Dans quelle mesure la démocratie dépend de l'efficacité et de la réussite de son projet éducatif ?

« Discussion : L'école a toujours été un sujet décisif dans toute société, qu'elle soit démocratique ou non, et même, si l'on tient compte de l'importance donnée à l'éducation dans les systèmes autocratiques, on peut en inférer que cette dimension de l'état est essentielle quant à son avenir et son maintien. Suggestion de plan : Première partie : L'éducation dans l'organisation démocratique Victor Hugo prétendait qu'un enfant lettré, c'était un esclave de moins.

Selon la doctrine des démocrates du XIXème siècle, il fallait penser l'accès au savoir comme la condition même d'une désaliénation.

C'est ainsi notamment que s'est mise en place en France l'école de la Troisième République, école qui se pensait comme la condition de l'égalité au sein de la société et comme la voie de l'émancipation des peuples opprimés.

L'accès gratuit et obligatoire, l'enseignement jusqu'à l'adolescence ont été les piliers d'une république réclamant la liberté de tous. Deuxième partie : Multiplicité des expériences sociales « L'école n'est pas seule à instruire les jeunes.

Le milieu et l'époque ont sur eux autant et plus d'influence que les éducateurs.

» Variété, le Bilan de l'intelligence Valéry.

Toute société se donne des règles strictes quant à son fonctionnement institutionnel, ce à quoi l'école n'échappe pas, néanmoins, les cadres de l'école sont toujours soumis à discussion, dans la mesure où ceux qui s'y rendent sont jeunes et partiellement influençables.

Toute organisation apparaît comme coercitive, et la tentation la plus forte, plutôt que la soumission est celle de la révolte : « Un des plus grands problèmes de l'éducation est le suivant : comment unir la soumission sous une contrainte légale avec la faculté de se servir de sa liberté ? Car la contrainte est nécessaire ! Mais comment puis-je cultiver la liberté sous la contrainte ? » Réflexions sur l'éducation Kant, Emmanuel. On peut donc vouloir réguler le corps social, celui-ci est soumis à sa dynamique propre, induite par le contexte historique.

L'éducation n'est qu'un aspect d'un environnement multiple et ce qui pèse le plus sur la conscience de l'enfant ou de l'adolescent n'est pas nécessairement le discours des maîtres. Troisième partie : L'école de la pensée L'idée de Victor Hugo, selon laquelle l'instruction allait libérer une jeunesse souffrante et dépossédée d'elle-même, ne s'est nullement vérifiée ; d'autant moins vérifiée que les grands états démocratiques inventaient en même temps que l'école la propagande sous la forme des media, et soumettaient très vite un peuple censé se libérer à la pression des discours de la radio, de la télévision ou de la publicité.

« L'instruction, dans les grands Etats, sera toujours tout au plus médiocre, par la même raison qui fait que, dans les grandes cuisines, on cuisine tout au plus médiocrement.

» Humain, trop humain, Nietzsche.

Donc, l'éducation n'est jamais qu'une entreprise partiellement inaccomplie. Donc, la seule véritable solution pour l'assise de la démocratie tient dans l'accès à la pensée et à la réflexion : « Toute philosophie est à la fois l'exposition d'un système et l'indication d'une méthode de salut, la description de l'univers considéré à la fois dans sa profondeur et dans son ensemble et la recherche des chemins que l'homme doit suivre pour passer de l'angoisse et de la servitude à la béatitude et à la liberté.

» GASTON BERGER.

Philosophie de l'Éducation.

Or, aucune société jusqu'alors n'a consenti à cette liberté-là, puisqu'elle serait paradoxalement, la condition de sa propre disparition. Conclusion : Les projets éducatifs sont souvent assimilables à des projets d'auto-conservation, en ce sens ils contiennent les éléments de leur propre perversion.

Une société qui ferait de l'école une base ouverte et franche, honnête et libre de discussion, de connaissance et d'échange, c'est ce qui ne s'est encore jamais vu, puisque cette école-là serait justement le contraire d'une institution.. »