David HUME: CONTEMPLATION ET BEAUTE
Extrait du document
«
« Il est impossible de poursuivre dans la pratique de la contemplation
de quelque genre de beauté que ce soit sans être fréquemment obligé
de faire des comparaisons entre les nombreuses sortes et degrés de
réussites, et d'estimer leurs proportions les unes par rapport aux
autres.
Un homme qui n'a point l'occasion de comparer les différents
genres de beautés est bien entendu disqualifié pour émettre son
opinion concernant un objet qui lui est présenté.
Par la comparaison
seule nous déterminons les épithètes relevant de l'éloge ou du blâme
et apprenons comment en attribuer le degré approprié à chacun.
Le
plus indigent des barbouillages exhibe un certain lustre' de couleurs et
une certaine exactitude de l'imitation qui peuvent passer pour des
beautés et entraîne [...] la plus haute admiration.
Les plus vulgaires
ballades ne sont pas entièrement dépourvues d'harmonie ou de naturel
et nul, à moins d'être familiarisé avec des beautés supérieures, ne
pourrait déclarer que leurs couplets sont rudes ou leur récit
inintéressant.
Une beauté très inférieure fait souffrir la personne
accoutumée aux plus grandes réussites du genre, et se trouve être
pour cette raison qualifiée de laideur de la même façon que l'objet le
plus abouti que nous connaissions est naturellement supposé avoir
atteint au pinacle de la perfection et devoir recevoir les plus grands
éloges.
Seul celui qui est accoutumé à voir, à examiner et à soupeser
les nombreuses oeuvres admirées au cours d'époques différentes et au
sein de différentes nations peut estimer le mérite d'un ouvrage exposé à sa vue et lui assigner son rang
approprié au sein des productions du génie.
» HUME.
Introduction
— Nous faisons assez naturellement la différence entre les beaux garçons, ou les belles filles, et ceux ou celles qui
le sont moins, ou entre les belles architectures et celles qui sont laides.
— D'où nous vient cette capacité à faire la différence? Est-ce naturel ou avons-nous appris à le faire, et comment?
— Réflexion de Hume dans cet extrait de De la norme du goût porte sur ce thème.
— Thèse de l'auteur.
— Le jugement de goût se développe-t-il uniquement grâce à des comparaisons empiriques? Comment estimer
l'infériorité et la supériorité des oeuvres d'art, et faut-il être expert en goût pour cela? Le goût n'est-il pas
conditionné culturellement et ne faut-il pas se méfier de l'ethnocentrisme?
I.
Le jugement de goût se développe-t-il uniquement grâce à des comparaisons empiriques?
1.
L'approche du beau nécessite le jugement
— Expliquer « faire des comparaisons » et donner des exemples.
— Expliquer aussi « déterminons les épithètes relevant de l'éloge ou du blâme ».
— Problème: cette démarche « empirique » (appuyée uniquement sur l'expérience) suffit-elle? un alignement
d'exemples permet-il de trouver une norme du beau?
2.
Le jugement renvoie à une norme
— Il faut pouvoir « extraire » la norme de l'ensemble des exemples particuliers, voire découvrir par la raison,
indépendamment de l'expérience, quels sont les critères du beau.
- Dépasser l'approche « matérielle » par une réflexion rationnelle.
- Tant que nous en restons aux apparences extérieures, incapacité à accéder au « beau en soi »: cf.
Platon, Le
Banquet.
- La beauté n'est pas uniquement physique ou matérielle: elle peut se trouver dans les proportions, la
symétrie, l'équilibre, l'harmonie de formes et de couleurs, etc.
- Penser au classicisme en art et aux exigences très strictes dans la composition (règle des trois unités au théâtre,
symétrie dans les « jardins à la française » et dans l'architecture...).
Comme le souligne Platon, découvrir les beaux
corps n'est que le premier stade dans l'éducation du goût; ensuite, découvrir qu'il existe de belles âmes, puis de
belles actions et de belles connaissances, avant d'en arriver à « l'océan du beau », qui comporte toutes les beautés
possibles et imaginables, souvent bien plus belles que ce qu'on imaginait au départ.
Pour effectuer ce parcours : il
faut passer par l'activité de la raison.
3.
Mais ne pas oublier le rôle de la sensibilité
- Cependant ne pas laisser de côté le rôle de la sensibilité, comme le montre Kant dans la Critique de la faculté de
juger.
Critiquer par conséquent l'affirmation excessive de Hume: « Un homme qui n'a point l'occasion de comparer
[...] est bien entendu disqualifié »- cet homme est pourtant sensible et rationnel, comme tout homme, il est donc
en mesure d'éprouver le sentiment du beau.
- Exemple: l'attirance des enfants pour les oeuvres d'art, la capacité des personnes atteintes de troubles
psychiques à produire des oeuvres d'art « naïves » (« art brut »).
- Le mot « expérience » est trop vague car de
nombreux éléments interviennent (consciemment ou non) dans notre « expérience »: notre vécu antérieur, nos
connaissances, notre culture d'origine, notre inconscient psychique, notre sensibilité particulière, notre état d'esprit.
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