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Démontre-t-on pour convaincre ou pour établir une vérité ?

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« POUR DÉMARRER Établit-on des raisonnements n'ayant rien de vicieux dans la forme et prenant leur origine dans des prémisses vraies pour conduire autrui à acquiescer, de manière rationnelle, au vrai ou pour établir ce qui est réellement, de manière objective ? Un sujet un peu paradoxal en apparence, car il ne semble pas raisonnable d'entreprendre de convaincre quelqu'un si l'on n'est pas certain qu'il s'agit d'une vérité. CONSEILS PRATIQUES Un sujet subtil pour lequel vous réfléchirez sur la conviction (avec assentiment affranchi de raisons subjectives, à la différence de la persuasion).

Faites un plan par thèse, antithèse, synthèse, où vous montrez l'aspect synthétique de toute démonstration. BIBLIOGRAPHIE KA NT, Logique, Introduction, V rin. P A SC A L, De l'esprit géométrique, in Pensées et opuscules, Hachette. Démontrer est l'acte par lequel nous scientifique. procédons à une démonstration, c'est-à-dire, l'acte par lequel nous prouvons la vérité d'un fait, d'une donnée C onvaincre est une finalité que nous attribuons à notre discours : il s'agit de la volonté et de l'effort pour conformer l'opinion d'autrui à la notre.

Nous prétendons y arriver à la fois par le moyen de la vérité, et avec l'aide d'artifices oratoires comme la force de conviction de notre voix ou la manière d'organiser notre discours (rhétorique).

La finalité de l'acte de convaincre est d'emporter l‘adhésion d'autrui sur des bases rationnelles (contrairement à la persuasion, qui, elle, se satisfait de moyens faisant appel aux sens de l'interlocuteur). Etablir une vérité consiste à produire une vérité durable qui échappera à la loi du temps et se maintiendra toujours.

La finalité de cette action ne réside pas dans le présent (contrairement à l'acte de convaincre, qui vise un individu ou plusieurs, mais à un moment précis) mais plutôt dans l'avenir : il s'agit d'énoncer quelque chose dont le caractère de vérité soit durable. Nous nous demanderons donc si la finalité de la démonstration est l'établissement d'une vérité pérenne ou la production d'une adhésion momentanée chez autrui. I. a. La finalité de la démonstration est uniquement l'établissement de la vérité Démontrer pour établir une vérité durable A première vue, la première et véritable finalité de cette activité de l'esprit qui traite un problème pour lui donner une solution véridique, la démonstration, est bien d'établir une vérité qui soit durable et reproductible, une vérité accessible à tous.

En effet, le propre d'une démonstration est de pouvoir être reproduite par tout un chacun : pensons au théorème de Thalès, qui établit une vérité que nous pouvons tous nous approprier.

O n démontre donc pour établir et faire partager une vérité. b. Démontrer pour faire appel à la raison et non aux sens Il semble que l'on démontre pour établir une vérité, et non pour convaincre autrui.

C onvaincre, c'est faire en sorte d'emporter l'adhésion de quelqu'un en faisant appel à sa raison, certes, mais également d'arguments d'autorité: le but de l'acte de convaincre est de rallier l'autre à son propre avis, plutôt que de lui faire partager une vérité.

C ertes, la vérité est le moyen le plus généralement retenu, car elle a une vertu persuasive inégalée : on convainc mieux quelqu'un en lui disant quelque chose de vrai, ou qui à le caractère du vrai (vraisemblable) qu'en pariant de lui faire accroire des choses inexactes.

M ais ce n'est justement qu'à titre de moyen, et non en vertu d'une révérence due à la vérité, qu'on emploie celle-ci pour convaincre.

La démonstration, elle, ne s'occupe que ‘établir une vérité. II. Mais la démonstration s'avère incapable d'établir une vérité durable… Toute démonstration est soumise à la réfutation C ependant, nous nous demanderons si la démonstration est bel et bien capable de produire un discours visant à établir une vérité d'ordre scientifique.

En effet, la vérité des sciences est elle-même problématique, et, plus précisément, fluctuante et toujours susceptible d'être remise en question.

Pour Karl Popper, une hypothèse scientifique n'en est une que si elle est réfutable : tant que les résultats des tests expérimentaux sont conformes aux prédictions de la théorie, on dit que celle-ci est corroborée par l'expérience.

Dans le cas inverse, elle est falsifiée par l'expérience.

Est scientifique tout ce qui peut être falsifié.

À la lumière de cette théorie, nous pouvons donc dire que l'effort de démonstration peut paraître inutile, dans la mesure où il n'établit pas une vérité pérenne, mais une vérité soumise à la réfutation. Toute démonstration est soumise à la possibilité d'un changement de l'ordre de la nature La thèse de Popper repose sur le problème de la causalité tel qu'il est exposé par Hume dans l'Enquête sur l'entendement humain.

P our ce philosophe, la causalité n'est pas une loi inaltérable régissant les phénomènes, mais une simple régularité à l'œuvre dans la succession de ces derniers.

Nous ignorons toujours si l'ordre actuel du monde ne va pas changer.

Nous n'avons donc devant nous que des récurrences causales, non des enchainements réglés par une loi inaltérable.

P ar conséquent, une démonstration est incapable d'établir une vérité durable : nous pouvons toujours établir une vérité actuellement valable, pour un temps donné dont nous ne connaissons pas à l'avance la durée. III. On ne démontre pas pour convaincre, mais la conviction est le seul effet véritable que peut produire une démonstration Démontrer pour convaincre est un détournement de la fonction démonstrative C ertes, il semble que la démonstration qui se donne pour but la conviction d'autrui est une démonstration falsifiée, travestie, qui trahit sa finalité propre.

En effet, démontrer suppose de plier son discours aux seules normes du vrai, à le conformer à la logique ; lorsque nous voulons convaincre en démontrant, nous perdons de vue cette attention scrupuleuse à la vérité et à la logique pour nous soucier de l'effet produit sur notre interlocuteur, pour chercher à emporter une adhésion raisonnée, certes, mais qui ne nous écarte pas moins de la finalité propre de la démonstration. La conviction d'autrui, à un moment donné, s'avère la seule fonction de la démonstration Mais dans la mesure où nous avons montré dans la précédente partie (II,b) qu'il était possible que les lois régissant actuellement notre monde se modifient, qu'il était possible que ce que nous prenons pour un ordre inaltérable ne soit qu'un agencement conjoncturel, alors nous dirons que la conviction d'autrui devient la seule fonction de la démonstration.

En effet, par la démonstration nous emportons la conviction d'autrui en rendant raison d'un problème donné dans l'ordre actuel du monde ; mais établir durablement la vérité, nous ne le pouvons pas. Conclusion : A première vue, l'unique finalité de la démonstration est d'établir une vérité.

Mais dans la mesure où la démonstration ne s'avère pas capable d'établir une vérité durable, mais uniquement de dire le vrai à un moment donné, pour un ordre transitoire du monde, alors la conviction d'autrui s'avère la seule finalité possible de la démonstration.. »

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