Croire, est-ce renoncer à l'usage de la raison ?
Extrait du document
«
Analyse du sujet.
• Croire, c'est adhérer à une proposition, à une thèse, à une valeur dont on ne peut donner aucune justification
rationnelle.
C'est affirmer quelque chose qu'on tient pour vrai, sur la simple foi de l'autorité ou de la confiance.
• Renoncer consiste à abandonner volontairement quelque chose.
• Par l'usage de la raison, on entend l'exercice, l'utilisation de certaines facultés de penser telles que l'abstraction,
le jugement, la démonstration et, par extension, toute méthode logique ou scientifique.
Identification de la problématique.
On oppose communément la croyance et le savoir, sous prétexte que la première s'apparenterait à l'ignorance,
tandis que le second seul serait connaissance effective.
Pourtant, si la croyance peut prendre la forme névrotique
du préjugé, elle advient aussi là où la raison semble impuissante (religion), ou encore latente et inexprimée.
Faut-il
pour autant dire que la croyance est irrationnelle ? Ne pourrait-elle pas être la forme complémentaire d'une
conscience rationnelle consciente de son statut ?
Proposition de plan.
I.
La croyance ne relève pas d'une démarche rationnelle.
a.
L'opinion, qui est synonyme d'illusion, se manifeste par un refus parfois violent de la raison (Platon).
Le refus de l'absolu
Comment définir la vérité ? N'est-elle pas profondément relative et subjective ? C'est ce que pensent les adversaires
de Socrate, comme les sophistes, qui font remarquer que si l'on considère que le vrai est ce qui correspond à ce que
les hommes vivent, force est de constater que la vérité est profondément relative.
Les hommes ayant des
sensibilités différentes, ce qui est vrai pour les uns ne l'est pas forcément pour les autres.
Il faut donc dans ces
conditions non pas parler de la vérité mais des vérités, en laissant celles-ci s'exprimer.
La vérité concernant la
vérité, c'est qu'il n'existe que des vérités humaines.
La vérité absolue est une dangereuse illusion.
Il n'y a que les
hommes et leur diversité.
Tout est relatif ?
Face au relativisme des sophistes, Platon choisit une autre voie.
Est-ce la bonne méthode, demande-t-il, que de
partir du vécu des hommes afin de penser la vérité? Non! homme n'est pas la mesure de toutes choses comme le
soutient Protagoras.
L'idée de la relativité humaine de la vérité relève de la flatterie.
Dire que chacun a sa vérité,
c'est flatter l'amour-propre de tout un chacun en faisant de celui-ci le détenteur du vrai, du simple fait qu'il est.
Savoir, c'est se ressouvenir
La vérité, c'est justement que tout n'est pas affaire d'opinion et de vécu personnel; que le vrai n'est pas simplement
ce qui est «vrai pour moi» et que si on ne disposait pas de l'idée de l'homme en général, on ne pourrait même pas
parler de l'homme en particulier.
Je me connais parce que je me reconnais dans une chose qui est autre que moi et
par laquelle, me comparant à elle, j'en viens à pouvoir me penser.
Cette autre chose, c'est l'idée de ce que je
devrais être.
Un idéal du parfait présent en nous, nous permettant de progresser et de nous transformer.
b.
La foi religieuse renonce à donner une explication rationnelle de ce qu'elle tient pour la vérité.
Dans une perspective fidéiste, on ne peut accéder à une vérité religieuse que par la seule foi sans aucun recours à la raison : celle-ci
éloigne de Dieu.
Aussi , le croyant doit totalement s'abandonner aux seules principes de la Révélation[1].
« La foi est différente de la preuve : l'un
est humaine, l'autre est un don de Dieu » (Pascal)..
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