Dans quelle mesure le désir est il lié à l'inconscient?
Extrait du document
«
Le désir est de nature ambiguë et contradictoire.
C'est pour cela qu'il a souvent été jugé négativement par la
philosophie.
Le désir semble rechercher la satisfaction mais en même temps ne cesse de renaître une fois assouvie.
En fait l'objet du désir semble obscur et c'est peut être cela qui fait que nous ne pouvions jamais être satisfaits.
Sa
naissance même semble problématique.
Freud fait de l'inconscient le réservoir des désirs.
Ceux-ci viendraient de
pulsions inconscientes.
Cependant, pour que le désir puisse trouver satisfaction ne doit-il pas advenir à la
conscience ? Mais les désirs conscients ne sont-ils que des traductions dénaturées des désirs inconscients et
refoulés ? Ne doit-on pas dès lors chercher à les faire advenir à la conscience ?
Le ça, pôle pulsionnel réservoir de désirs
Ainsi, Spinoza affirme que nous ne « désirions aucune chose, parce que nous la jugeons bonne ; mais, au contraire,
nous jugeons qu'une chose est bonne parce que nous nous efforçons vers elle[…] et désirons.
»( Ethique.
Dès lors,
d'où vient le désir ?
«Chaque chose, autant qu'il est en elle, s'efforce de persévérer dans
son être.
[...]
L'effort par lequel chaque chose s'efforce de persévérer dans son être
n'est rien en dehors de l'essence actuelle de cette chose.
[...]
L'Âme, en tant qu'elle a des idées claires et distinctes, et aussi en tant
qu'elle a des idées confuses, s'efforce de persévérer dans son être
pour une durée indéfinie et a conscience de son effort.
[...]
Cet effort, quand il se rapporte à l'Âme seule, est appelé Volonté ;
mais, quand il se rapporte à la fois à l'Âme et au Corps, est appelé
Appétit ; l'appétit n'est par là rien d'autre que l'essence même de
l'homme, de la nature de laquelle suit nécessairement ce qui sert à sa
conservation ; et l'homme est ainsi déterminé à le faire.
De plus, il n'y a
nulle différence entre l'Appétit et le Désir, sinon que le désir se
rapporte généralement aux hommes, en tant qu'ils ont conscience de
leurs appétits, et peut, pour cette raison, se définir ainsi : le Désir est
l'Appétit avec conscience de lui-même.
Il est donc établi par tout cela
que nous ne nous efforçons à rien, ne voulons, n'appétons et ne
désirons aucune chose, parce que nous la jugeons bonne ; mais, au
contraire, nous jugeons qu'une chose est bonne parce que nous nous
efforçons vers elle, la voulons, appétons et désirons.» SPINOZA.
Spinoza montre ici que l'homme est un être de désir qui se définit de façon dynamique par son « effort » pour «
persévérer dans l'être », c'est-à-dire pour conserver et accroître sa puissance d'agir.
Le désir ne se subordonne pas
au bien, c'est lui au contraire qui est créateur de toute valeur pour l'homme.
Chaque chose fait toujours un « effort » (conatus) pour persévérer dans son être, c'est-à-dire produit un effort
existentiel pour se conserver et accroître sa puissance.
Elle exprime une partie de la puissance de Dieu et, en ce
sens, n'a rien en elle par quoi elle pourrait être détruite : rien de ce qui est en elle n'est contre elle, tout y tend à
sa conservation et à l'augmentation de sa puissance.
Chaque chose produit cet effort « autant qu'il est en elle », c'est-à-dire selon sa puissance d'être, mais ni plus ni
moins, parce que cet effort qualifie proprement ce qu'elle est, il n'est rien d'autre que son « essence actuelle », ce
qu'elle est en acte (ce qui existe réellement, par opposition à ce qui est « en puissance », seulement susceptible
d'exister).
Spinoza donne une définition dynamique de l'homme en identifiant son âme et ce désir d'accroître sa puissance d'agir
de façon « indéfinie ».
Aucune limite temporelle ne l'entrave, et la mort vient toujours des causes extérieures.
Ce
désir n'est pas seulement désir de conservation (puisqu'il s'agit pour chaque être d'accroître sa puissance d'agir), ni
de possession (puisque la joie qui résulte de la possession d'un bien se définit comme conscience d'un accroissement
de la puissance intérieure d'exister) : c'est un désir d'être, non pas de survivre ou de posséder.
Désir, volonté et appétit sont bien la même chose, le même effort, mais envisagé de points de vue différents, de
même que le corps et l'âme expriment la même essence respectivement sous les attributs de l'étendue et de la
pensée.
L'idée d'une volonté libre qui pourrait venir s'opposer à l'appétit n'est qu'une illusion puisque tous deux se
rangent sous la dénomination générale du désir.
Enfin, puisque l'homme est d'abord un être de désir et non pas un sujet de la connaissance ou de la morale,
l'essence de l'esprit est d'être désir.
Le désir est coextensif à l'esprit, il est donc toujours conscient, et détermine
tout jugement de connaissance ou de valeur.
Ce texte illustre le renversement moderne qui consiste à montrer que
c'est le désir qui crée les valeurs, et non la valeur qui détermine le désir.
Pour les Anciens, le désir résulte de l'amour
; pour les Modernes, c'est l'inverse.
Freud répond à cette question dans sa deuxième topique.
Selon lui, le « ça » est un pôle pulsionnel inconscient, d'où
sortent les désirs.
Il est gouverné par un principe de plaisir qui a pour but d'assouvir tous les désirs du ça.
Les désirs
du ça ne périssent pas et ignorent les jugements de valeur.
Ainsi, pour le psychanalyste, les rêves sont des réalisations des désirs.
« Le désir est l'excitateur du rêve, la
réalisation de ce désir forme le contenu du rêve.
»( Introduction à la psychanalyse).
»
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