Dans la préface de Cromwell Hugo affirme: « On répète néanmoins, et quelque temps encore sans doute on ira répétant : "Suivez les règles ! Imitez les modèles ! Ce sont les règles qui ont formé les modèles !" Un moment ! Il y a en ce cas deux espèces de
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Dans le cadre de la production artistique et littéraire, la mimesis, héritière de la Poétique d'Aristote, s'inscrit à l'intérieur d'un réseau sémantique complexe qui révèle qu'imiter ne signifie pas copier mais bel et bien remanier et reprendre, refaire et renouveler. Avec la préface de Cromwell, en avançant que : « On répète néanmoins, et quelque temps encore sans doute on ira répétant : " Suivez les règles ! Imitez les modèles ! Ce sont les règles qui ont formé les modèles ! " Un moment ! Il y a en ce cas deux espèces de modèles, ceux qui se sont faits d'après les règles, et, avant eux, ceux d'après lesquels on a fait les règles. Or dans laquelle de ces deux catégories le génie doit-il se chercher une place ? Quoiqu'il soit toujours dur d'être en contact avec les pédants, ne vaut-il pas mille fois mieux leur donner des leçons qu'en recevoir d'eux ? Et puis, imiter ? Le reflet vaut-il la lumière ? le satellite qui se traîne sans cesse dans le même cercle vaut-il l'astre central et générateur ? ». En affirmant cela, Victor Hugo défend que l'artiste pur, le génie ne doit pas s'abaisser à imiter les modèles car « les règles qui ont formé les modèles » l'aliènent et font de lui un « satellite » au lieu d' »un astre central et générateur » source de lumière et de progrès. Cependant l'imitation n'est pas un frein à l'invention qu'elle favorise même.
La première source d'inspiration et le premier modèle des artistes a été la nature. De sa visite à la maison d'Auguste et de la découverte des grotesques Horace tire le principe de l'ut pictura poesis , qui refuse à tout artiste le droit de représenter ce qui ne serait pas issu de la nature, et qui sera le credo de tous les artistes jusqu'au XIXe siècle. En effet, la nature étant une création divine elle est source de perfection et aucun artiste ne saurait produire une oeuvre supérieure à l'oeuvre de Dieu. De ce principe découle une hiérarchisation des genres qui se met progressivement en place, surtout grâce à Alberti pour la peinture, puis pour la littérature grâce à la Pléiade. En peinture les oeuvres représentant l'homme sont toujours plus nobles que celles représentant un paysage. La nature morte est considérée comme le genre le moins noble car dénué de vie. Un peintre ne peut prétendre être un grand peintre que s'il excelle dans la peinture d'histoire. Ainsi Diderot se désolera toute sa vie de voir son ami Chardin ne produire que des natures mortes, alors qu'il le considérait comme un génie.
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Quoting joffrin marie :
Demande d'échange de corrigé de joffrin marie ([email protected]).
Sujet déposé :
Dans la préface de Cromwell Hugo affirme: « On répète néanmoins, et quelque temps encore sans doute on ira
répétant : "Suivez les règles ! Imitez les modèles ! Ce sont les règles qui ont formé les modèles !" Un moment ! Il y a
en ce cas deux espèces de modèles, ceux qui se sont faits d'après les règles, et, avant eux, ceux d'après lesquels
on a fait les règles.
Or dans laquelle de ces deux catégories le génie doit-il se chercher une place ? Quoiqu'il soit
toujours dur d'être en contact avec les pédants, ne vaut-il pas mille fois mieux leur donner des leçons qu'en recevoir
d'eux ? Et puis, imiter ? Le reflet vaut-il la lumière ? le satellite qui se traîne sans cesse dans le même cercle vaut-il
l'astre central et générateur ? ».
En affirmant cela, Victor Hugo défend que l'artiste pur, le génie ne doit pas
s'abaisser à imiter les modèles car « les règles qui ont formé les modèles » Qu'en pensez-vous?
Dans le cadre de la production artistique et littéraire, la mimesis, héritière de la Poétique d'Aristote, s'inscrit
à l'intérieur d'un réseau sémantique complexe qui révèle qu'imiter ne signifie pas copier mais bel et bien remanier
et reprendre, refaire et renouveler.
Avec la préface de Cromwell, en avançant que : « On répète néanmoins, et
quelque temps encore sans doute on ira répétant : " Suivez les règles ! Imitez les modèles ! Ce sont les règles qui
ont formé les modèles ! " Un moment ! Il y a en ce cas deux espèces de modèles, ceux qui se sont faits d'après les
règles, et, avant eux, ceux d'après lesquels on a fait les règles.
