers matériel, du monde des objets, limitation qui autorise l'affirmation de la liberté et l'existence de la moralité. La première thèse avait déjà été soutenue au XV I I e s i è c le par Spinoza : « l'homme n'est pas un empire (de liberté) dans un empire (de nécessité) »...

« La liberté que tous les hommes se vantent d'avoir consiste en cela seulement qu'ils sont conscients de leurs actes et ignorants des causes qui les déterminent». La seconde thèse avait été s outenue par Descartes.

La science a pour seul objet la matière, l'étendue; l'esprit, la pensée lui échappent.

M ais ce dualisme s'il sauve sa liberté ne rend pas vraiment compte de l'existence humaine : l'homme n'est ni une âme, ni une pensée : l'observation montre qu'il est impossible de faire abstraction du corps. La philosophie des Lumières avait radicalisé c ette contradiction : la philos ophie ne peut être que Spinoziste ou irrationnelle.

D'autre part, il n'est aucune raison sérieuse d'interdire à la science d'étendre le champ de, ses investigations : pourquoi l'homme et l'homme seul, éc happerait-il aux techniques de la méthode expérimentale? C ependant il est impossible de ne tenir aucun compte de cette certitude qu'éprouve tout homme, du plus inc ulte au plus savant, que son existence ne se réduit pas à celle d'un morceau quelc onque de matière : si j'agis, c'est parce que je me représ ente un but non encore donné, c'est aussi parce que je dois agir d'une certaine façon plutôt que d'une autre.

La consc ience d'un devoir-être réduit à néant la thèse qui voit dans la liberté une simple illusion.

En bref, il est impossible de limiter le champ d'investigation de la science, mais on ne peut pas davantage nier la liberté. La question centrale de la préface de la 2e édition de la C ritique de la Raison P ure formule précis ément et de façon radicale ce dilemme : « C omment du même être, par exemple de l'homme, pourrais-je dire que sa volonté est libre et qu'en même temps elle est s oumise à la nécessité physique, c'est-à-dire qu'elle n'est pas libre, sans tomber dans une contradiction manifeste? » C e dilemme a été mis en relief par le succès des sciences positives, qu'il est impossible, à moins d'irrationalisme, voire de mysticisme, de nier. La solution kantienne sera donnée par la C ritique de la Raison Pure théorique : la science porte sur les phénomènes, non sur les chos es en soi.

C onnaître, ce sera saisir les liaisons néces saires des phénomènes et la connaissance est rendue possible par la structure même de l'esprit humain. KANT (Emmanuel).

Né et mort à Königsberg (1724-1804).

Fils d'un sellier d'origine écossaise, il fit ses études à l'Univers ité de Königsberg, et s'intéressa davantage à la physique et à la philos ophie qu'à la théologie.

En 1755, il est privat-dozent de l'Univers ité de sa ville natale, puis il est nommé profes seur extraordinaire de mathématiques et de philosophie.

En 1770, il devient titulaire de la chaire de logique et de métaphysique.

Il vécut dans une demi-retraite pendant onze ans ; puis, commença la publication de ses grands livres, les trois C ritiques.

La Révolution française l'enthous iasma, et l'on raconte qu'il ne se détournait de sa promenade, minutieusement réglée, que pour en aller apprendre les nouvelles.

Il fut, en 1793, réprimandé par Frédéric-Guillaume II pour deux ouvrages sur la politique et la religion.

A la mort du Roi, il reprit sa plume et dévoila l'affaire.

Kant mourut le 12 février 1804, après une très longue agonie.

— A ses débuts, Kant fut un disciple de Leibniz et de Wolff.

Il considère la science comme un fait, dont la possibilité, plus que l'existence, doit nous préoccuper.

La lecture de Rousseau lui fait aussi considérer la moralité c omme un fait.

Nous retrouvons, en conclusion du système kantien, comme postulats, les croyances dont Kant a ruiné la valeur dogmatique.

Lui-même a défini son entreprise ainsi : « J'ai remplacé le savoir par la foi.

» — Le monde sensible est seul donné à notre expérience et à notre connaissance : ce sont les faits, les données de la sensation.

