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Croyez-vous qu'il y ait un moyen simple de distinguer sans aucune ambiguïté une observation scientifique et une expérimentation scientifique ? Si vous le pensez, indiquez ce moyen en donnant vos raisons. Si vous ne le pensez pas, expliquez à quoi peut te

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INTRODUCTION. Les fontainiers de Florence constatent que l'eau, dans les pompes, ne dépasse pas la hauteur de 30 pieds; TORRICELLI, de son côté, fait, pour le mercure, une constatation analogue : le tube ne s'emplit pas, malgré le vide... Mis au courant de ces constatations et de l'idée de TORRICELLI, PASCAL fait ses expériences fameuses. La pression atmosphérique était découverte. Dans un, tel cas, il a pu paraître assez facile de distinguer les deux procédés essentiels de toute méthode expérimentale : observation et expérimentation. En est-il toujours ainsi ? I - OBSERVATION ET EXPÉRIMENTATION : DIFFÉRENCES. D'après les exemples cités et d'autres faciles à trouver, on définit ordinairement l'observation : une étude des phénomènes tels qu'ils se produisent spontanément, pour suggérer une hypothèse sur la cause du fait. L'expérimentation serait, au contraire, l'étude d'un fait provoqué par l'expérimentateur, dans des conditions déterminées par lui, pour, vérifier ou juger une hypothèse déjà faite. D'où différence à la fois dans l'objet, le but, les conditions et, plus ou moins, les dispositions du savant (rôle plus actif dans l'expérimentation que dans l'observation). Ces signes distinctifs peuvent être constatés dans bon nombre de cas, surtout dans les sciences physiques.

« Croyez-vous qu'il y ait un moyen simple de distinguer sans aucune ambiguïté une observation scientifique et une expérimentation scientifique ? Si vous le pensez, indiquez ce moyen en donnant vos raisons.

Si vous ne le pensez pas, expliquez à quoi peut tenir qu'il n'y ait point .de tel moyen simple et complètement satisfaisant pour l'esprit. INTRODUCTION.

Les fontainiers de Florence constatent que l'eau, dans les pompes, ne dépasse pas la hauteur de 30 pieds; TORRICELLI, de son côté, fait, pour le mercure, une constatation analogue : le tube ne s'emplit pas, malgré le vide... Mis au courant de ces constatations et de l'idée de TORRICELLI, PASCAL fait ses expériences fameuses. La pression atmosphérique était découverte. Dans un, tel cas, il a pu paraître assez facile de distinguer les deux procédés essentiels de toute méthode expérimentale : observation et expérimentation.

En est-il toujours ainsi ? I - OBSERVATION ET EXPÉRIMENTATION : DIFFÉRENCES. D'après les exemples cités et d'autres faciles à trouver, on définit ordinairement l'observation : une étude des phénomènes tels qu'ils se produisent spontanément, pour suggérer une hypothèse sur la cause du fait. L'expérimentation serait, au contraire, l'étude d'un fait provoqué par l'expérimentateur, dans des conditions déterminées par lui, pour, vérifier ou juger une hypothèse déjà faite. D'où différence à la fois dans l'objet, le but, les conditions et, plus ou moins, les dispositions du savant (rôle plus actif dans l'expérimentation que dans l'observation).

Ces signes distinctifs peuvent être constatés dans bon nombre de cas, surtout dans les sciences physiques. II.

— OBSERVATION ET EXPÉRIMENTATION : POINTS COMMUNS. Mais, à 'examiner les choses de plus près, on peut constater : 1° Que le rôle, du savant, même dans l'observation, ne doit pas rester passif; il faut comprendre le fait, le rattacher, l'interpréter, le débarrasser des ,circonstances et qualités inutiles ou nuisibles; on y est aidé par les instruments, fruit du travail, de l'esprit humain. 2° D'autre part, il existe « des expériences pour voir » qui sont bien provoquées, mais simplement pour tâcher de surprendre un secret de la nature comme « pour pêcher en eau trouble » (Cl.

BERNARD), non pour juger une hypothèse qui n'existe pas encore.

Dans ce cas, la différence de but manque entre observation et expérimentation; et ne pourrait-on Pas dire qu'on a là une observation provoquée dans le but de faire naître une idée ? 3° D'autres fois encore, on a bien une idée à vérifier, mais il est impossible, pour une raison ou pour une autre, de provoquer le fait à observer.

C'est ce qui arrive souvent en biologie, en psychologie, ou sociologie. Il faut alors se contenter des faits cruciaux ou des faits privilégiés ou encore de certaines circonstances qui semblent préparées par la nature : maladie et guérison; épidémie semblable en diverses régions; accidents mettant à nu le fonctionnement d'un organe. L'expérience de PASCAL elle-même, citée plus haut, est-elle autre chose qu'une double observation au pied et au sommet de la tour Saint-Jacques ? Ici, ce qui manque, c'est la différence d'origine entre les deux procédés.

On a alors de véritables observations actives ou expériences passives avec certaines applications des tables de STUART MILL et BACON : c'est le principe de la méthode comparative. Mais, véritablement, le moyen simple de distinguer sans aucune ambiguïté observation et expérimentation semble difficile à trouver; car le fait n'est pas provoqué, mais spontané : il manque la différence d'objet. III.

— ESSAI D'EXPLICATION. A quoi cela peut-il tenir ? 1° D'abord à la difficulté d'instaurer en certains domaines (surtout astronomie, biologie, psychologie et sociologie) une expérimentation concluante : a) Soit parce qu'on a affaire à des objets et phénomènes éloignés ou complexes où la « coïncidence solitaire » des méthodes de STUART MILL est comme impossible à réaliser; b) Soit parce que la nature ou la dignité de l'être étudié rend l'expérimentation illégitime. Dans les deux cas, il faudra donc se contenter de ce qu'on peut avoir : première raison qui rend difficile une distinction dans tous les cas. 2° Mais, d'autre part, dans l'observation comme dans l'expérimentation, l'esprit et les faits ont une part, et la méthode expérimentale n'est-elle pas une « constante collaboration de l'esprit et des choses » ? Dans ce travail mutuel et indépendant, la part de chaque facteur en chaque cas particulier et concret pourra être difficile à établir : et c'est la deuxième raison. CONCLUSION.

— Aussi, tout en maintenant la distinction classique entre observation scientifique et expérimentation scientifique qui est assez facile à faire en bon nombre de cas, il semble préférable de les présenter comme deux moments d'une même méthode, la méthode expérimentale dans laquelle deux facteurs jouent un rôle capital : les faits dans leur multiplicité complexe, cachant un ordre à découvrir: l'esprit toujours à la fois actif et docile pour lire et deviner cet ordre, et même pour interroger de bonne foi la nature sur ses plus intimes secrets. Peut-être, pourrait-on dire précisément que, dans les différentes opérations portant le nom d'expériences (expériences proprement dites, expériences, pour voir, expériences passives), l'esprit développe son action avec plus d'originalité que dans la simple observation.. »

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