Descartes: Le cogito
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«
Descartes: Le cogito
1.
Douter, penser, être
Douter est une opération méthodique.
Elle conduit à mettre en question les sources
des connaissances, les sens et l'entendement, et par là à rejeter tout ce qui n'est
pas indubitable, en doutant volontairement de tout (Méditations métaphysiques).
Le
cogito est la première connaissance certaine qui surgit du doute en lui résistant : je
pense donc je suis.
Rien ne pourrait faire qu'en pensant je ne sois pas.
La liaison
nécessaire entre ma pensée et mon existence, je la perçois immédiatement, alors
même que par le doute je suis conduit à supposer qu'il n'existe aucun corps.
2.
L'âme et le corps
J'ai l'assurance d'exister même si je suppose qu'aucun corps n'existe.
Mais cela ne
suffit pas pour dire que je n'ai pas besoin de corps pour exister ; peut-être que mes pensées dépendent de ce
corps que je ne connais pas.
Ainsi, pour pouvoir dire que je suis une chose qui pense, une substance dont la
nature est de penser, Descartes est conduit à montrer que la notion de corps exclut la pensée.
Tout corps se
définit par l'étendue, quand l'âme se définit par la pensée.
L'un n'a rien de spirituel quand l'autre n'a rien de
spatial.
De plus, pour que cette idée de substance pensante corresponde effectivement à un être qui pourrait
subsister sans corps, il faut que Dieu existe et qu'Il garantisse la véracité de mes pensées.
Cette phrase apparaît au début de la quatrième partie du « Discours de la méthode », qui présente
rapidement la métaphysique de Descartes.
On a donc tort de dire « Cogito ergo sum », puisque ce texte est le
premier ouvrage philosophique important écrit en français.
Pour bien comprendre cette citation, il est nécessaire de restituer le contexte dans lequel elle s’insère.
Le
« Discours de la méthode » présente l’autobiographie intellectuelle de Descartes, qui se fait le porte-parole de
sa génération.
Descartes y décrit une véritable crise de l’éducation, laquelle ne tient pas ses promesses ; faire
« acquérir une connaissance claire & assurée de tout ce qui est utile à la vie ».
En fait, Descartes est le contemporain & le promoteur d’une véritable révolution scientifique, inaugurée par
Galilée, qui remet en cause tous les fondements du savoir et fait de la Terre, jusqu’ici considérée comme le
centre d’un univers fini, une planète comme les autres.
L’homme est désormais jeté dans un univers infini, sans
repère fixe dans la nature, en proie au doute sur sa place et sa fonction dans un univers livré aux lois de la
mécanique.
Or, Descartes va entreprendre à la fois de justifier la science nouvelle et révolutionnaire qu’il
pratique, et de redéfinir la place de l’homme dans le monde.
Pour accomplir cette tâche, il faut d’abord prendre la mesure des erreurs du passé, des erreurs enracinées en soimême.
En clair, il faut remettre en cause le pseudo savoir dont on a hérité et commencer par le doute :
« Je déracinais cependant de mon esprit toutes les erreurs qui avaient pu s’y glisser auparavant.
Non que
j’imitasse en cela les sceptiques, qui ne doutent que pour douter ; car, au contraire, tout mon dessein ne tendait
qu’à m’assurer, et à rejeter la terre mouvante & le sable, pour trouver le roc & l’argile.
» (« Discours de la
méthode », 3ième partie).
Ce qu’on appelle métaphysique est justement la discipline qui recherche les fondements du savoir & des choses,
qui tente de trouver « les premiers principes & les premières causes ».
Descartes, dans ce temps d’incertitude
et de soupçon généralisé, cherche la vérité, quelque chose dont on ne puisse en aucun cas douter, qui résiste à
l’examen le plus impitoyable.
Cherchant quelque chose d’’absolument certain, il va commencer par rejeter comme
faux tout ce qui peut paraître douteux.
« Parce qu’alors je désirais vaquer seulement à la recherche de la vérité, je pensais qu’il fallait […] que je
rejetasse comme absolument faux tout ce en quoi je pourrais imaginer le moindre doute, afin de voir s’il ne
resterait point après cela quelque chose […] qui fut entièrement indubitable.
»
Le doute de Descartes est provisoire et a pour but de trouver une certitude entière & irrécusable.
Or il est sûr que les sens nous trompent parfois.
Les illusions d’optique en témoignent assez.
Je dois donc rejeter
comme faux & illusoire tout ce que les sens me fournissent.
Le principe est aussi facile à comprendre que difficile
à admettre, car comment saurais-je alors que le monde existe, que les autres m’entourent, que j’ai un corps ? En
toute rigueur, je dois temporairement considérer tout cela comme faux.
A ceux qui prétendent que cette attitude est pure folie, Descartes réplique par l’argument du rêve.
Pendant que
je rêve, je suis persuadé que ce que je vois et sens est vrai & réel, et pourtant ce n’est qu’illusion.
Le sentiment
que j’ai pendant la veille que tout ce qui m’entoure est vrai & réel n’est donc pas une preuve suffisante de la.
»
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