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De quoi la vérité libère-t-elle ?

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« Faire sienne une opinion ou une connaissance n'implique pas nécessairement de la rendre subjective.

On peut concevoir l'acte d'appropriation d'une idée comme un effort pour l'élever à l'universalité, autrement dit faire que tout esprit soit capable de la penser aussi comme vraie.

Ainsi pourrait-on sortir des doutes et du scepticisme dans lequel on risque de verser lorsqu'on est confronté à la diversité et à la confusion des opinions.

Dans cette perspective, la connaissance, même si elle suppose un sujet qui la fasse sienne, et en ce sens se l'approprie, n'est pas une affaire d'opinion ou de conviction et exige de dépasser ce qui dans l'opinion relève du préjugé.

C'est même cet effort qui distinguera une connaissance vraie d'une opinion (cf.

texte de Kant). Si, pour connaître, on doit dépasser l'erreur, le point de vue particulier et subjectif de l'opinion, celle-ci ne peut-elle pas néanmoins jouer un rôle positif dans la connaissance ? En d'autres termes, faut-il la considérer comme un premier degré de la connaissance ou bien y a-t-il entre l'opinion et la connaissance une différence de degré ou une différence de nature .

Aristote insiste sur l'importance du rôle de l'examen critique des opinions admises et reçues sur un sujet donné par celui qui veut mener une discussion ou une recherche.

Pour autant toute opinion ne peut fournir un point de départ à une discussion sensée.

Pour Aristote, on ne saurait raisonner avec profit sur une opinion universellement rejetée ou une opinion universellement admise.

Seules les opinions admises par les plus sages sur une question donnée serviront utilement de point de départ d'une recherche.

Toutefois, comme telles, elles ne pourront pas être utilisées comme principes d'une déduction démonstrative et donc être au fondement d'une science. La fin de la Critique de la raison pure est consacrée à une doctrine de la méthode dans laquelle Kant expose les règles que la raison devrait suivre si elle ne veut pas s'égarer dans les illusions liées à son désir de transgresser les limites du connaissable.

Le « canon de la raison pure » (du grec kanon, la règle) tend à expliquer pourquoi il faut restreindre l'ambition de la raison spéculative à son usage pratique, ce qui conduit Kant à distinguer soigneusement entre différente manière de « tenir pour vrai » quelque chose l'opinion, la foi ou la croyance (en allemand Glauben) et le savoir. "La croyance, ou la valeur subjective du jugement par rapport à la conviction (qui a en même temps une valeur objective) présente les trois degrés suivants : l'opinion, la foi et le savoir.

L'opinion est une croyance qui a conscience d'être insuffisante subjectivement aussi bien qu'objectivement.

Quand la croyance n'est suffisante que subjectivement, et qu'en même temps elle est tenue pour objectivement insuffisante, elle s'appelle foi.

Enfin celle qui est suffisante subjectivement aussi bien qu'objectivement s'appelle savoir.

La suffisance subjective s'appelle conviction (pour moi-même), la suffisance objective, certitude (pour chacun).

Je ne m'arrêterai pas à éclaircir des concepts aussi faciles. Je ne puis me hasarder à former une opinion, sans avoir du moins quelque savoir au moyen duquel le jugement, simplement problématique en soi, se trouve rattaché à la vérité par un lien qui, s'il est imparfait, est cependant quelque chose de plus qu'une fiction arbitraire.

La loi de cette liaison doit en outre être certaine.

En effet, si je n'ai aussi par rapport à cette loi qu'une simple opinion, tout alors n'est plus qu'un jeu de l'imagination, sans le moindre rapport à la vérité.

Dans les jugements qui viennent de la raison pure il n'y a nulle place pour l'opinion.

Car, puisqu'ils ne sont pas appuyés sur des principes d'expérience, mais que, là où tout est nécessaire, tout doit être connu a priori, le principe de la liaison exige l'universalité et la nécessité, par conséquent une entière certitude ; autrement il n'y aurait pas de fil qui pût conduire à la vérité.

Aussi est-il absurde de former des opinions dans les mathématiques pures : il faut ou savoir, ou s'abstenir de tout jugement.

Il en est de même dans les principes de la moralité : on ne doit pas risquer une action sur la simple opinion que quelque chose est permis, mais il faut le savoir." Emmanuel Kant, Critique de la raison pure, « La Logique transcendantale », III, A 58-A 60, trad.

Jules Barni, révisée, Paris, G.

Baillière, 1869.

2 vol., p.

284.. »

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