De la sensation comme moyen de connaissance ?
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«
PREMIERE CORRECTION
De la sensation comme moyen de connaissance ?
Ce sujet est important, vraiment philosophique.
Tâchons d'abord d'en bien comprendre le sens.
Il s'agit de déterminer la part des sens (c'est-à-dire de la sensation
et de la perception, prises en bloc) dans la formation de nos connaissances.
Or ici deux hypothèses sont possibles :
ou bien, la sensation est la source unique de toutes nos idées, lesquelles ne sont que des impressions sensibles
conservées, associées et simplifiées par l'abstraction, et c'est la thèse de Y empirisme ; ou bien il y a en nous, avec
les sens et antérieurement à leur exercice, un pouvoir producteur d'idées ou tout au moins de liaisons a priori entre
les données sensibles, et c'est la thèse rationaliste.
Voir pour l'exposé des deux doctrines.
Muni de ces renseignements, l'élève pourra faire la dissertation., Le plan qu'il devra adopter sera le suivant.
I.
Ce que c'est qu'une sensation.
Ce que nous font connaître les sensations : elles nous font connaître les qualités
des corps qui constituent le monde extérieur, c'est-à-dire les phénomènes.
On donnera des exemples.
Il suit de là
qu'elles ne nous donnent pas la représentation des choses en elles-mêmes, de la matière.
(Insister sur cette idée,
très importante.)
II.
Outre les représentations sensibles (images) nous avons aussi des idées, dont quelques-unes ont le caractère de
la nécessité et sont dites : idées de raison.
Ces idées ont-elles pour origine des sensations, c'est-à-dire l'expérience
? On fera ici, brièvement, la discussion de l'empirisme et du rationalisme, en adoptant finalement celle des deux
théories que l'on jugera vraie
Définition des termes du sujet
L'expression de « sens » désigne l'ensemble des informations que nous fournissent nos cinq sens, qui constituent
notre mode d'appréhension le plus direct du monde qui nous entoure, et, peut-être, notre première source de
connaissance de celui-ci.
C'est justement le rapport de l'ensemble de ces données sensibles avec la question générale de la connaissance qui
pose problème ici.
La constitution d'une connaissance exige une fidélité du contenu de connaissance à l'objet
choisi : une connaissance qui donne un contenu de connaissance se trompant sur l'objet étudié ne mérite pas le
nom de connaissance.
L'emploi du verbe « constituer » suppose d'ailleurs que l'on conçoit la connaissance comme un
contenu de pensée construit, élaboré, et non comme une chose qui s'offre d'elle-même et n'exige aucun travail.
Cette question du rapport des données sensibles et de la constitution d'une connaissance est posée sous l'angle
particulier de la suffisance : autrement dit, peut-on se limiter à une collecte de données sensibles pour produire
quelque chose qui mérite le nom de « connaissance », ou faut-il autre chose, et, si oui, quoi ? D'autre part, les
données sensibles sont-elles suffisamment fiables pour entrer dans la composition de la connaissance, ou au
contraire toute connaissance commence-t-elle par un dépassement des données sensibles ?
Si cette question est posée, c'est peut-être parce que la philosophie a traditionnellement cultivé une méfiance à
l'égard des données sensibles : les sens pourraient nous tromper, or ils sont notre mode premier d'appréhension du
monde : il nous faudrait donc, si nous avions l'intention de constituer une connaissance, fournir un effort pour
dépasser les informations qu'ils nous donnent.
La réponse au sujet va donc dépendre du statut que nous accordons aux données sensibles du point de vue de la
connaissance, et de la manière dont nous choisissons de concevoir la connaissance : est-elle simplement une
collection d'informations fiables, ou passe-t-elle par une généralisation, éventuellement une abstraction de ces
informations (si l'on accepte cette dernière idée, alors les sens, même s'ils nous fournissent des informations fiables,
ne suffisent pas pour constituer une connaissance, parce qu'il faut, en plus, trouver des moyens de généraliser les
données qu'ils nous offrent.) ?
Eléments pour le développement
1) Lucrèce, De natura rerum
« Tu verras (alors) que la connaissance de la vérité nous vient primitivement des sens, que les sens ne peuvent
être convaincus d'erreur, qu'ils méritent le plus haut degré de confiance parce que, par leur propre énergie, ils
peuvent découvrir le faux, en lui opposant la vérité.
En effet, où trouver un guide plus sûr que les sens ? Dira-t-on
que la raison, fondée sur ces organes illusoires, pourra déposer contre eux, elle qui leur doit toute son existence, la
raison qui n'est qu'erreur, s'ils se trompent ...
Si la raison ne peut pas expliquer pourquoi les objets qui sont carrés de près paraissent ronds dans l'éloignement, il
vaut mieux, défaut d'une solution vraie, donner une fausse raison de cette double apparence que de laisser
échapper l'évidence de ses mains, que de détruire toute certitude, que de démolir cette base sur laquelle sont
fondées notre vie et notre conservation.
Car ne crois pas qu'il ne s'agisse ici que des intérêts de la raison ; la vie
elle-même ne se soutient qu'en osant, sur le rapport des sens, ou éviter les précipices et les autres objets nuisibles,
ou se procurer ce qui est utile.
Ainsi tous les raisonnements dont on s'arme contre les sens ne sont que de vaines
déclamations.
».
»
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