Dans quelle mesure l'art est-il un fait social ?

« Sujet 100060 Dans quel mesure l'art est il un fait social? L'ordre social est constitué par un ensemble de règles, d'institutions, de comportements individuels et collectifs sous-tendus par une multitude de représentations, individuelles dans le sens où elles font partie de la mentalité de chaque individu mais surtout collectives parce que produits du groupe social.

Se demander si l'art est un fait social, c'est se demander dans quelle mesure il est déterminé par la société.

Cette interrogation semble paradoxale dans la mesure où l'art se définit premièrement comme une pratique individuelle et originale.

Mais la production de l'oeuvre d'art ne relève-t-elle pas de l'avancée technique et spirituelle d'une société? De plus, l'art a besoin d'un public.

Comment s'effectue cette rencontre? Mais la sociologie de l'art permet-elle de comprendre tous les mécanismes de l'art? I la production de l'art est déterminée par la mentalité et la technique d'une époque Pour Nietzsche, le créateur même d'une oeuvre se rattache à toute une série de conditionnement.

Ce qu'il appelait les "trois M" : le milieu, le moment et la mode.

L'artiste est en effet déterminé par son époque et par son mode de pensée, ses moeurs. Ainsi, Michel Foucauld dans Les mots et les choses, montre comment la conception même de l'oeuvre d'art est déterminée et liée à la pensée de l'époque, à la manière de concevoir le monde et la connaissance de celui.

Ainsi à la renaissance, c'est à travers la ressemblance que se fonde le savoir.

Ainsi l'oeuvre d'art se basera aussi sur ce principe et sa fonction sera celle du miroir. De plus, les techniques et matériaux de l'oeuvre sont conditionnés par les possibilités techniques d'une époque.

Ainsi la photographie n'a pu apparaître que parce que les découvertes scientifiques avaient mis en évidence que le nitrate noircissait à la lumière.

De même les peintres ont pu aller peindre directement dans la nature que parce qu'on avait inventé la peinture en tube. C'est pourquoi Marx disait que "n'importe quel autre artiste, a été conditionné par les progrès techniques que l'art avait réalisés avant lui, par l'organisation de la société et la division du travail qui existaient là où il habitait, et enfin par la division du travail".

Ainsi Etienne Souriau dans Avenir de l'esthétique souligne la similitude de l'art et de l'industrie.

Il parle en effet d'un peintre qui refait son tableau parce "son marchand de tableaux lui demande." II La réception de l'oeuvre d'art donne un caractère collectif à l'art Tout oeuvre d'art a besoin d'un public et cette rencontre entre les deux se fait désormais par le biais d'institutions publiques que sont les musées. Ils ont en effet remplacé les collections privées. Pierre Bourdieu dans L'amour de l'art montre que la fréquentation des musées dépend de la classe sociale des spectateurs.

De plus, le public ne "s'est généralement pas trouvé par hasard en présence de l'oeuvre." Pour Etienne Souriau, la rencontre avec l'art ne s'effectue pas directement par l'amour de l'art, mais aussi "par sociabilité générale" De même, pour Hume, le spectateur est porteur des préjugés de son époque et n'arrive pas vierge devant l'oeuvre.

Il est obligé s'il veut apprécier l'oeuvre à sa juste valeur, de se mettre à la place du public pour qui l'oeuvre fut composée, sans quoi, "tout pénétré des moeurs de son pays, [il] condamne avec âpreté ce qui paraissait admirable".

Voltaire dira aussi que le goût collectif est sujet à des modes. III L'oeuvre d'art comme création personnelle du génie est libre et intemporelle Mais si l'oeuvre d'art est influencée par les moeurs, les techniques, comment expliqué la dimension subjective de l'oeuvre dont le propre du créateur est d'être un génie unique et individuel? L'artiste est certes le fils de son époque, mais malheur à lui s'il est aussi son disciple.

SCHILLER Pour Weber dans la Psychologie de l'art, la création artistique "diffère de l'invention technique.

Une machine, un appareil répondent à une besoin clairement ressenti; et ils n'ont qu'une destination.

" Au contraire, une oeuvre d'art jaillit plutôt d'une causalité subjective que d'une finalité objective, combe un besoin de l'artiste." L'oeuvre d'art est avant tout création libre de forme.

Elle est "l'expression d'une émotion individuelle, d'un sentiment ou la traduction d'un imaginaire.

" comme l'affirme Baudelaire. Pour Kant, les beaux-arts sont les arts du génie, qui est à la fois original et exemplaire puisque "disposition innée de l'esprit par laquelle la nature donne les règles de l'art".

Ainsi l'art n'est pas déterminé par les règles d'une société mais c'est le génie qui lui donne ses règles. Puisque pour lui, le beau, caractéristique de l'art, est ce qui plaît universellement et sans concept.

L'oeuvre d'art se reconnaît en ce qu'elle plaît à travers les âges. Il est indéniable que l'art, autant dans sa production que dans sa réception, est soumis aux lois et aux moeurs sociétales.

Ses techniques sont attachées aux avancées scientifiques et techniques d'une époque et sa réception est influencée par la mentalité de la société.

Pourtant, l'art se définit par la subjectivité de l'artiste et par la création libre de formes et de composition.

Le chef d'oeuvre est création du génie et atteint l'universalité en se détachant du sensible.

Ainsi, le propre de l'artiste est de composer avec les formes de son époque pour les faire évoluer en leur donnant une dimension universelle.. »