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DESCARTES

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Il me semble que l'erreur que l'on commet le plus ordinairement touchant les désirs est qu'on ne distingue pas assez les choses qui dépendent entièrement de nous de celles qui n'en dépendent point : car, pour celles qui ne dépendent que de nous, c'est-à-dire de notre libre arbitre, il suffit de savoir qu'elles sont bonnes pour ne les pouvoir désirer avec trop d'ardeur, à cause que c'est suivre la vertu que de faire les choses bonnes qui dépendent de nous, et il est certain qu'on ne saurait avoir un désir trop ardent pour la vertu, outre que ce que nous désirons en cette façon ne pouvant manquer de nous réussir, puisque c'est de nous seuls qu'il dépend, nous en recevons toujours toute la satisfaction que nous en avons attendue. Mais la faute qu'on a coutume de commettre en ceci n'est jamais qu'on désire trop, c'est seulement qu'on désire trop peu ; et le souverain remède contre cela est de se délivrer l'esprit autant qu'il se peut de toutes sortes d'autres désirs moins utiles, puis de tâcher de connaître bien clairement et de considérer avec attention la bonté de ce qui est à désirer. DESCARTES

« Il me semble que l'erreur que l'on commet le plus ordinairement touchant les désirs est qu'on ne distingue pas assez les choses qui dépendent entièrement de nous de celles qui n'en dépendent point : car, pour celles qui ne dépendent que de nous, c'est-à-dire de notre libre arbitre, il suffit de savoir qu'elles sont bonnes pour ne les pouvoir désirer avec trop d'ardeur, à cause que c'est suivre la vertu que de faire les choses bonnes qui dépendent de nous, et il est certain qu'on ne saurait avoir un désir trop ardent pour la vertu, outre que ce que nous désirons en cette façon ne pouvant manquer de nous réussir, puisque c'est de nous seuls qu'il dépend, nous en recevons toujours toute la satisfaction que nous en avons attendue.

Mais la faute qu'on a coutume de commettre en ceci n'est jamais qu'on désire trop, c'est seulement qu'on désire trop peu ; et le souverain remède contre cela est de se délivrer l'esprit autant qu'il se peut de toutes sortes d'autres désirs moins utiles, puis de tâcher de connaître bien clairement et de considérer avec attention la bonté de ce qui est à désirer. LES DIFFICULTÉS DU TEXTE * La principale difficulté (parmi bien d'autres...) est de bien saisir la construction de ce texte.

La répétition des mêmes tournures, la longueur des phrases ne doivent pas cacher la rigueur de l'argumentation. LES TERMES À RETENIR * Reviennent plusieurs fois dans le texte les termes et tournures suivants : "désir" (6 fois) en comptant les formes verbales, "ce qui dépend de nous" (5 fois), "l'erreur qu'on commet ordinairement" (avec "la faute qu'on a coutume de commettre"), "les choses bonnes" (3 fois) en comptant un équivalent et le terme de "bonté", enfin la "vertu" (2 fois). * Les termes que l'on devra expliquer soit par des connaissances externes, soit en s'aidant du texte lui-même sont les suivants : "les désirs", "ce qui dépend de nous", "libre arbitre", "vertu", "choses bonnes", "satisfaction", "connaître bien clairement". * Les formules logiques qui impliquent un raisonnement doivent également être soulignées : " car ", "à cause que", "et il est certain que", "outre que", "puisque ", tout cela pour le seul membre de phrase commençant par" car...

" ! On ajoutera le "mais" qui commence la dernière phrase, la rupture qu'impliquent le point-virgule et le "et", enfin le " puis ". LA CONCLUSION DU TEXTE * Il s'agit de montrer que l'excès du désir n'est pas condamnable en soi, et n'est pas contraire à la conduite droite.

Cette conclusion occupe le début de la dernière phrase du texte.

Le thème du texte est donc le désir, et la thèse consiste dans la réfutation d'une erreur, qui consiste à croire qu'il ne faut pas désirer trop, mais demeurer modéré en toutes choses. LA STRUCTURE DU TEXTE * Le procédé qui permet à l'auteur de réfuter la thèse adverse réside essentiellement dans une distinction des objets du désir.

L'argumentation suit cet ordre implicite, qui n'est pas celui du texte : certains pensent que l'excès du désir est contraire à la bonne conduite. Mais cette thèse est fausse, dès lors que l'on distingue les objets du désir. En effet, certains objets ne peuvent être trop désirés, et ce désir excessif est même une condition de la bonne conduite. Par conséquent, pour bien se conduire, il faut dissiper la confusion des objets du désir.

Nous présentons ce raisonnement ainsi pour plus de clarté, mais le texte suit un ordre un peu différent, sur lequel nous bâtirons le commentaire. CORRIGÉ (développement et conclusion rédigés) 1.

On croit ordinairement qu'il n'y a qu'un seul désir, c'est une erreur qu'il faut dissiper ("Il me semble ...

n'en dépendent point") Nous mettons volontiers le désir au singulier, pour désigner une certaine tendance à s'approprier les choses ou les personnes, et qui peut être satisfaite ou non.

La satisfaction est alors assimilée au plaisir ou au bonheur : si une attente ou un désir sont déçus, nous sommes malheureux.

Aussi le lien s'établit entre désir et bonheur : un. »

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