Or dans laquelle de ces deux catégories le
génie doit-il se chercher une place ? Quoiqu'il soit toujours dur d'être en contact avec les pédants, ne vaut-il pas
mille fois mieux leur donner des leçons qu'en recevoir d'eux ? Et puis, imiter ? Le reflet vaut-il la lumière ? le satellite
qui se traîne sans cesse dans le même cercle vaut-il l'astre central et générateur ? ».
En affirmant cela, Victor Hugo
défend que l'artiste pur, le génie ne doit pas s'abaisser à imiter les modèles car « les règles qui ont formé les
modèles » l'aliènent et font de lui un « satellite » au lieu d' »un astre central et générateur » source de lumière et
de progrès.
Cependant l'imitation n'est pas un frein à l'invention qu'elle favorise même.
La première source d'inspiration et le premier modèle des artistes a été la nature.
De sa visite à la maison
d'Auguste et de la découverte des grotesques Horace tire le principe de l'ut pictura poesis , qui refuse à tout artiste
le droit de représenter ce qui ne serait pas issu de la nature, et qui sera le credo de tous les artistes jusqu'au XIXe
siècle.
En effet, la nature étant une création divine elle est source de perfection et aucun artiste ne saurait
produire une oeuvre supérieure à l'oeuvre de Dieu.
De ce principe découle une hiérarchisation des genres qui se met
progressivement en place, surtout grâce à Alberti pour la peinture, puis pour la littérature grâce à la Pléiade.
En
peinture les oeuvres représentant l'homme sont toujours plus nobles que celles représentant un paysage.
La
nature morte est considérée comme le genre le moins noble car dénué de vie.
Un peintre ne peut prétendre être un
grand peintre que s'il excelle dans la peinture d'histoire.
Ainsi Diderot se désolera toute sa vie de voir son ami
Chardin ne produire que des natures mortes, alors qu'il le considérait comme un génie.
Les artistes anciens ou contemporains constituent une source d'inspiration majeure.
Imiter un artiste c'est
dire toute son admiration et sa dette.
En effet, Ghiberti dans les Commentaires affirme qu' « il est impossible seul de
parvenir à monter si haut ».
Un artiste ne crée donc que parce que d'autres ont créé avant lui.
Racine dans la
préface de Phèdre reconnait l'influence d'Euripide.
L'influence de Sénèque est encor plus importante, Racine
n'hésitant pas à lui « emprunter » des passages entiers notamment la scène de l'aveu.
Rappeler ce qu'il doit à
Euripide est important car les hellénistes sont à l'époque beaucoup moins nombreux que les latinistes qui ont
immédiatement reconnu Sénèque.
De même on imite volontiers ces contemporains pour marquer son
admiration généralement, aussi pour rivaliser avec lui.
Dans Cyrano de Bergerac Rostand évoque l'imitation lors de la
dernière scène.
Raguenot apprend à Cyrano mourant que Molière lui a « pris » une scène, celle de « que diable
alla-t-il faire dans cette galère » utilisée dans les Fourberies de Scapin.
Parfois cependant l'imitation n'est pas volontaire et relève de ce qu'Émile Faguet appelle « l'innutrition », soit
l'assimilation personnelle des sources livresques, d'autant plus que les collèges de jésuites constituaient un moule
qui influençaient par la suite le style et le choix des sujets.
Il en est de même pour l'apprentissage en atelier où la
copie est la base de la formation.
L'imitation relève d'une rectification de l'esprit, d'une idéalisation car on ne représente que ce qui est digne d'être
représenté.
De même on n'imite que ce qui est digne d'être imité.
Ce principe conduit par exemple à imiter à la
Renaissance une Antiquité plus fantasmée que réelle.
Dans le Saint Sébastien Mantegna réinvente l'Antiquité
en représentant des fragments de statue aux pieds du saint qui ne sauraient être réels, de même que les costumes
des soldats ou la ville au dernier plan.
Le Laocoon, quant à lui, présente des corps harmonieux et élancés même
sous la douleur qui n'a pas d'écho dans la réalité.
L'imitation bien qu'elle repose sur des règles laisse une place à
l'imitation puisqu'elle n'est pas copie mais remaniement de l'esprit.
Victor Hugo, en s'opposant à l'imitation, défend la figure de l'artiste romantique : pur, génial, capable de création
pure (puisque creatio signifie tiré du néant) et source de progrès.
L'imitation empêcherait l'artiste.
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