De quoi puis-je être absolument certain ? (notions concernées : la vérité, la raison, le sujet, la conscience)
Publié le 02/03/2024
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De quoi puis-je être absolument certain ?
(notions concernées : la vérité, la raison, le sujet, la conscience)
Construction progressive de la problématique (et rappels de conseils
méthodologiques) :
Assurez-vous d’avoir compris l’intitulé du sujet en vous interrogeant sur ce qu’il
signifie au juste , ce qui suppose de faire preuve de précision et de rigueur dans la
définition des termes essentiels du sujet.
Le travail (préalable, dans votre brouillon)
d’analyse des termes doit toujours se faire en même temps qu’un travail de
synthèse :
C’est toujours en rapport avec un tout (l’intitulé du sujet, et, donc, la
problématique qu’il pose et suppose) que votre travail d’analyse de chacun des
termes clés du sujet doit, en effet, se faire.
Ici, par exemple, il ne s’agit pas de
« disserter » sur les notions générales d’absolu, de certitude (etc) , mais de réfléchir
sur le sens de ces notions lorsqu’elles sont mises ensemble, à l’intérieur d’une
problématique que, du coup, vous allez peu à peu mieux cerner.
Ici, pour
reprendre notre question initialement posée, il s’agit de se demander en quoi
l’alliance des mots « absolument » et « je » ne va pas du tout de soi ; en quoi ces 2
notions (d’absolu d’une part, de subjectivité, et toute la partialité et la relativité
qu’implique cette notion de subjectivité) , mises et tenues ensemble (exigence
d’absolu –« absolument certain »- pour ce qui, justement, est toujours pris dans une
relation , le sujet – « je »-) vont poser problème.
A retenir : A partir du moment où vous comprenez et faites comprendre (à votre
lecteur) que l’intitulé de la question posée [ainsi que la/les réponse(s) possible(s)]
est (sont) loin d’être évident(s), vous avez déjà commencé à problématiser le
sujet (une des premières choses, et l’une de choses essentielles qu’on attend de
vous).
Ici, par exemple : Comment le sujet qui, quoi qu’il fasse, sera toujours dans une
approche relative et partielle de ce dont il chercherait à être « certain » (la réalité,
ainsi que ce qu’on peut dire de cette réalité) , pourrait, au cœur même de cette
relativité et de cette partialité, atteindre quelque chose d’ « absolu » ?
Du coup, vous pouvez aller un peu plus loin dans la construction de la problématique
jusqu’à vous interroger sur la manière dont est formulée la question :
Comment moi qui, en tant que sujet (le « je » de la question) , suis toujours dans la
relation et le relatif, puis-je me poser une question sur ce qui , par définition même ,
m’échappe : l’absolu ?
Comment une telle exigence d’absolue certitude peut-elle émaner d’un sujet en
tant que tel, c’est-à-dire toujours déjà empreint de subjectivité, « englué » dans sa 2
subjectivité ?
Puis-je vraiment m’interroger sur ce que je ne parviens même pas à pleinement
comprendre et concevoir ?
Et même, puis-je vraiment vouloir ce que je ne peux cependant pas comprendre ?
En resserrant ainsi votre travail d’approche du sujet, vous êtes aussi, du coup,
amené peu à peu à vous interroger sur ce que présuppose l’intitulé du sujet :
Cette quête de certitude absolue suppose, déjà, d’avoir échoué dans cette quête, et
d’avoir pris conscience et de cet échec, et de la nécessité de cet échec : En tant que
sujet, c’est surtout de l’incertitude dont j’ai pu faire l’expérience ; de l’incertitude,
ainsi que de la partialité et de la relativité de l’objet de ma perception, de mon
jugement, de ma croyance.
Et pourtant, je persiste à me poser la question de la certitude absolue, je persiste à
viser cette certitude et à la vouloir.
Cela signifie aussi que je m’interroge sur la manière dont l’on peut définir la
vérité :
La vérité est-elle objet d’expérience réellement possible ?
Puis-je jamais atteindre cette vérité ?
La vérité existe-t-elle en soi (de manière absolue, transcendantale indépendamment
de tout sujet, réel ou possible) , ou, au contraire, n’existe-t-elle que par rapport à un
esprit (conception de la vérité comme immanente à une réalité toujours déjà
comprise par un sujet) ?
La réalité a-t-elle un sens en elle-même, indépendamment d’un esprit qui la perçoit et
indépendamment de la manière dont il la perçoit ? Ou, au contraire, la question du
sens ne se pose-t-elle pas toujours déjà pour un sujet pensant, et seulement pour un
sujet pensant ?
