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Cours de philosophie sur L'HISTOIRE.

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L'histoire ne recommence jamais, et on ne peut jamais s'enrichir de ses leçons. C'est en tout cas ce que nous enseigne l'histoire elle-même. Mais précisément, il se trouve que ce savoir historique lui-même est largement déterminé par les préoccupations du présent. Aussi, alors qu'elle prétend à une scientificité rigoureuse, elle ne peut jamais y parvenir, de sorte que l'histoire est toujours à recommencer.
1 . L'histoire est la connaissance du passé humain connaissance vérité
2) La science historique n'est que scientifique
3) Histoire originale, réfléchie, philosophique
4) Les hommes sont faits par l'histoire

« L'histoire ne recommence jamais, et on ne peut jamais s'enrichir de ses leçons.

C 'est en tout cas ce que nous enseigne l'histoire ellemême.

Mais précisément, il se trouve que ce savoir historique lui-même est largement déterminé par les préoccupations du présent. Aussi, alors qu'elle prétend à une scientificité rigoureuse, elle ne peut jamais y parvenir, de sorte que l'histoire est toujours à recommencer. 1 .

L'histoire est la connaissance du passé humain connaissance vérité Dans son livre De la connaissance historique, H.

Marrou définit l'histoire comme la connaissance du passé humain.

Cette définition doit être prise à la lettre, car elle comporte déjà l'essentiel des problèmes posés par l'histoire.

L'histoire est d'abord une connaissance, et non pas une simple "narration".

Car le but ici n'est pas de restituer le passé, de le raconter, mais d'abord de le connaître.

De ce fait, l'histoire n'est pas non plus la simple investigation du passé, qui n'est que le moyen de parvenir à la connaissance.

Car ce n'est ni le mythe, ni le roman historique, ni la tradition populaire que vise l'historien, mais la vérité. Cependant, cette vérité visée par l'historien n'est qu'un idéal, car la démarche historique, si elle vise la scientificité, n'en pose pas moins des problèmes épistémologiques importants.

Si elle se veut scientifique, l'histoire n'en présente pas moins avec les sciences exactes des différences importantes. 2) La science historique n'est que scientifique D'abord, les faits historiques ne sont jamais donnés, encore moins que ne le sont les faits physiques, qui sont déjà l'objet d'une élaboration.

Ici, le fait est purement construit, sans aucun autre substrat que ce qui reste du passé dans le présent, sous forme de documents, de témoignages, etc.

De plus, l'historien ne se contente pas d'étudier des faits au sens strict. Car comme le souligne Marrou, il étudie également "les idées, les valeurs, l'esprit".

Tandis que les sciences exactes cherchent à définir des lois, c'est-à-dire à dégager des invariants sous la multiplicité des phénomènes, l'histoire ne recherche pas du tout de telles lois, puisqu'elle se limite à la restitution d'événements passés, dans toute leur complexité.

C'est ce qui fait dire à G.

G.

Granger, dans Pensée formelle et sciences de l'homme, que l'histoire ne peut pas se ranger au nombre des sciences humaines : il n'y a pas de science du particulier. L'histoire ne cherche pas à établir des lois car, sinon, elle prétendrait aussi rendre compte de mécanismes déterminants non seulement dans le passé, mais aussi dans le présent et même le futur : elle deviendrait sociologie politique et futurologie.

Disons, avec Marrou, que l'historien vise le maximum de rigueur méthodologique dans sa démarche.

Elle constitue, selon l'expression de Granger, un "pôle de scientificité" sans être elle-même une science car l'interprétation des faits particuliers y joue toujours un grand rôle. Hegel, dans La Raison dans l'histoire, classe les différentes approches historiques possibles.

Il distingue ainsi l'histoire originale, l'histoire réfléchie, l'histoire philosophique.

L'histoire originale, c'est tout simplement la narration des événements auxquels le témoin a assisté.

