Cours sur la liberte et le devoir
Publié le 01/05/2023
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«
LIBERTE ET DEVOIR
INTRODUCTION
Lorsque nous parlons de liberté, c’est pour invariablement l’opposer à toutes les situations où
elle semble niée, dévoyée : la soumission à un autre, à un groupe, à des règles contraignantes
que je n’ai pas voulues.
Elle est refus de s’avilir dans l’indigne assujettissement de la
servitude.
En ce sens, on conçoit la liberté comme l’absence totale de contraintes.
Le devoir
justement, parce qu’il est souvent vu comme un chapelet d’interdits et de règles auxquelles les
hommes sont tenus d’obéir, est vu comme un obstacle supplémentaire.
Liberté et devoir
semble, a priori, s’opposer, voire s’exclure.
Pourtant, face au constat affligeant de ce que les
hommes font parfois de leur liberté, il serait judicieux de se demander si la sagesse ne nous
recommande pas de la réguler et de la contenir dans les limites raisonnables.
C’est ce qui
explique que les devoirs et règles morales on les retrouve dans toutes les sociétés à travers un
ensemble de codes moraux et sociaux que tous les membres ont l’obligation de respecter et de
suivre.
Quels sont liens qu’entretiennent liberté et devoir ? S’opposent-ils vraiment au point
de s’exclure ? Quel usage l’homme est-il sensé faire de sa liberté ?
I.
L’homme, un être de liberté
L’homme est un être libre.
Un être qui se veut et qui se dit libre.
Sa liberté est naturelle, innée,
comme l’écrit Rousseau, « les hommes naissent libres et égaux ».
Mais que signifie ce mot ?
Que veut dire le mot liberté ? Pour l’opinion commune, la liberté veut dire faire tout ce qu’on
veut.
L’homme est libre quand il fait ce qu’il veut.
Est libre celui qui accomplit sa volonté,
qui réalise son désir librement.
Par contre, l’homme n’est pas libre s’il est un esclave ou s’il est en prison.
Avant l’ère
moderne et contemporaine, avant l’interdiction officielle de l’esclavage, l’homme était
l’esclave de l’homme.
Des hommes appartenaient à d’autres hommes.
Il y avait d’un côté les
maitres et, de l’autre, les esclaves.
L’esclave n’est pas un homme physiquement libre.
Pareillement, le prisonnier n’est pas libre de faire ce qu’il veut.
C’est justement pour lui
enlever de sa liberté qu’il a été emprisonné.
Pour être véritablement libre, l’homme doit donc
d’abord être physiquement libre, n’appartenir à personne, ne pas être enfermé, disposer de son
corps comme il l’entend.
Un esclave et un prisonnier, par exemple, ne sont pas physiquement
libres.
Cependant, peut-on dire que la liberté est une particularité exclusivement humaine ?
L’animal, lui aussi, n’est-il pas libre ? Il est indéniable que l’animal jouit au même titre que
l’homme d’une liberté physique.
L’animal est physiquement libre dans la nature.
Il n’est pas
possédé par un autre animal, il n’est pas l’esclave d’un autre animal.
Il a une liberté de
mouvement, de déplacement.
Mais, contrairement à l’homme, l’animal n’a pas une liberté de
décision : l’animal ne décide pas, ne choisit pas, ne délibère pas.
Car l’animal n’est pas un
être pensant, un être intelligent, il n’a pas l’esprit nécessaire pour juger, analyser et délibérer.
Quand l’animal fait un acte, il le fait (presque) toujours instinctivement, biologiquement.
Par
exemple, l’abeille qui fait le miel ne peut pas librement décider la période de la production, la
forme, la quantité du miel qu’elle produit, etc.
La période, l’endroit, la forme du miel produit,
etc.
sont instinctivement inscrits dans la nature biologique de l’abeille.
L’abeille ne pourra
donc jamais librement changer son instinct.
II.
Liberté humaine et contraintes
L’homme est donc le seul être libre.
Il veut une liberté totale, une liberté sans limite.
Mais
l’homme est-il entièrement libre ? Sa liberté est-elle sans aucune contrainte ? Pour répondre à
cette question, consultons Rousseau qui, dans un très beau texte extrait de son contrat social,
effectue une comparaison entre la « liberté naturelle » et la « liberté civile ».
À l’état de
nature, imagine Rousseau, l’homme a une liberté infinie et un droit illimité.
Mais, en passant à
l’état civil, l’homme perd, par le contrat social, sa liberté naturelle.
Dans la société, il n’y a
plus une liberté illimitée, sans bornes.
À la place, il gagne une liberté civile limitée « par la
volonté générale ».
En effet, dans la société, notre liberté est contrainte par des multiples
contraintes : la loi, la religion, la tradition, la liberté de l’autre...
L’être social ne peut pas donc
jouir d’une liberté totale comme dans la nature.
A ce propos, Locke explique que la liberté
n’est pas le loisir de faire tout ce qui nous plaît, mais le loisir de suivre sa volonté
conformément à ce que la loi permet.
Notre liberté est ainsi limitée et contrainte à l’état civil.
Cette limitation est nécessaire pour la
réalisation de notre liberté.
Car si chaque individu conserve dans la société sa liberté naturelle
(sauvage), il ne serait pas possible de vivre ensemble et de jouir de nos libertés respectives.
Chaque liberté serait dans ce cas annulée par les autres libertés.
Le résultat serait
catastrophique et chaotique : la guerre, le conflit, le choc des libertés.
Ainsi accorder une
liberté totale à chaque homme conduirait directement à la violence, à ce que Hobbes qualifie «
la guerre de tous contre tous ».
Quelle solution dès lors pour éviter une telle situation chaotique ? Pour Rousseau, la loi est la
solution convenable à cette situation.
En établissant des lois, l’Etat réduit nos libertés.
Chaque
individu doit accepter de renoncer à une partie de sa liberté pour empêcher la violence, et pour
bénéficier d’une liberté certes limitée mais effective afin de vivre dans la sécurité et la paix.
De ce fait, pour Rousseau, la loi est la condition même de la liberté : s’il n’y a pas de lois, il
n’y aura pas de liberté dira notre philosophe.
Locke aussi pense la même chose.
Il écrit à ce
propos : « Il est certain que la fin d’une loi n’est pas d’abolir ou de restreindre la liberté mais
de la préserver et de l’augmenter ».
La loi est donc une restriction et une contrainte nécessaire
paradoxalement à la préservation et à la réalisation de la liberté de chacun.
III.
Liberté et déterminisme
On sait maintenant que notre liberté est contrainte.
On sait qu’elle est limitée par plusieurs
contraintes : la nature, la société, la loi, la religion, l’Etat...
Peut-on dire que notre liberté déjà
contrainte est aussi déterminée ? Ma liberté est-elle déterminée ou pas ? Cette question va
nourrir un débat philosophique très soutenu entre les philosophes du déterminisme et ceux de
la liberté.
Pour la philosophie du déterminisme, la liberté de l’homme est illusoire.
L’homme
pense être libre, agir volontairement, mais il ignore que les causes de son agir (ses actes) lui
sont extérieures.
Il se croit illusoirement libre alors que sa liberté est déterminée.
Ainsi, pour
Spinoza, la liberté humaine est déterminée par des causes extérieures que nous ignorons.
Ce
sont ces causes inconnues qui sont responsables de nos actes et non pas notre volonté ou
liberté.
Pour le....
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