Désir et besoin
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«
VOCABULAIRE:
BESOIN: Ce qui est nécessaire à l'existence, à la conservation ou au développement d'un être vivant.
En dehors des besoins strictement vitaux (boire, manger, dormir), on peut identifier chez l'homme des besoins
spirituels et moraux (aimer, être aimé, être reconnu, etc.) dont semble dépendre son épanouissement.
DÉSIR : Tension vers un objet que l'on se représente comme source possible de satisfaction ou de plaisir.
Comme
objet, c'est ce à quoi nous aspirons; comme acte, c'est cette aspiration même.
Le désir se distingue de la volonté, qui n'est pas un simple mouvement mais une organisation réfléchie de moyens en
vue d'une fin.
Le désir peut aller sans ou contre la volonté (un désir, par exemple, que je sais interdit et que je ne
veux pas réaliser); la volonté peut aller sans le désir (la volonté d'ingurgiter un médicament quand, pourtant, je ne
le désire pas).
Finalement, on peut dire que vouloir, c'est désirer au point d'agir effectivement pour atteindre ce qu'on désire.
Ce
qu'on veut, c'est toujours ce qu'on fait, de même que ce qu'on fait, c'est toujours ce qu'on veut.
On peut
finalement considérer la volonté comme une espèce de désir, c'est-à-dire comme le désir dont la satisfaction
dépend de nous.
DÉSIR ET BESOIN
• On distingue communément le désir du besoin en ne considérant comme besoin que ce qui est indispensable à
l'existence, la conservation et l'épanouissement d'un être.
Le besoin présenterait donc, contrairement au désir, un
caractère de nécessité ou de légitimité.
Mais la difficulté est de trouver des critères objectifs permettant de
déterminer la nécessité ou la légitimité d'un désir.
On limite souvent, comme le faisait Épicure, les besoins aux
exigences physiologiques.
Mais peut-on ramener l'homme à son animalité, peut-on séparer chez lui le naturel du
culturel ? L'homme n'est-il pas avant tout un être social dont la nature et par conséquent les besoins seraient,
comme le voulait Marx, produits par les circonstances historiques ?
Le sultan nous semble le plus libre des hommes en son pays : riche et puissant, rien ne s'oppose à lui.
Il met à mort
à sa guise, prend les femmes de son choix, achète ce qu'il veut.
Ses désirs sont des ordres, son plaisir fait la loi.
Parce qu'aucune contrainte ne pèse sur lui, parce qu'il fait tout ce qui lui plaît, il nous paraît tout-puissant et libre.
Est-il vraiment le plus libre des hommes ?
1.
LA LIBERTÉ DU BON PLAISIR
A - Affirmer sa propre nature
• Tout homme recherche le bonheur dans sa vie.
La liberté de faire ce qui lui plaît, c'est le pouvoir d'imposer la
réalisation de son bonheur contre tout, contre tous, car celui qui triomphe de tous les obstacles, c'est celui qui n'a
pas d'autre loi que celle qu'il s'est lui-même donnée.
• C'est aussi la force de suivre son plaisir : semblable, dit Platon dans le Gorgias, au tonneau percé qu'on veut
remplir, le désir n'est jamais satisfait, et chercher à remplir ce tonneau est la tâche la plus éprouvante qui soit.
Être
libre, c'est donc avoir la force de suivre les exigences que notre propre nature nous impose.
Il est de bon ton de condamner le plaisir.
Platon, dans le « Gorgias », affirme ainsi qu'une vie réglée contente et
satisfaite de ce que chaque jour lui apporte et préférable à une existence inassouvie et sans frein.
L'homme qui
entend mener une vie de plaisir est comparable à un tonneau percé qu'il faudrait constamment remplir : à peine
satisfait, le désir renaît et avec lui la souffrance.
Mais fixer son attention sur le plaisir, c'est, surtout, s'attarder
sur les objets du monde sensible et renoncer au bonheur d'une vie contemplative qui seule peut nous mettre en
contact avec l'éternité.
On retrouve cette idée chez Saint-Paul qui affirme que seul le renoncement aux appétits
du corps et aux plaisirs suscités par la vie matérielle et sociale permet d'atteindre cette pureté intérieure qui
rapproche la créature de Dieu.
Un tel ascétisme repose sur une opposition absolue entre le corps et l'âme, le
charnel et le spirituel, et peut parfois aller jusqu'à la mortification du corps.
Hegel, de son côté, considère que
la jouissance oisive ne peut donner à l'homme la satisfaction complète et définitive, car elle reste purement
subjective et n'a pas de « vérité », de réalité objective, révélée à tous.
Vouer sa vie au plaisir, c'est aussi
renoncer à créer quelque chose de stable, de durable en dehors de soi, et ne pouvoir donc surmonter son
angoisse de la mort.
« Gorgias : Veux-tu savoir ce que sont le beau et le juste selon la nature ? Hé
bien, je vais te le dire franchement ! Voici, si on veut vivre comme il faut, on doit laisser aller ses propres passions,
si grandes soient-elles, et ne pas les réprimer.
Au contraire, il faut être capable de mettre son courage et son
intelligence au service de si grandes passions et de les assouvir avec tout ce qu'elles peuvent désirer.
Seulement,
tout le monde n'est pas capable, j'imagine, de vivre comme cela.
C'est pourquoi la masse des gens blâme les
hommes qui vivent ainsi, gênée qu'elle est de devoir dissimuler sa propre incapacité à le faire.
La masse déclare
donc bien haut que le dérèglement est une vilaine chose.
C'est ainsi qu'elle réduit à l'état d'esclaves les hommes
dotés d'une plus forte nature que celle des hommes de la masse ; et ces derniers, qui sont eux-mêmes incapables
de se procurer les plaisirs qui les combleraient, font la louange de la tempérance et de la justice à cause du manque
de courage de leur âme..
»
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