Désirer l'impossible est-ce une folie ?
Extrait du document
«
Analyse du sujet :
Ce type de sujet semble aller de soi : le réflexe premier, avant même de réfléchir, serait de répondre par
l'affirmative.
En effet, désirer l'impossible reviendrait à vouloir consciemment ce qui est irréalisable, inaccessible et
de l'ordre de l'utopie.
L'attitude sage et réfléchie invite à poser des limites au désir.
Ainsi, le désir de l'impossible
apparaît comme irrationnel, l'apanage des doux rêveurs et des fous.
Cependant, il faut prendre sérieusement en compte notre attitude face au désir qui se présente, de par sa nature,
comme quelque chose d'ambigu : il est certes manque (car on désir toujours ce que l'on n'a pas) mais il est à la fois
source de plaisir car en satisfaisant mon désir, j'aurai un certain contentement qui peut même mener au bonheur.
Aussi, la fin naturelle de l'homme qui est le bonheur est-elle à considérer.
Que désirer afin d'être heureux ? De plus,
viser ce qui est irréalisable n'est-il pas source de progrès ? Au quel cas, désirer l'impossible ne serait pas irrationnel
mais au contraire réaliste et cause du progrès de la raison.
Après tout, marcher sur la lune devait sembler impossible
pour le centurion de Jules César mais quelle fantastique victoire de la raison humaine que fut le premier de Neil
Armstrong ! C'est la sphère pratique qui peut donner les limites au désir.
Aussi peut-on pousser l'idée jusqu'à son
extrême et ne parler que d'impossible dès lors qu'il s'agit du désir.
Proposition de plan :
1) Le désir a pour but de combler un manque qui semble nous faire défaut.
Il apparaît alors étrange de désirer
l'impossible puisque nous ne pourrons pas satisfaire un tel objet inaccessible.
Désirer l'impossible serait une folie
puisque nous serions continuellement insatisfaits ; comme une espèce de masochisme.
Le réalisme et le bon sens
nous poussent donc à nous détourner de l'irréalisable et à limiter nos désirs.
Telle est la morale provisoire de
Descartes dans le Discours de la méthode ainsi formulée : « changer nos désirs plutôt que l'ordre du monde ».
Il y a
là un refus évident, au nom du raisonnable, de désirer l'impossible ; il s'agit de se conformer à ce qui existe déjà, les
coutumes, les lois en vigueur.
Ainsi, désirer l'impossible est folie car cela nous rendrait malheureux.
C'est pourquoi le stoïcisme propose une maîtrise, voire une discipline du désir.
Le bonheur est absence de trouble.
Dès lors, il s'agit de distinguer, pour suivre Epictète ce qui dépend de nous et ce qui n'en dépend pas : « De toutes
les choses du monde, les unes dépendent de nous, les autres n'en dépendent pas.
Celles qui en dépendent sont nos
opinions, nos mouvements, nos désirs, nos inclinations, nos aversions ; en un mot toutes nos actions.
» (Manuel,
maxime I)
La source de tout bien et de tout mal que nous pouvons éprouver réside
strictement dans notre propre volonté.
Nul autre que soi n'est maître de ce
qui nous importe réellement, et nous n'avons pas à nous soucier des choses
sur lesquelles nous n'avons aucune prise et où d'autres sont les maîtres.
Les
obstacles ou les contraintes que nous rencontrons sont hors de nous, tandis
qu'en nous résident certaines choses, qui nous sont absolument propres,
libres de toute contrainte et de tout obstacle, et sur lesquelles nul ne peut
agir.
Il s'agit dès lors de veiller sur ce bien propre, et de ne pas désirer celui
des autres ; d'être fidèle et constant à soi-même, ce que nul ne peut nous
empêcher de faire.
Si chacun est ainsi l'artisan de son propre bonheur,
chacun est aussi l'artisan de son propre malheur en s'échappant de soi-même
et en abandonnant son bien propre, pour tenter de posséder le bien d'autrui.
Le malheur réside donc dans l'hétéronomie : lorsque nous recevons de
l'extérieur une loi à laquelle nous obéissons et nous soumettons.
Nul ne nous
oblige à croire ce que
l'on peut dire de nous, en bien ou en mal : car dans un cas nous devenons
dépendants de la versatilité du jugement d'autrui, dans l'autre nous finissons
par donner plus de raison à autrui qu'à nous-mêmes.
Enfin, à l'égard des
opinions communes comme des théories des philosophes, ou même de nos
propres opinions, il faut savoir garder une distance identique à celle qui est
requise dans l'habileté du jeu, c'est-à-dire qu'il faut savoir cesser de jouer en
temps voulu.
Dans toutes les affaires importantes de la vie, nul ne nous oblige
en effet que notre propre volonté.
Celles qui ne dépendent point de nous sont le corps, les biens, la réputation, les dignités; en un mot, toutes les
choses qui ne sont pas du nombre de nos actions.
» Ainsi, désirer l'impossible est aux antipodes de désirer ce qui
dépend de nous et donc de la sagesse.
Il nous expose à une continuelle frustration et nous éloigne du bonheur.
Transition : Mais astreindre ainsi le désir risque de nuire au progrès de l'homme et même à la morale.
Et d'ailleurs, ce
qui est possible ou non semble se découvrir dans la tentative même, dans l'expérience.
2) Les progrès scientifiques montrent que les limites de l'impossible reculent à mesure que le désir de connaissance
s'accroît.
Ainsi, désirer l'impossible est peut-être le propre du savant fou mais il est un formidable moteur du progrès
scientifique.
Cette folie apparente apporte une énergie dont se nourrissent les grandes découvertes.
Il s'agit donc,
afin de ne pas se faire taxer d'irrationnel ou d'inconscient de canaliser un tel désir vers une fin positive et utile.
En
voulant le meilleur, l'impossible se défait de la folie..
»
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