Dans quelle mesure l'homme fait-il l'histoire ? (Pistes de réflexion seulement)
Extrait du document
«
éléments de réflexion
Marx s'en prend à l'idéalisme spéculatif des philosophes allemands de la Critique, voir citations plus bas, de Marx et
d'Althusser.
D'autre part, il ne faut pas méconnaître (ce qui garde tout son sens même après la « rupture » de L'Idéologie
allemande et des Thèses sur Feuerbach) que l'idée selon laquelle l'homme fait l'histoire, s'oppose, non pas à la thèse
matérialiste selon laquelle les hommes sont eux-mêmes des produits de l'histoire, mais à la thèse idéaliste selon
laquelle elle s'expliquerait sans l'homme réel.
Cf.
la IIIe Thèse sur Feuerbach qui reproche à la doctrine matérialiste pré-marxiste, « qui veut que les hommes
soient des produits des circonstances », d'oublier « que ce sont précisément les hommes qui transforment les
circonstances ».
• Voir les citations de L.
Sève et de Gramsci pour qui une certaine façon de penser « l'homme » et l'histoire ne rend
pas nécessairement contradictoires les deux affirmations posées dans le sujet.
• Peut-on dire que les hommes font l'histoire alors même qu'ils ne sauraient pas l'histoire qu'ils font ? Par exemple, ne
pourrait-on en effet soutenir que « les hommes » certes ont des projets, et des projets « historiques », mais que les
résultats de ces projets se contrecarrent si bien, que le résultat final n'a rien à voir avec les différents projets
initiaux ?
• Voir la position de Sartre.
citations
• Marx, La sainte famille (Éd.
Sociales) : « Une fois l'homme reconnu comme l'essence, comme la base de toute
activité humaine et de toutes les situations humaines, la « critique » seule peut encore inventer de nouvelles
catégories et remétamorphoser comme elle le fait précisément l'homme en une catégorie et en un principe de toute
une série de catégories, recourant ainsi à la seule échappatoire qui reste à l'inhumanité théologique traquée et
pourchassée.
L'histoire ne fait rien, elle « ne possède pas de richesse énorme », elle « ne livre pas de combats » !
C'est au contraire l'homme, l'homme réel et vivant qui fait tout cela, possède tout cela et livre tous ces combats ;
ce n'est pas, soyez-en certains, l'histoire qui se sert de l'homme comme moyen pour réaliser — comme si elle était
une personne à part — ses fins à elle ; elle n'est que l'activité de l'homme qui poursuit ses fins à lui.
» p.
116.
• Marx, VIe thèse sur Feuerbach : « L'essence humaine n'est pas une abstraction inhérente à l'individu isolé.
Dans sa réalité elle est l'ensemble des rapports sociaux.
»
• Althusser, Pour Marx (Maspéro) : « Cette phrase signifie que pour rencontrer et trouver la réalité à laquelle on
fait allusion en cherchant non plus l'homme abstrait mais l'homme réel, il faut passer à la société, et se mettre à
l'analyse de l'ensemble des rapports sociaux.
» p.
254.
• L.
Sève, Marxisme et théorie de la personnalité (Ed.
Sociales) : « Ainsi les hommes dont Marx et Engels
disent qu'ils font l'histoire, sont eux-mêmes de part en part des produits de l'histoire.
» p.
154.
Cela pouvant être compris si l'on retient bien que « l'essence humaine n'est pas une abstraction inhérente à
l'individu isolé.
Dans sa réalité, elle est l'ensemble des rapports sociaux ».
• Gramsci, Matèrialismo strorico : « Que la « nature humaine » soit « l'ensemble des rapports sociaux » est la
réponse la plus satisfaisante, car elle inclut l'idée de devenir : l'homme devient, se change continuellement par le
changement des rapports sociaux et parce qu'il nie l' « homme en général ».
On peut dire que la « nature de l'homme
» est l' « histoire » si précisément on donne au mot histoire le sens de « devenir », dans une concordia discors qui
ne part pas de l'unité, mais a en elle les raisons d'une unité possible.
C'est pourquoi la « nature humaine » ne peut
se retrouver en aucun homme particulier mais en toute l'histoire du genre humain...
tandis qu'en chaque être
singulier on trouve des caractères mis en relief par la contradiction avec ceux des autres.
» p.
31.
• Roger Garaudy, Peut-on être communiste aujourd'hui ?
— L'homme est sujet de l'histoire, p.
95.
— L'homme ne se réduit pas aux rapports sociaux qui le conditionnent, pp.
46, 105, 379.
— L'homme produit les relations sociales, p.
105.
— C'est par l'homme que naît le sens de l'histoire, p.
298.
— L'activité spécifiquement humaine est l'acte de créer des valeurs, p.
232.
• Engels, Études philosophiques (Éd.
Sociales) : « Mais deuxièmement, l'histoire se fait de telle façon que le
résultat final se dégage toujours des conflits d'un grand nombre de volontés individuelles, dont chacune à son tour
est faite telle qu'elle est par une foule de conditions particulières d'existence...
C'est ainsi que l'histoire jusqu'à nos
jours se déroule à la façon d'un processus de la nature et est soumise aussi, en substance, aux mêmes lois de
mouvement qu'elle.
Mais de ce que les diverses volontés — dont chacune veut ce à quoi la poussent sa constitution
physique et les circonstances extérieures, économiques en dernière instance (ou ses propres circonstances.
»
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