Dans quelle mesure la souffrance peut-elle être utile ?
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«
Analyse
• La souffrance est un état de douleur, physique ou psychologique.
La réponse au sujet peut varier selon que l'on
considère la souffrance physique ou la souffrance morale.
Le sens commun voudrait que l'on rejette toute souffrance et qu'elle apparaisse toujours comme négative et
nuisible.
Il faudra donc chercher dans quels cas et pourquoi il peut en être autrement.
• Ce qui est utile nous apporte un bénéfice, est avantageux.
Encore faut-il se demander à qui la souffrance serait
utile : à soi-même, à la société ? Et dans l'immédiat ou à long terme ? Serait-ce une utilité sur un plan individuel ou
collectif, moral, artistique etc.
?
Problématisation
Il faut s'étonner de ce qu'une souffrance puisse être utile.
La souffrance n'est-elle pas ce qui nous effraie, ce que
nous rejetons et tentons d'éviter ? Pourtant, la souffrance, en tant qu'obstacle, est également ce qui nous permet
de progresser et de dépasser certaines étapes.
Comment ce qui nous semble négatif par essence peut-il être utile
et apporter un bien ? N'est-ce pas antinomique ? Quel serait alors le sens de la souffrance ?
I – L'absence de souffrance est le but à atteindre
• La souffrance est ce qui nous rend malheureux : quelle utilité aurait-elle, puisqu'elle fait de la vie un fardeau ?
Pour Epicure, l'homme doit chercher à éradique la souffrance, qui est pour lui la source de tout mal.
Il s'agit pour lui de la souffrance aussi bien physique que morale.
Le but de l'homme est le bonheur, une forme de
sérénité, qui ne peut passer que par l'absence de souffrance.
Dans cette perspective, non seulement la souffrance
n'est jamais utile, mais elle doit aussi être fuie.
• « Le plaisir que nous avons en vue est caractérisé par l'absence de souffrance corporelles et de troubles de
l'âme » (Lettre à Ménécée).
Parvenir à éloigner la souffrance est une sagesse qui conduit au bonheur d'une vie
vertueuse.
La philosophie est une discipline ou un art qui procure la santé de l'âme.
Jeune ou vieux, on a toujours intérêt à la pratiquer.
Procurant la santé de
l'âme, elle procure le bonheur, et il n'est jamais trop tôt ou trop tard pour y
avoir droit.
L'homme âgé méditera sur le temps passé et les biens qui lui ont
été accordés.
L'homme jeune apprendra le courage et l'intrépidité face à
l'avenir.
La philosophie enseigne un bonheur qui ne se trouve pas dans les
jouissances de la vie matérielle ou la consommation effrénée des biens.
Elle
éveille la raison, qui permet de bien juger et de choisir entre ce qu'il convient
de poursuivre et ce qu'il faut préférer abandonner.
Rejetant les vaines
opinions, elle guérit les troubles de l'âme.
Appréciant et mesurant les justes
valeurs de la vie, elle permet d'accéder à la sagesse.
L'homme sage est celui
qui se tient dans une juste appréciation des dieux : êtres immortels et
bienveillants, ils ne sont pas à craindre car ils ne se soucient pas de nos bas
sentiments humains; il ne redoute pas la mort, car il sait que la vie n'est pas
désirable au point de la vouloir éternelle et que sa durée limitée nous incite à
en profiter autant qu'il est raisonnablement possible.
La sagesse que vise le
philosophe saisit le sens de la vie : un mal extrême ne dure pas longtemps et
ne cause que des peines légères, tandis que le souverain bien est à la portée
de tous.
Guérissant ainsi tous les troubles de l'âme, la philosophie nous
permet de vivre comme des dieux parmi les hommes.
Si la crainte est ce qui
s'oppose en tout premier lieu à la vie philosophique, il ne faudra pas pour s'en
délivrer, se mettre en quête d'opinions vaines ou de théories sans raisons,
mais d'une doctrine qui engendre l'absence de trouble (ataraxie) : "car il n'y a rien dans la vie de redoutable pour
celui qui a compris correctement qu'il n'y a rien de redoutable dans le fait de ne pas vivre".
Transition : Deux problèmes :
- La souffrance peut-elle être réellement éradiquée ?
- N'est-ce pas justement le propre de l'humain que de souffrir ? Ce qui serait justement l'utilité de la souffrance.
II – La souffrance est ce qui donne le sens et la conscience de l'existence
a.
La souffrance est une alerte
• D'une manière évidente, c'est le cas de la souffrance physique : sans la sensation désagréable de chaleur lorsque
nous approchons la main du feu, nous ne l'éviterions pas et nous brûlerions..
»
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