Déplacement de la question :
De « De quoi puis-être absolument certain ? » , l’on passe, peu à peu, à « Pourquoi
vouloir être absolument certain de quelque chose ? » , « Pourquoi vouloir absolument
atteindre cette certitude absolue ? ».
Cela ouvre le sujet et étoffe quelque peu son intérêt, ses enjeux et son envergure :
Ma quête de certitude absolue reposerait donc sur ce qui relève du désir, et du désir
d’action et de pouvoir sur quelque chose et/ou quelqu’un.
Faute de pouvoir
atteindre, un jour, l’absolue certitude, demandons-nous pourquoi nous voulons
l’atteindre ? D’où vient ce désir (qu’y a-t-il en amont d’une telle quête) , et que
signifie un tel désir (quelles sont ses fins, quelle est sa finalité, sa raison d’être ?) .
Ce désir d’absolu, faute d’avoir un objet possible, aurait, alors, une valeur pratique :
Ce désir ne serait-il pas celui d’un sens qui vienne justifier notre existence et nos
actes ? Nous ne sommes plus, alors, dans le registre de la vérité, mais dans celui
de la valeur : ce qui est en jeu dans ce sujet, finalement, s’avérerait être non pas
tant ce que nous pouvons connaître que ce que nous pouvons faire, non pas tant
ce que nous savons que ce que nous croyons.
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En vous interrogeant sur le réel enjeu de la question qui vous est posée, vous
pouvez, ainsi, saisir le sujet dans toute sa dimension (une dimension sous-jacente
à l’intitulé, que cet intitulé implique, mais qui n’est pas visible de manière
évidente et immédiate –pour la voir, il faut, justement, réfléchir sur la question
posée et, au fur et à mesure que vous y réfléchissez, construire votre
problématique) :
Ici, concevoir le rapport à la vérité comme un rapport, non pas seulement théorique,
mais aussi, pratique ; cette quête d’absolue certitude reposerait sur un désir d’action
et de puissance : désirer « avoir raison », et avoir raison sur les autres, contre les
autres, voire, au détriment des autres.
Faute de connaître, avec une certitude absolue,
la réalité, nous agissons sur elle, comme, aussi, nous agissons sur les autres (et/ou ils
agissent sur nous).
La vérité pourrait bien devenir, ce faisant, non plus tant l’objet
exclusif d’un désir soi-disant « désintéressé », mais, en réalité, l’objet d’une
croyance, d’un « credo », lesquels justifieraient rétroactivement nos actes.
Introduire le sujet (et, aussi, introduire au sujet).
Introduire le sujet, c’est, d’abord, mettre en lumière la pertinence et la légitimité de la
question qui vous est posée.
Pour cela, vous pouvez amener progressivement la
question posée, non pas en posant d’emblée celle-ci, mais en l’introduisant par une
médiation : partir, notamment, d’un exemple précis à partir duquel vous allez
amener à une problématique déterminée ; ici, par exemple, l’on peut partir de
l’expérience que l’on a tous faite, tôt ou tard, de la croyance de détenir une vérité
dont on se sent absolument certain : En tant qu’être vivant, il appartient à notre
essence d’être mortel ; c’est indéniable, l’être humain, comme tout être vivant, est
mortel.
Cependant, puis-je, à partir de cela, affirmer catégoriquement (=sans aucune espèce
de doute, de réserve, ou de risque de me tromper) qu’absolument aucune autre forme
(matérielle, ou immatérielle) de vie n’est possible ? De cela, je n’en sais rien,
absolument parlant, et je ne peux absolument pas en savoir quoi que ce soit car, à
proprement parler, je ne « fais » jamais, par définition même, l’expérience de la mort
(Cf : Epicure, Lettre à Ménécée, §124-127 : la pensée de la mort et des limites).
De
ce qui n’est pas (ou n’est plus) , je ne peux rien savoir ; je ne peux qu’espérer qu’une
vie autre, sous quelque forme que ce soit, soit envisageable ; cette espérance peut être
légitime et raisonnable mais, pour autant, on ne peut dépasser le niveau de
l’espérance car l’objet de celle-ci dépasse tout ce dont je peux faire l’expérience et
tout ce que je peux prouver.
A partir de cet exemple, vous pouvez alors rebondir dans votre réflexion et être
amené à prendre conscience (et à faire prendre conscience à votre lecteur) de la
nécessité de relativiser notre prétention, pourtant légitime, certes, d’atteindre
une « vérité en soi », une affirmation dont nous pourrions être absolument
certains :
La formulation de la question posée par le sujet peut alors être faite, ce qui a aussi
l’avantage d’apparaître comme le résultat « naturel »de votre propre réflexion :
« Mais, alors, de quoi puis-je être absolument certain ? »
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Or, en introduisant ainsi à la question, vous devez aussi vous interroger sur la manière
même dont celle-ci....
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