Descartes: désir et liberté
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«
Il me semble que l'erreur qu'on commet le plus ordinairement touchant
les désirs est qu'on ne distingue pas assez les choses qui dépendent
entièrement de nous de celles qui n'en dépendent point: car, pour celles
qui ne dépendent que de nous, c'est-à-dire de notre libre arbitre, il suffit
de savoir qu'elles sont bonnes pour ne les pouvoir désirer avec trop
d'ardeur, à cause que c'est suivre la vertu que de faire les choses bonnes
qui dépendent de nous.
Et il est certain qu'on ne saurait avoir un désir trop ardent pour la vertu,
outre que ce que nous désirons en cette façon ne pouvant manquer de
nous réussir, puisque c'est de nous seuls qu'il dépend, nous en recevons
toujours toute la satisfaction que nous en avons attendue.
Mais la faute qu'on a coutume de commettre en ceci n'est jamais qu'on
désire trop, c'est seulement qu'on désire trop peu ; et le souverain
remède contre cela est de se délivrer l'esprit autant qu'il se peut de
toutes sortes d'autres désirs moins utiles, puis de tâcher de connaître
bien clairement et de considérer avec attention la bonté de ce qui est à
désirer.
DESCARTES
I - LES TERMES DU SUJET
Ce texte de DESCARTES fait apparaître deux registres : celui du désir et celui du savoir.
La réflexion cartésienne sur la vertu articule ces deux registres.
Cela est sensible au fait que, si DESCARTES commence
par pointer une erreur commune, c'est une faute non moins commune qu'il dénonce plus bas.
II - ANALYSE DU PROBLEME
Le problème est posé à partir de l'erreur et de la faute signalées par DESCARTES.
Le texte semble répondre à la
question suivante : la faute, relativement à la vertu, consiste-t-elle à trop désirer, à désirer trop
ardemment ? La vertu consiste-t-elle par conséquent en une simple limitation, ou modération, de nos désirs ?
La réflexion de DESCARTES contribue à déplacer la problématique morale de telle manière que la nécessité de la
connaissance se substitue à celle de la modération.
Le problème est donc, pour DESCARTES, de savoir comment la connaissance intervient dans la constitution de la vertu
: le savoir est-il déterminant, comme le pensait PLATON ?
III - LES GRANDES LIGNES DE REFLEXION
Nous ferons d'abord l'explication du texte, puis nous le restituerons dans sa problématique.
Cela dit, un tel plan ne présente aucun caractère obligatoire.
L'intérêt du texte pouvait être dégagé au cours même de
son explication.
IV - UNE DEMARCHE POSSIBLE
A - EXPLICATION
DESCARTES commence par souligner une erreur.
Cette erreur le conduit à faire une distinction entre les choses qui
dépendent de nous et celles qui n'en dépendent pas.
Cette distinction, d'origine stoïcienne, n'a pas rang de principe, mais plutôt de moyen.
Les choses qui dépendent de
nous sont celles qui relèvent de notre pouvoir propre de connaître, et de nous déterminer en fonction de nos
connaissances, ce que DESCARTES nomme libre-arbitre.
DESCARTES ré élabore la distinction des stoïciens pour en tirer la conséquence suivante : on ne saurait désirer trop ce
que l'on sait être un bien..
»
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