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Démontrer, est-ce persuader ?

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« DIRECTION DE RECHERCHE • Peut-on opposer persuader et démontrer selon les caractéristiques suivantes? — Persuader relèverait de mise en œuvre d'opérations qui ne s'adresseraient pas uniquement à la raison, mais aussi à la sensibilité, au désir, à des puissances personnelles. — Démontrer relèverait uniquement de la raison, provoquerait un assentiment nécessaire quelle que soit la personne à qui est adressée la démonstration (pourvu qu'elle la comprenne). • Démontrer relève-t-il effectivement de l'impersonnel? Les exigences de la démonstration s'imposent-elles nécessairement ? Peut-on démontrer la légitimité de la valeur de la démonstration elle-même? (Cf.

la problématique nietzschéenne) — Tenter de démontrer les principes mêmes de la démonstration ne serait-ce pas tomber dans la grave faute (précisément logique!) de « la pétition de principe » (puisque l'on devrait mettre en œuvre dans la démonstration ce qui est précisément à démontrer)? — Volonté de puissance, tome I, I.

I, § 114 : « Est vrai, ce qui peut être démontré »...

« C'est une définition arbitraire du mot « vrai », elle ne peut pas se démontrer.

C'est comme si on disait simplement : « Cela doit passer pour vrai, cela doit s'appeler le vrai...

L'arrièrepensée, c'est que cette appréciation du concept du « vrai » est utile; car le démontrable fait appel à ce qu'il y a de plus commun dans les cerveaux, à la logique.

Aussi n'est-ce naturellement rien de plus qu'une norme utilitaire dans l'intérêt du plus grand nombre.

» — Voir le texte de Nietzsche donné à Strasbourg (Séries C et D). — « Si le principe de contradiction est, selon Aristote, le plus sûr de tous les principes, s'il est le dernier et le plus fondamental, celui où se ramènent toutes les démonstrations, s'il porte en lui le principe de tous les autres axiomes, on devrait tenir un compte d'autant plus rigoureux de ce qu'il présuppose déjà d'affirmations, au fond.

Ou bien il consiste à affirmer une autre chose au sujet de ce qui est véritable, de l'être, comme si l'on en avait d'autre part une connaissance préalable — je veux dire comme si l'on savait qu'on ne peut pas prêter à l'être des attributs contradictoires ou bien ce principe signifie qu'on ne doit pas lui prêter des attributs contradictoires.

La logique, en ce cas, serait un impératif, destiné non à nous mener à la connaissance du vrai, mais à définir, à combiner un univers que nous avons le devoir de tenir pour vrai.

» Extrait de : La Volonté de puissance, tome I, 1.

I, § 115. • Consulter La Généalogie de la morale de Nietzsche. Penser par soi-même Suffit-il de démontrer une idée pour que toute autre personne la reconnaisse nécessairement comme vraie ? En théorie, cela devrait être le cas : la démonstration expose un cheminement contraignant, aboutissant à une conclusion nécessaire, c'est-à-dire qui ne peut être autre qu'elle n'est.

En conséquence, quelle que soit la personne qui fait la démonstration, le cheminement reste le même, et tout homme peut et doit le reproduire en lui.

Toute démonstration est ainsi une invitation à penser par soi- même.

En ce sens, la démonstration est le contraire d'un argument d'autorité, dans lequel on tire argument de l'autorité de la personne qui parle pour prouver la vérité de ce qu'il dit (« c'est vrai, parce que c'est lui qui le dit ! »). Querelles et controverses Pourtant, le cheminement de la démonstration est parfois difficile à suivre.

Ses conclusions choquent le sens commun, le doute persiste.

Il existe de même des querelles et des controverses entre philosophes qui montrent qu'il ne suffit pas de démontrer une idée pour que tous s'accordent.

Et ces querelles sont si nombreuses qu'elles semblent même être la règle, au point de douter des pouvoirs de la raison.. »

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