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David HUME: pour qu'une société puisse se former

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Mais, pour qu'une société puisse se former, il est nécessaire, non seulement qu'elle soit avantageuse, mais encore que les hommes soient conscients de ces avantages ; et il est impossible, en leur état sauvage et inculte, que par l'étude et la réflexion seules ils soient jamais capables de parvenir à ce savoir. C'est donc très heureusement qu'il y a, à côté de ces besoins dont la satisfaction est éloignée et complexe, une autre nécessité que l'on peut considérer à juste titre comme le principe premier et originel de la société humaine, car elle trouve une réponse immédiate et plus évidente. Cette nécessité n'est autre que l'appétit naturel des deux sexes l'un pour l'autre, qui les unit l'un à l'autre et préserve leur union jusqu'à ce que s'établisse un nouveau lien, le souci qu'ils ont de leur progéniture commune. Ce nouvel intérêt devient aussi un principe d'union entre parents et enfants et il donne forme à une société plus nombreuse, dans laquelle les parents gouvernent à cause de l'avantage que leur donne leur force et leur sagesse supérieures, et dans laquelle, en même temps, l'affection naturelle qu'ils ont pour leurs enfants retient l'exercice de leur autorité. En peu de temps, l'accoutumance et l'habitude, oeuvrant sur l'esprit tendre des enfants, les rendent sensibles aux avantages qu'ils peuvent tirer de la société et les façonnent peu à peu pour elle, en effaçant les angles aigus et les penchants contraires qui s'opposent à leur association. David HUME

« Mais, pour qu'une société puisse se former, il est nécessaire, non seulement qu'elle soit avantageuse, mais encore que les hommes soient conscients de ces avantages ; et il est impossible, en leur état sauvage et inculte, que par l'étude et la réflexion seules ils soient jamais capables de parvenir à ce savoir.

C'est donc très heureusement qu'il y a, à côté de ces besoins dont la satisfaction est éloignée et complexe, une autre nécessité que l'on peut considérer à juste titre comme le principe premier et originel de la société humaine, car elle trouve une réponse immédiate et plus évidente.

Cette nécessité n'est autre que l'appétit naturel des deux sexes l'un pour l'autre, qui les unit l'un à l'autre et préserve leur union jusqu'à ce que s'établisse un nouveau lien, le souci qu'ils ont de leur progéniture commune.

Ce nouvel intérêt devient aussi un principe d'union entre parents et enfants et il donne forme à une société plus nombreuse, dans laquelle les parents gouvernent à cause de l'avantage que leur donne leur force et leur sagesse supérieures, et dans laquelle, en même temps, l'affection naturelle qu'ils ont pour leurs enfants retient l'exercice de leur autorité.

En peu de temps, l'accoutumance et l'habitude, oeuvrant sur l'esprit tendre des enfants, les rendent sensibles aux avantages qu'ils peuvent tirer de la société et les façonnent peu à peu pour elle, en effaçant les angles aigus et les penchants contraires qui s'opposent à leur association. Les vertus artificielles, dont le bénéfice ne dépend pas d'un acte isolé mais du concours de tous, se ramènent finalement à l'ensemble des règles sociales, inventées pour permettre à chacun de vivre commodément.

La question est ici de savoir comment les hommes en viennent à les reconnaître et à les adopter comme telles, alors qu'elles s'opposent évidemment à la quête de plaisirs directs et immédiats et sont donc vécues comme des contraintes.

Il faut bien que les individus aient conscience de leur nécessité, car « il semble, à première vue, que de tous les animaux qui peuplent le globe terrestre, il n'y en ait pas un à l'égard duquel la nature ait usé de plus de cruauté qu'envers l'homme » : il trouvera dans la société la compensation de ses infirmités physiques (la faiblesse), intellectuelles (l'ignorance) et affectives (la crainte).

Hobbes a donc raison de déduire l'état civil d'une impérieuse nécessité.

Néanmoins, l'anthropologie humienne, plus proche de celle de Locke et, pour tout dire, plus historienne, ne peut s'en tenir à un égoïsme primordial des hommes, en réalité toujours déjà donnés dans des familles constituées par l'effet de l'instinct sexuel (l'une des passions directes).

Au lieu d'être fondée par une « fiction philosophique » (l'état de nature), la vie sociale a pour origine l'apprentissage par chacun de nous, dans son enfance, de ses avantages, et de ses premiers principes. La politique de Hume se caractérise donc encore par la récusation d'une autre fiction, liée à la première, celle d'un contrat qui marquerait le passage à l'état civil.

Le contractualisme moderne, orienté contre les théories du droit divin, semble en effet installer cette fiction en lieu et place de Dieu dans les théories « patriarcales ».

C ertes, que la famille soit le moment où la société est essayée ne signifie pas qu'elle doive en constituer le modèle, ou que nous devions obéissance aux gouvernants comme au « Père » ; mais, l'accord des hommes sur des règles de justice et de propriété, sur le gouvernement indispensable pour en garantir l'application, ne nécessite pas une rupture radicale par laquelle la loi s'autorise d'elle-même.

En historien encore, Hume préfère parler de « convention » ou, comme ici, d'« association ».

Un contrat serait une promesse, mais le respect des promesses ne repose que sur le contrat ; au contraire, la convention n'est qu'« un sens de l'intérêt commune » comparable à ce que font « deux hommes, dans une barque, [qui] tirent aux avirons par une convention commune », ou à l'invention du langage et de la monnaie ; de sorte que la société politique paraît un regroupement artificiel de familles que l'histoire dotera d'un certain type de gouvernement.

La politique peut donc être aussi sans Dieu. HUME (David).

Né et mort à Edimbourg (1711-1776). Il fut quelque temps commerçant à Bristol, voyagea en France et vécut à La Flèche.

En 1748, il visita l'Autriche et l'Italie, puis devint bibliothécaire de la Faculté des Avocats à Edimbourg.

Il accompagna l'ambassadeur anglais à Paris en 1763, et y fréquenta les milieux philosophiques et littéraires.

Il rentra en Angleterre, accompagné de Rousseau, qui le quitta rapidement.

Sous-secrétaire d'État, Hume se retira à Edimbourg en 1769.

Les influences capitales subies par sa pensée furent celles de l'empirisme de Locke et de l'idéalisme de Berkeley.

Hume est empiriste : il prend pour base de son étude philosophique l'observation et l'expérimentation.

Il rabaisse l'idée de raison et ramène le principe de causalité à des liaisons d'idées que l'accoutumance, l'habitude et la répétition ont rendu si fortes qu'elles nous semblent nécessaires.

Il se livre à une description psychologique des processus de l'accoutumance.

Mais il distingue l'induction de l'accoutumance, de même qu'il distingue l'inférence causale et le raisonnement démonstratif.

Nous ne pouvons avoir aucune certitude en ce qui concerne l'avenir des lois scientifiques.

Un corps est un groupe de sensations; le moi est mie suite d'états de conscience.

Il n'existe de substance ni matérielle ni spirituelle.

Hume détrône la raison abstraite et ramène à l'échelle humaine l'entendement humain.

Son phénoménisme absolu le conduit au scepticisme en matière religieuse. Oeuvres principales : Traité de la nature humaine (1739), Essais moraux et politiques (1741), Essai sur l'entendement humain (1748), Enquête sur les principes de la morale (1751), Histoire de Grande-Bretagne (1754-1761), Histoire naturelle de la religion (1759), Dialogues sur la religion naturelle (publié en 1777), Essai sur le suicide et l'immortalité de l'âme (publié en 1779).. »

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