Le monde intelligible est une« illusion théorique».

Le pouvoir de la raison pure est illusoire.

Les principes de l'entendement pur ne sont pas applicables aux noumènes, mais seulement aux phénomènes ; c'est la dialectique transcendante.

La raison doit reconnaître ses propres limites ; limiter la raison, c'est réaliser son objectivité.

— La connaissance se ramène à deux éléments : le monde sensible, ou phénomènes liés à l'espace et au temps et le monde intelligible, ou chose en s oi, noumènes, pur objet de pensée.

L'intuition et le concept sont les sources de la connaissance.

— M ais, intellectuellement, il nous est imposs ible de parvenir à la connaissance du monde intelligible.

— L'espace et le temps sont les conditions de toute connaissance ; pour qu'un objet possède une réalité objective, il faut qu'il soit placé dans l'espace et le temps.

L'espace et le temps sont les formes a priori de toutes les données empiriques.

C 'est ce qu'analyse Kant dans son esthétique trans cendantale ou analyse de la sensibilité.

Les représentations données par ces deux éléments sont liées entre elles par la raison finie, à l'aide des catégories, ou principes de l'entendement pur.

Les catégories (analytique transcendantale) qui dessinent les limites de la vérité, sont les produits d'une force et non pas l'attribut d'une substance.

Elles sont posées à l'occas ion de l'expérience, mais la dépassent.

La quantité, la qualité, la relation et la modalité sont les classes de jugement ; chaque classe renferme trois catégories (concepts fondamentaux a priori de l'entendement pur).

Q uantité : unité, totalité, pluralité.

Q ualité : réalité, négation, limitation.

Relation : substance, caus alité, réciprocité.

M odalité : possibilité, existence, nécessité.

— L'analytique et la dialectique constituent la logique transcendantale.

La raison a une destinée pratique, une faculté d'agir.

Si la raison pure théorique est illusoire, la raison pure pratique est infaillible Elle est liberté, elle se donne à elle-même ses propres règles morales, qui définissent son autonomie.

— Il y a en l'homme une tendance naturelle au désordre et au péché : cette tendance est s ervitude.

La liberté devient donc un commandement, un impératif à nous adressé ; elle est la raison d'être de la règle morale.

Le devoir, loi imposée par la raison à la volonté, est la façon que nous avons de connaître la liberté.

L'impératif (le la moralité est catégorique, absolu, inconditionnel, universel.

« A gis de telle sorte que la maxime de ton action puisse être érigée par ta volonté en une loi universelle.

» C ette maxime de l'action a pour objectif une fin en soi, qui est l'être rais onnable.« A gis de telle sorte que tu traites toujours l'humanité, en toi-même et en autrui, comme une fin et jamais comme un moyen.

» Dans ce monde idéal, cette république des fins, « chaque citoyen s erait à la fois législateur et s ujet ».

Donc, « agis comme si tu étais législateur et sujet dans la république des volontés libres et raisonnables ».

— L'homme étant naturellement porté vers le désordre, ne peut accomplir c e s impératifs catégoriques qu'imparfaitement.

De cette imperfec tion, naît le conflit religieux.

A ux principes généraux de la raison pratique, sont liés des postulats.

« L'existence de Dieu et l'immortalité de l'âme sont les postulats qui garantissent à la raison pratique l'utilité de son effort.

La croyance rétablit ce dont la raison pure théorique n'avait pu fournir aucune preuve valable.

» — Kant analys e d'autre part la notion du beau et la notion de la finalité.

Le beau est ce qui plaît universellement sans concept ; c'est aussi une finalité sans fin.

L'idée de finalité a une valeur subjective ; le principe théologique a une nécessité entièrement relative à la constitution de notre es prit, qui pose ce principe : « Rien n'existe en vain.

» — Kant demeure l'un des plus grands philos ophes de tous les temps ; son influence fut considérable au rixe siècle, et se poursuit de nos jours.

O n ne peut désormais plus se livrer à des études philosophiques sans rencontrer, d'une façon ou d'une autre, la pensée de Kant.. »

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