Descartes: L'argument d'autorité est-il conforme à la raison ?
Extrait du document
«
On doit lire les livres des Anciens, du moment qu'il est fort avantageux pour nous
de pouvoir profiter des travaux d'un si grand nombre d'hommes, soit pour
connaître les inventions déjà faites autrefois avec succès, soit aussi pour être
informés de ce qu'il reste encore à trouver dans toutes les disciplines.
Cependant, il y a péril extrême de contracter peut-être quelques souillures
d'erreur en lisant ces livres trop attentivement, souillures qui s'attacheraient à
nous, quelles que soient nos résistances et nos précautions.
En effet, les
écrivains ont d'ordinaire un esprit tel que, toutes les fois qu'ils se laissent
entraîner par une crédulité irréfléchie à prendre dans une controverse une
position critique, ils s'efforcent toujours de nous y attirer par les plus subtils
arguments.
Au contraire, chaque fois qu'ils ont eu le bonheur de trouver quelque
chose de certain et évident, ils ne le montreraient jamais sans l'envelopper de
divers ambages, dans la crainte apparemment de diminuer par la simplicité de
leurs raisons le mérite de l'invention, ou bien parce qu'ils nous jalousent la
franche vérité.
Quand même ils seraient tous d'une noblesse et d'une franchise
extrêmes, ne nous faisant jamais avaler de choses douteuses pour vraies, mais
nous exposant tout de bonne foi, comme cependant à peine l'un avance-t-il une
idée qu'un autre ne présente la contraire, nous ne saurions jamais lequel des
deux croire.
Et il ne servirait de rien de compter les suffrages pour suivre
l'opinion garantie par le plus d'auteurs, car, s'il s'agit d'une question difficile, il
est plus croyable que la vérité a été découverte par un petit nombre plutôt que
par beaucoup.
Même si tous étaient d'accord, leur enseignement ne nous
suffirait pas : nous ne deviendrons jamais Mathématiciens, par exemple, bien que notre mémoire possède toutes les
démonstrations faites par d'autres, si notre esprit n'est pas capable de résoudre toute sorte de problèmes ; nous ne
deviendrons pas Philosophes, pour avoir lu tous les raisonnements de Platon et d'Aristote, sans pouvoir porter un
jugement solide sur ce qui nous est proposé.
Ainsi, en effet, nous semblerons avoir appris, non des sciences, mais des
histoires.
Descartes est l’un des plus grands philosophes français.
Son cogito est ainsi très célèbre.
Il cherche comment
atteindre la vérité et le doute hyperbolique qui l’amène au cogiti( je pense donc je suis) a pour objectif de rechercher
le premier fondement certain de la science philosophique.
Il s’est donc énormément attaché à donner des méthodes et
des règles pour bien penser et pour diriger son esprit.
Dans ce texte, le philosophe se penche sur les avantages et les
désavantages de la lecture.
La philosophie a une histoire et on peut se demander tel Hegel si on peut philosopher sans
connaître ce que les grands philosophes ont écrit.
De plus, nous parlons toujours des thèses des Anciens, parce
qu’elles forment une sorte d’un argument d’autorité.
Pourtant, doit-on prendre pour acquis ce qu’on dit les anciens
simplement parce qu’ils ont été repris ? Descartes semble s’opposer à cette thèse et il donne les raisons qui font que
les livres ne sont pas toujours avantageux.
Quelles qualités doit faire preuve un écrivain ? Descartes semble ici faire
une différence entre écrivain et philosophe.
Quelles différences peut-il y avoir ? Il s’agit aussi de savoir quelle attitude
adopter devant les livres et les avis des autres ? Peut-on avancer en philosophie ou en science simplement en lisant ?
L’apprentissage ne doit-il pas comporter un faire par soi-même que la lecture empêche ? le texte se découpe en
plusieurs parties : Descartes commence, dans la première phrase, par admettre que la lecture peut être bonne, puis de
« cependant » à « franche vérité », le philosophe expose sa première raison de se méfier de la lecture.
La dernière
partie donne un deuxième argument plus fort pour ne pas donner trop d’importance à la lecture.
Les effets de la lecture
- Nous l’avons dit, Descartes commence son texte par admettre que la lecture peut être bonne.
Il ne parle de cela que
dans une seule phrase.
En effet, la thèse selon laquelle il faut lire est assez répandue.
Mais on remarque que Descartes
ajoute une condition à la lecture.
Il affirme que l’on doit lire « du moment qu’il est fort avantageux ».
Ce qui signifie
qu’il ne s’agit pas de toute lire et de lire tout le temps.
La lecture n’est pas tout le temps une bonne chose.
Il faut
choisir ce que l’on lit.
Comment faire ce choix ? Descartes nous donne les raisons qui doivent sous-tendre notre lecture
et dans quel but elle doit se faire ?
La lecture peut nous faire apprendre tout ce qui a été découvert avant nous.
Beaucoup de philosophes ont réfléchi
avant nous.
Nous ne pouvons pas faire l’expérience de tout et réfléchir sur tous les problèmes.
La lecture peut nous
permettre de connaître les réflexions des autres.
Descartes évoque les inventions faites avant nous.
Il faut
comprendre en effet que sans le support écrit de nombreuses découvertes seraient perdues.
Le fait que l’on puisse
retranscrire par écrit les choses apprises permet une transmission des connaissances de générations en générations.
Ainsi, les inventions et le moyen de fabriquer des objets sont consignés et cela donne la possibilité de continuer à les
construire une fois que les inventeurs ont disparu.
De même, en prenant connaissance de ce qui s’est fait avant moi,
je ne cherche pas ce qui a déjà trouvé et je sais ce qu’il faut encore chercher.
- Pourtant, il introduit une réserve à ces avantages.
Ce qui est marqué par l’adverbe d’opposition « cependant ».
Le
fait de lire peut avoir des effets sur nous, pas simplement par l’apprentissage d’un contenu.
Le fait de lire
« attentivement » pourrait en effet entraîner des effets indésirables.
Il parle d’un « péril extrême », ce qui est un.
»
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