Des goûts et des couleurs, on ne discute pas ?
Extrait du document
«
Approche du sujet:
* Goûts: appréciation purement esthétique d'une chose: une chose me plaît ou non par le biais de la sensibilité.
* Discuter: aspect extérieur.
Acte d'échange de paroles et d'arguments, en soumettant à autrui opinions, idées,
goûts...
Lorsqu'il s'agit du beau et de l'art, l'opinion oscille souvent entre deux attitudes contradictoires.
Tantôt on souligne
la relativité des jugements qui s'y rapportent, celle des « goûts et des couleurs «, en s'en remettant à la
subjectivité de chacun.
Tantôt, au contraire, on se rapporte à un étalon ou à une mesure objective, qui se
trouverait dans la connaissance des experts ou des artistes officiels, pour décider de ce qui est beau ou non,
artistique ou pas.
Cette hésitation fait ressortir les ambiguïtés liées au thème de la reconnaissance, au problème de savoir comment
on peut reconnaître la beauté et l'art – en particulier la question de savoir s'ils entretiennent un quelconque rapport
avec la raison.
Problématique:
• Les goûts sont-ils d'une nature telle qu'aucune discussion sur eux n'est possible?
• "On ne discute pas": les goûts ne peuvent pas être l'enjeu d'une discussion rationnelle, et, partant qu'on ne peut
pas se mettre d'accord sur eux?
• Les goûts sont-ils intrinsèquement indiscutables? En va-t-il de ce que nous jugeons beau comme de ce qui nous
plaît simplement?
Introduction:
• Sentence qui clôt par avance toute tentative de conciliation entre les goûts des hommes: "Des goûts et des
couleurs, on ne discute pas".
Il n'y aurait donc qu'à constater les irréductibles différences de goûts sans espérer
jamais qu'un jour les hommes puissent s'entendre sur ce qui leur plaît.
• Certains aiment l'opéra, d'autres, non.
En discuter ne servirait à rien.
Doit-on pourtant en rester là? Ce serait
oublier qu'en même temps, rien ne fait peut-être plus parler que le jugement de goûts.
Partie 1: La différence des goûts.
• Les goûts varient d'une personne à l'autre, selon les époques différentes.
Irréductible diversité que rien ne semble
pouvoir résoudre.
• Si le goûts sont la chose du monde la moins partagées.
Ils nous sont ce qu'il y a de plus intime, de moins
partageables.
Le goût est critiqué.
Nous ne nous lassons pas de critiquer le mauvais goût des autres: le goût est
presque toujours le dégoût des autres (Bourdieu).
• Les goûts sont affaire de la sensibilité et par conséquent sont l'expérience la plus directe de la subjectivité.
Et ce
avant toute réflexion.
Parfois ils nous trahissent.
• Discuter des goûts = dialogue platonicien (raison et arguments).
• On chercherait en vain des principes d'une telle cohérence dans la sensibilité.
• "Celui-ci aime le son des instruments à vent, celui-là aime les instruments à cordes.
Ce serait folie que de discuter
à ce propos, afin de réputer erroné le jugement d'autrui, qui diffère du nôtre, comme s'il lui était logiquement
opposé; le principe: 'A chacun son goût' (s'agissant des sens) est un principe valable pour tout ce qui est agréable"
(Kant in CFJ).
En ce qui concerne l'agréable, chacun consent à ce que son jugement
fondé sur un sentiment particulier et par lequel il affirme qu'un objet lui
plaît, soit restreint à une seule personne.
Il admet donc quand il dit: le
vin des Canaries est agréable, qu'un autre corrige l'expression et lui
rappelle qu'il doit dire : il m'est agréable ; il en est ainsi non seulement
pour le goût de la langue, du palais et du gosier, mais aussi pour ce qui
plaît aux yeux et aux oreilles de chacun (...).
Il en va tout autrement
du beau.
Ce serait ridicule, si quelqu'un se piquant de bon goût, pensait
s'en justifier en disant : cet objet (l'édifice que nous voyons, le concert
que nous entendons, le poème que l'on soumet à notre appréciation)
est beau pour moi.
Car il ne doit pas appeler beau ce qui ne plaît qu'à
lui.
Beaucoup de choses peuvent avoir pour lui du charme et de
l'agrément, il n'importe ; mais quand il dit d'une chose qu'elle est belle,
il attribue aux autres la même satisfaction ; il ne juge pas seulement
pour lui, mais au nom de tous et parle alors de la beauté comme d'une
propriété des objets ; il dit donc que la chose est belle et ne compte
pas pour son jugement de satisfaction sur l'adhésion des autres parce
qu'il a constaté qu'à diverses reprises leur jugement était d'accord
avec le sien, mais il exige cette adhésion.
Il les blâme s'ils en jugent
autrement, il leur refuse d'avoir du goût et il demande pourtant qu'ils
en aient; et ainsi on ne peut pas dire que chacun ait son goût
particulier.
Cela reviendrait à dire : le goût n'existe pas, c'est-à-dire le.
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