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De tout ce que je suis ou ce que je possède,que puis-je considérer comme véritablement à moi ?

Extrait du document

« Définitions: MOI (n.

m.) 1.

— Désigne le sujet en tant qu'il se pense lui-même.

2.

— Idée que se fait de lui-même un individu quelconque.

3.

— (Psychan.) Instance de la seconde topique freudienne (opposé au ça et au surmoi), le moi (das Ich) dépend des revendications du ça et des impératifs du surmoi ; il apparaît comme un facteur de liaison des processus psychiques et représente le pôle défensif de la personnalité. Il me semble évident qu'ayant une dignité, je ne puisse appartenir à personne.

Mais apparemment c'est chose possible, comme nous le montre l'exemple historique de l'esclave appartenant à son maître. Si alors le plus évident des droits de possession - à savoir la possession de soi-même - peut ne pas être, qu'en estil des possessions que je reléguais à une place moins importante ? Est-ce qu'il n'y a rien parmi tout ce que je suis ou tout ce que je possède et peux posséder qui ne soit ou ne sera véritablement à moi? Et d'ailleurs, quels critères sont valables pour déterminer ce qui est véritablement à moi ? Ne faudra-t-il pas faire des distinctions? Il semble tout de même que beaucoup de choses soient à moi.

Ainsi, les biens matériels qui sont en ma possession sont évidemment à moi.

Ils ne sont à personne d'autre, ou ce qui n'est à aucun autre est à moi.

Si je les acquiers par le travail, ils sont à moi grâce à moi.

Ainsi il en est de même pour ce que j'achète ou ce qu'on me donne. D'ailleurs, ce qui est à moi s'imprègne de moi, de mes souvenirs et de ce que je leur associe comme sentiments.

Il serait absurde de dire que quelqu'un d'autre possède quelque chose qui ne signifie rien pour lui.

Ainsi si quelqu'un s'empare de mes lettres ou de mon journal intime, il est indéniable que ces objets sont encore à moi. Mais ce que l'on vient de dire signifie que possession matérielle ne veut pas forcément dire possession véritable. «Véritablement» n'était donc pas à prendre au sens de réellement c'est-à-dire présent dans la réalité, c'est-à-dire matériel.

Bien plus, je ne suis pas que matérialité car ce serait quelque part nier mon humanité et mon aspiration aux valeurs sentimentales ou morales.

Il y a donc ces autres valeurs, qui ne sont pas matérielles et dont je bénéficie, qui sont également en quelque sorte « à moi ».

Il en est ainsi pour les liens du sang.

C'est une valeur à prendre en compte car l'expression « c'est mon enfant » signifie bien qu'il n'est à personne d'autre et que quand bien même on me l'arracherait, il serait encore mon enfant.

On voit ici que les valeurs sentimentales dépassent celles matérielles car ce qui peut être en la possession des autres peut être à moi véritablement au sens d'originairement. Ainsi l'amour ou l'amitié qu'on me donne sont à moi quand bien même ces biens sont impalpables.

Ils sont à moi car en direction de moi et seulement de moi (dans le cas d'un amour sincère par exemple) et le sont véritablement au sens de sincèrement Il faut également prendre en compte les choses qui sont à moi car personnelles.

Par exemple, mes opinions, mon avis (Cf.

l'analyse d'Epictète ci-dessous) ; quand bien même ils ressembleraient ou s'accorderaient parfaitement avec ceux d'une autre personne, ils proviennent de moi et de ma réflexion personnelle.

Il en est de même pour mes jugements, car l'avis que je me fais sur les choses est personnel.

Ainsi naissent mon goût et mon attitude face à l'esthétique.

Ici, que ce soit mon opinion, mon avis ou mon jugement ces choses sont à moi car légitimement à moi. Citation «Il y a des choses qui dépendent de nous; il y en a d'autres qui n'en dépendent pas.

Ce qui dépend de nous, ce sont nos jugements, nos tendances, nos désirs, nos aversions; en un mot, toutes les oeuvres qui nous appartiennent.

Ce qui ne dépend pas de nous, c'est notre corps, c'est la richesse, la célébrité, le pouvoir; en un mot, toutes les oeuvres qui ne nous appartiennent pas.

» (Manuel, I, 1.) Explication Cette phrase, qui est la phrase d'ouverture du Manuel d'Épictète, est sans doute la plus célèbre du stoïcisme, dont elle résume de manière extrêmement synthétique la doctrine.

La distinction entre ce qui dépend de nous et ce qui ne dépend pas de nous est la première distinction que doit apprendre à faire celui qui veut devenir sage et atteindre l'ataraxie (absence de trouble de l'âme).

Ce qui dépend de nous, ce sont nos propres représentations [voir Sénèque].

Il nous faut apprendre à les trier pour voir celles qui correspondent à des réalités, et celles qui ne sont que des fantasmes.

Ce qui ne dépend pas de nous, ce sont les choses du monde extérieur, contingentes, changeantes, sur lesquelles nous n'avons pas de prise.

Comme nous n'avons pas de prise sur elles, nous devons réciproquement nous défaire de l'idée qu'elles peuvent avoir une importance pour nous.

La morale stoïcienne est une morale du réalisme.

Le sage doit reconnaître ce qui est réel, et s'en tenir là.

Les illusions véhiculées par nos peurs et nos espoirs fous doivent être abandonnées, car ce sont elles qui nous plongent dans un trouble permanent. La phrase d'Épictète nous donne un exemple de morale rationnelle classique [voir aussi Épicure], sans recours à une tradition religieuse.

C'est la reconnaissance de la nécessité des événements, c'est-à-dire de leur caractère rationnel, qui doit permettre de surmonter la peine ou les faux espoirs qu'il crée.

La mort de quelqu'un que l'on aime, par exemple, devient surmontable (pour les stoïciens) à partir du moment où l'on reconnaît le caractère nécessaire de la mort pour tout être vivant, et la brièveté de la vie humaine en général au regard de l'éternité. Il ne faut pas assimiler le stoïcisme avec un simple fatalisme: pour le fataliste, rien ne compte, parce que rien ne dépend de nous.

Les stoïciens font bien le partage entre ce qui ne dépend pas de nous et ce qui dépend de nous: dire que la vie est brève et que la mort ne doit pas nous affecter ne veut pas dire que la vie ne vaut rien.

L'homme, en tant qu'être rationnel, (et le sage en particulier, qui accède pleinement à sa propre rationalité) a une dignité plus grande que n'importe quel être.

Les stoïciens ne disent pas que la vie ne vaut rien, ils essayent au contraire de montrer à quelles conditions la vie prend toute sa valeur.. »

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