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David HUME: Passion déraisonnable et jugement

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Si une passion ne se fonde pas sur une fausse supposition et si elle ne choisit pas des moyens impropres à atteindre la fin, l'entendement ne peut ni la justifier ni la condamner. Il n'est pas contraire à la raison de préférer la destruction du monde entier à une égratignure de mon doigt. Il n'est pas contraire à la raison que je choisisse de me ruiner complètement pour prévenir le moindre malaise d'un Indien ou d'une personne complètement inconnue de moi. Il est aussi peu contraire à la raison de préférer à mon plus grand bien propre un bien reconnu moindre. Un bien banal peut, en raison de certaines circonstances, produire un désir supérieur à celui qui naît du plaisir le plus grand et le plus estimable ; et il n'y a là rien de plus extraordinaire que de voir, en mécanique, un poids d'une livre en soulever un autre de cent livres grâce à l'avantage de sa situation. Bref, une passion doit s'accompagner de quelque faux jugement pour être déraisonnable ; même alors ce n'est pas la passion qui est déraisonnable, c'est le jugement. David HUME
1) Thèse centrale : la raison ne peut juger une passion par elle-même, en tant que fait, mais seulement les jugements qui accompagnent (éventuellement) cette passion, comme - la supposition de l'existence d'objets qui n'existent pas en réalité (par ex. une peur fondée sur quelque chose qui n'existe pas).  - le choix de moyens pour atteindre un but projeté, pour satisfaire la passion (par ex. l'emploi de talismans pour gagner au jeu).  2) Deux exemples illustrent cette thèse. La raison n'a rien à dire - sur le fait que je décide de me ruiner pour quelqu'un que je ne connais pas ; - sur le fait que je préfère un bien moindre à un bien supérieur. Car ces deux faits ne sont pas des jugements, des raisonnements.

« HUME : LA RAISON EST ÉTRANGÈRE À LA MORALE Malebranche, comme Descartes, voit dans la raison une faculté de bien juger en général, c'est-à-dire de distinguer tant le bien du mal que le vrai du faux. Mais n'est-ce pas là une conception erronée de la raison ? En effet (comme le remarque ici Hume à propos des passions) la raison étant la faculté de raisonner, c'est-à-dire de combiner logiquement des concepts ou des propositions, elle ne peut se prononcer que sur le vrai et le faux, et non pas sur le bien et le mal. « Si une passion ne se fonde pas sur une fausse supposition et si elle ne choisit pas des moyens impropres à atteindre la fin, l'entendement ne peut ni la justifier ni la condamner.

Il n'est pas contraire à la raison de préférer la destruction du monde entier à une égratignure de mon doigt.

Il n'est pas contraire à la raison que je choisisse de me ruiner complètement pour prévenir le moindre malaise d'un Indien ou d'une personne complètement inconnue de moi.

Il est aussi peu contraire à la raison de préférer à mon plus grand bien propre un bien reconnu moindre.

Un bien banal peut, en raison de certaines circonstances, produire un désir supérieur à celui qui naît du plaisir le plus grand et le plus estimable ; et il n'y a là rien de plus extraordinaire que de voir, en mécanique, un poids d'une livre en soulever un autre de cent livres grâce à l'avantage de sa situation.

Bref, une passion doit s'accompagner de quelque faux jugement pour être déraisonnable ; même alors ce n'est pas la passion qui est déraisonnable, c'est le jugement.

» ordre des idées 1) Thèse centrale : la raison ne peut juger une passion par elle-même, en tant que fait, mais seulement les jugements qui accompagnent (éventuellement) cette passion, comme - la supposition de l'existence d'objets qui n'existent pas en réalité (par ex.

une peur fondée sur quelque chose qui n'existe pas). - le choix de moyens pour atteindre un but projeté, pour satisfaire la passion (par ex.

l'emploi de talismans pour gagner au jeu). 2) Deux exemples illustrent cette thèse.

La raison n'a rien à dire - sur le fait que je décide de me ruiner pour quelqu'un que je ne connais pas ; - sur le fait que je préfère un bien moindre à un bien supérieur.

Car ces deux faits ne sont pas des jugements, des raisonnements. Dans le Traité de la nature humaine (1737), Hume (1711-1776) écrit cette phrase apparemment scandaleuse : «Il n'est pas contraire à la raison de préférer la destruction du monde à une égratignure de mon doigt.

» Hume, contemporain de Rousseau, veut montrer par cette formule que l'opposition traditionnelle entre raison et passion est un préjugé.

La raison est totalement extérieure aux motifs de l'action, qui ne peut être engendrée que par les passions.

Hume, qu'on peut considérer comme le père de l'empirisme, s'inscrit ainsi dans un mouvement parallèle à celui des Lumières, contestant la tradition et réévaluant les passions. « Il n 'est pas contraire à la raison de préférer la destruction du monde à une égratignure de mon doigt » est une phrase volontairement provocante, par laquelle Hume entend signifier que nos motifs d'action, de préférence, les buts que nous poursuivons n'ont rien à voir avec la sphère de la raison. «Rien n'est plus habituel en philosophie, et même dans la vie courante, que de parler de combat de la passion et de la raison, de donner la préférence à la raison et d'affirmer que les hommes ne sont vertueux que dans la mesure où ils se conforment à ses décrets.

» Ainsi Hume décrit-il le préjugé qu'il entend réfuter.

Et il est exact que l'expérience commune de «je vois le bien, je l'approuve et je fais le mal» est souvent interprétée comme un combat entre la raison qui nous dicte¬rait le bien, et la passion qui nous inclinerait à faire le mal. Platon distinguait entre trois « parties » de l'âme, l'âme concupiscible (sujet des passions) supposant à l'âme rationnelle.

Et toute notre tradition morale réfléchit cette opposition et prône la victoire de la raison. Le nerf de la preuve humienne que passion et raison ne peuvent s'opposer et que donc il n'est ni raisonnable ni déraisonnable de : «préférer la destruction du monde à une égratignure de mon doigt » consiste à montrer que les motifs de l'action sont parfaitement extérieurs à la raison. « Premièrement (que) la raison ne peut être à elle seule un motif pour un acte volontaire et deuxièmement (qu') elle. »

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