D'après la nature du plaisir, quelle idée vous faites-vous du bonheur ?

« A.

- Préciser, d'après la théorie finaliste de l'activité, la nature du plaisir: émotion agréable de la sensibilité résultant du fonctionnement régulier de quelqu'une de nos facultés, et par suite, de la satisfaction de quelqu'un de nos penchants. B.

— On conçoit d'après la nature du plaisir et aussi d'après la nature de l'homme, un idéal de bonheur.

Il consisterait, dans le fonctionnement régulier de sa vie, dans l'accord de ses organes et de ses facultés, en d'autres termes, dans le développement normal, harmonieux de toutes nos tendances physiques, intellectuelles, morales, chacune apportant sa pari de plaisir ou de joie dans le rythme parfait de la vie. C.

— Mais ce n'est là qu'un idéal.

En fait, ce rythme de la vie, auquel une haute moralité nous fait un devoir de tendre comme à notre perfection et à notre bonheur est à chaque instant troublé. — Troublé par les choses : désaccord entre nos organes et nos facultés; défaut d'adaptation aux milieux où nous vivons, milieux si changeants que nos tendances n'ont pas toujours la plasticité suffisante pour se plier à leurs exigences; besoins qui en résultent, dont les variations sont inévitables; — troublé aussi par la volonté, souvent si aveugle qu'elle laisse se développer, quand elle ne les favorise pas, une foule d'habitudes contraires au fonctionnement régulier de la vie. Il n'est donc pas surprenant qu'il y ait souvent antagonisme entre nos diverses tendances et entre nos besoins, et que, par suite, certains actes, en favorisant les uns et en contrariant les autres, soient à la fois agréables et nuisibles.

Ce qui revient à dire que la question du bonheur sera toujours d'une extrême complexité quand il s'agira, non de l'homme en général, qui n'existe pas, mais de l'homme individuel avec sa mystérieuse et impénétrable personnalité.. »