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David HUME

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La différence (...) est très vaste entre le jugement et le sentiment. Tout sentiment est juste, parce que le sentiment n'a référence à rien au-delà de lui-même et qu'il est partout réel où l'homme en est conscient. Mais toutes les déterminations de l'entendement ne sont pas justes, parce qu'elles portent référence à quelque chose au-delà d'elles-mêmes, c'est-à-dire, à la réalité, et qu'elles ne sont pas toujours conformes à cette norme. (...) Au contraire, un millier de sentiments différents, excités par le même objet, sont justes, parce qu'aucun sentiment ne représente ce qui est réellement dans l'objet. Il marque seulement une certaine conformité ou relation entre l'objet et les organes ou facultés de l'esprit, et si cette conformité n'existait pas réellement, le sentiment n'aurait pu selon toute possibilité exister. La beauté n'est pas une qualité inhérente aux choses elles-mêmes, elle existe seulement dans l'esprit qui la contemple, et chaque esprit reçoit une beauté différente. Une personne peut même percevoir de la difformité là où une autre perçoit de la beauté ; et tout individu devrait être d'accord avec son propre sentiment, sans prétendre régler ceux des autres. David HUME

« La différence (...) est très vaste entre le jugement et le sentiment.

Tout sentiment est juste, parce que le sentiment n'a référence à rien au-delà de lui-même et qu'il est partout réel où l'homme en est conscient.

Mais toutes les déterminations de l'entendement ne sont pas justes, parce qu'elles portent référence à quelque chose au-delà d'elles-mêmes, c'est-à-dire, à la réalité, et qu'elles ne sont pas toujours conformes à cette norme.

(...) Au contraire, un millier de sentiments différents, excités par le même objet, sont justes, parce qu'aucun sentiment ne représente ce qui est réellement dans l'objet.

Il marque seulement une certaine conformité ou relation entre l'objet et les organes ou facultés de l'esprit, et si cette conformité n'existait pas réellement, le sentiment n'aurait pu selon toute possibilité exister.

La beauté n'est pas une qualité inhérente aux choses elles-mêmes, elle existe seulement dans l'esprit qui la contemple, et chaque esprit reçoit une beauté différente.

Une personne peut même percevoir de la difformité là où une autre perçoit de la beauté ; et tout individu devrait être d'accord avec son propre sentiment, sans prétendre régler ceux des autres. Ordre des idées: Hume fait une observation: il existe une différence fondamentale entre un jugement et un sentiment.

Cette différence consiste en ce que un sentiment est toujours juste, tandis qu'un jugement peut être juste ou faux. En effet, un jugement (qui est une "détermination de l'entendement") se réfère à quelque chose au-delà de lui, à une réalité autre que lui-même (par exemple, le jugement "cette feuille de papier est blanche" se réfère, renvoie à cette réalité ou non, que sont la feuille et la blancheur).

Si un jugement correspond à la réalité sur laquelle il porte et qui constitue son critère, sa norme, il est juste, vrai ou faux. Un sentiment, au contraire, ne se réfère à rien d'autre qu'à lui-même: un sentiment ne représente jamais son objet, mais il "marque seul seulement une certaine conformité ou relation entre l'objet et les organes ou facultés de l'esprit".

Par exemple, une musique peut m'être agréable, et si elle m'est agréable, c'est du fait d'une "certaine conformité" entre cette musique et ma sensibilité.

Mais cette même musique peut sembler désagréable à un autre. Cependant, ni moi ni cet autre ne pouvons dire que cette musique en elle-même est ou n'est pas désagréable, puisque le caractère agréable ou non n'est pas une qualité en soi de la musique mais n'existe que dans sa relation à une sensibilité.

Mon sentiment est donc juste (je sens bien ce que je sens) mais celui de l'autre est également juste (il sent bien ce qu'il sent). Hume donne un exemple, le sentiment du beau: la beauté n'est pas une qualité des choses (elle n'est pas dans les choses), elle est la manière dont j'éprouve les choses, elle est une émotion chez moi à propos d'une chose.

Aucun jugement de beauté ne peut donc prétendre à l'universalité.

(Cf.

la contradiction que Kant apportera à la thèse de Hume.... Articulation des idées 1.

Hume fait une observation : Il existe une différence fondamentale entre un jugement et un sentiment. — Cette différence consiste en ce qu'un sentiment est toujours juste, tandis qu'un jugement peut être juste ou faux. 2.

Il explicite ensuite cette observation : Un jugement (qui est une « détermination de l'entendement ») se réfère à quelque chose au-delà de lui, à une réalité (physique ou idéale) autre que lui-même (par exemple le jugement « Pierre est petit », se réfère, renvoie à cette réalité, ou cette non-réalité, que sont Pierre et sa petitesse).

Si un jugement correspond à la réalité sur laquelle il porte et qui constitue sa norme, il est juste, sinon il est faux. Un sentiment au contraire, ne se réfère à rien d'autre qu'à lui-même : un sentiment ne représente jamais son objet, mais il « marque seulement une certaine conformité ou relation entre l'objet et les organes ou facultés de l'esprit ».

(Par exemple tel son peut m'être agréable, et s'il m'est agréable, c'est en raison d'une « certaine conformité » entre ce son et ma sensibilité.

Mais le même son peut être désagréable à Pierre.

Cependant ni lui ni moi ne pouvons dire que ce son en lui-même est ou n'est pas désagréable, puisque le caractère agréable ou désagréable n'est pas une qualité du son mais n'existe que dans sa relation à une sensibilité.

Mon sentiment est donc juste (je sens bien ce que je sens : un son agréable) mais celui de Pierre est également juste (il sent bien ce qu'il sent : un son désagréable.) Hume donne un exemple, le sentiment du beau : la beauté n'est pas une qualité des choses (elle n'est pas dans les choses), elle est la manière dont j'éprouve les choses, elle est une émotion chez moi à propos d'une chose.

Aucun jugement de beauté ne peut donc prétendre à l'universalité. Intérêt philosophique du texte L'intérêt philosophique de ce texte est multiple.

Il consiste avant tout dans l'analyse du problème classique de la distinction entre jugement et sentiment.

Mais en posant que le sentiment, parce qu'il ne renvoie qu'à lui-même, est nécessairement juste, ce texte conduit également à une réflexion sur la tolérance nécessaire pour tout ce qui a trait au sentiment, et ouvre une importante perspective à l'esthétique, en remettant en cause l'idée de l'universalité du beau.

On pourra donc engager une réflexion critique dans ces différentes directions, en mettant, notamment pour ie problème esthétique, la pensée de Hume en relation avec celle de Kant.. »

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