Alors que l'historien Marrou conçoit cette simple narration comme non historique, Hegel lui accorde déjà un statut historique, car : "Il s'agit d'historiens qui ont surtout décrit les actions, les événements et les situations qu'ils ont vécus, qui ont été personnellement attentifs à leur esprit, qui ont fait passer dans le royaume de la représentation spirituelle ce qui était événement extérieur et fait brut [..·]." On pourrait dire que ces "narrateurs" sont représentés aujourd'hui par les journalistes, du moins lorsqu'ils ont le souci de restituer les faits dans leur complexité, sans y ajouter une interprétation personnelle clandestine. 3) Histoire originale, réfléchie, philosophique Hegel compare d'ailleurs le travail de l'historien de l'immédiat à celui du poète.

Comme lui, il est imprégné par une culture.

Comme lui, il court le risque d'interpréter les faits plus qu'il ne le croit.

On retrouve ici le problème évoqué plus haut de l'idéologie comme illusion (voir le chapitre sur l'illusion).

Aussi Hegel montre-t-il les limites de cette perspective.

Car le contenu de ces narrations est nécessairement limité, dans la mesure où le narrateur ne dispose pas de la distance nécessaire pour comprendre tout le sens des événements qu'il a vécus.

Parce qu'il n'est pas étranger aux événements, le narrateur ne peut en avoir qu'une vision limitée. Contrairement à la précédente, l'histoire réfléchissante transcende l'actualité, pour mieux en comprendre l'essence.

Elle rend présent en esprit un passé révolu.

Ici, l'historien se livre à un véritable "travail d'élaboration des matériaux historiques", qui doit s'accompagner d'un souci méthodologique rigoureux.

Au-delà de la nécessaire "compilation" des événements, il s'agit de "développer" la description d'un "monde reconstitué par la réflexion".

Cette démarche conduit alors au travail "critique", qui réfléchit sur l'histoire dans ses méthodes.

Hegel remarque cependant que si les gouvernants doivent s'inspirer de la connaissance du passé, il faut bien constater qu'ils ne se montrent guère capables d'en suivre les leçons. 4) Les hommes sont faits par l'histoire Car pour lui, chaque époque obéit à une logique qui lui est propre, à tel point que les grands hommes ne font pas l'histoire, mais sont faits par elle : ce n'est pas Napoléon qui a changé l'Europe, mais c'est en quelque sorte l'Esprit européen qui s'est réalisé par le moyen de Napoléon. La conception hégélienne de la philosophie de l'histoire présuppose l'existence d'un déterminisme historique qui serait à l'œuvre derrière les événements, et qui permettrait d'en expliquer, après coup, la logique. Nous avons vu plus haut que les historiens modernes ne peuvent pas dégager des lois dans l'histoire. Pourtant, Hegel prétendait comprendre l'histoire, le devenir humain, comme le résultat d'un processus dialectique qu'il interprétait comme le devenir de l'Esprit.

Chaque période, chaque peuple aurait ainsi une tâche qui lui est propre, dans le progrès universel de l'Esprit, qu'il comprend comme une réalité indépendante des individus. Marx va systématiser cette approche en montrant que l'histoire obéit à des déterminismes économiques.

Il montre que les rapports économiques ont largement influencé la manière dont les sociétés ont évolué.

Il y a ainsi comme une sorte de mécanisme par lequel les classes sociales se sont succédées au pouvoir en fonction de leur place dans les rapports de production.

On peut ici parler de lois historiques, dans la mesure où, pour Marx, la prise de pouvoir par le prolétariat est une nécessité historique.

Kant, dans son Idée d'une histoire universelle du point de vue cosmopolitique, expose le problème posé par les rapports entre la liberté individuelle et les nécessités de l'histoire.

Pour lui, même si on considère que, sur le plan métaphysique, la volonté humaine est libre, il s'avère que dans l'histoire les actions humaines concrètes sont, elles, déterminées.

Selon Kant, ce déterminisme est un déterminisme de la nature. Ainsi l'histoire, considérant "le jeu de la liberté du vouloir humain, [...] pourra y découvrir un cours régulier" de sorte que "ce qui dans les sujets individuels nous frappe par sa forme embrouillée et irrégulière pourra néanmoins être connu dans l'ensemble de l'espèce sous l'aspect d'un développement continu, bien que lent, de ses dispositions originelles".. »

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