Descartes: Est-il nécessaire de douter pour connaître ?
Extrait du document
«
escartes : 1.
Que pour examiner la vérité il est besoin, une fois en sa vie, de mettre
toutes choses en doute, autant qu'il se peut.
Comme nous avons été enfants avant que d'être hommes, et que nous avons jugé tantôt
bien et tantôt mal des choses qui se sont présentées à nos sens, lorsque nous n'avions
pas encore l'usage entier de notre raison, plusieurs jugements ainsi précipités nous
empêchent de parvenir à la connaissance de la vérité, et nous préviennent de telle sorte
qu'il n'y a point d'apparence que nous puissions nous en délivrer, si nous n'entreprenons de
douter, une fois en notre vie, de toutes les choses où nous trouverons le moindre soupçon
d'incertitude.
2.
Qu'il est utile aussi de considérer comme fausses toutes les choses dont on peut douter.
Il sera même fort utile que nous rejetions comme fausses toutes celles où nous pouvons
imaginer le moindre doute, afin que, si nous en découvrons quelques-unes qui, nonobstant
cette précaution, nous semblent manifestement vraies, nous fassions état qu'elles sont
aussi très certaines, et les plus aisées qu'il est possible de connaître.
3.
Que nous ne devons point user de ce doute pour la conduite de nos actions.
Cependant il est à remarquer que je n'entends point que nous nous servions d'une façon de douter si générale, sinon
lorsque nous commençons à nous appliquer à la contemplation de la vérité.
Car il est certain qu'en ce qui regarde la
conduite de notre vie, nous sommes obligés de suivre bien souvent des opinions qui ne sont que vraisemblables, à
cause que les occasions d'agir en nos affaires se passeraient presque toujours, avant que nous pussions nous délivrer
de tous nos doutes.
Et lorsqu'il s'en rencontre plusieurs de telles sur un même sujet, encore que nous n'apercevions
peut-être pas davantage de vraisemblance aux unes qu'aux autres, si l'action ne souffre aucun délai, la raison veut
que nous en choisissions une, et qu'après l'avoir choisie, nous la suivions constamment, de même que si nous l'avions
jugée très certaine.
Avez-vous compris l'essentiel ?
1 Pourquoi douter de tout ?
2 La connaissance suffit-elle à me rendre certain ?
3 Le doute empêche-t-il d'agir ?
Réponses:
1 - Parce que nous grandissons et que notre capacité de raisonner grandit avec nous.
Nous apprenons alors nos
erreurs passées, et devons alors devenir méfiants de ce que nous apprenons.
2 - Non.
Connaître est une chose, mais être certain de ce que je sais en est une autre.
Sont certaines uniquement les
choses dont je ne peux pas douter.
3 - Oui.
Et cela tient à l'urgence inhérente à l'action, qui ne nous laisse jamais le temps de mettre en doute les
opinions que nous avons à mettre en pratique.
L'action doit s'en tenir à ce qui est vraisemblable et s'y tenir en dépit
du doute.
Descartes
1.
Que pour examiner la vérité il est besoin, une fois en sa vie, de mettre toutes choses en doute, autant qu'il se peut.
Comme nous avons été enfants avant que d'être hommes, et que nous avons jugé tantôt bien et tantôt mal des
choses qui se sont présentées à nos sens, lorsque nous n'avions pas encore l'usage entier de notre raison, plusieurs
jugements ainsi précipités nous empêchent de parvenir à la connaissance de la vérité, et nous préviennent de telle
sorte qu'il n'y a point d'apparence que nous puissions nous en délivrer, si nous n'entreprenons de douter, une fois en
notre vie, de toutes les choses où nous trouverons le moindre soupçon d'incertitude.
2.
Qu'il est utile aussi de
considérer comme fausses toutes les choses dont on peut douter.
Il sera même fort utile que nous rejetions comme
fausses toutes celles où nous pouvons imaginer le moindre doute, afin que, si nous en découvrons quelques-unes qui,
nonobstant cette précaution, nous semblent manifestement vraies, nous fassions état qu'elles sont aussi très
certaines, et les plus aisées qu'il est possible de connaître.
3.
Que nous ne devons point user de ce doute pour la
conduite de nos actions.
Cependant il est à remarquer que je n'entends point que nous nous servions d'une façon de
douter si générale, sinon lorsque nous commençons à nous appliquer à la contemplation de la vérité.
Car il est certain
qu'en ce qui regarde la conduite de notre vie, nous sommes obligés de suivre bien souvent des opinions qui ne sont
que vraisemblables, à cause que les occasions d'agir en nos affaires se passeraient presque toujours, avant que nous
pussions nous délivrer de tous nos doutes.
Et lorsqu'il s'en rencontre plusieurs de telles sur un même sujet, encore que
nous n'apercevions peut-être pas davantage de vraisemblance aux unes qu'aux autres, si l'action ne souffre aucun
délai, la raison veut que nous en choisissions une, et qu'après l'avoir choisie, nous la suivions constamment, de même
que si nous l'avions jugée très certaine..
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