COURNOT
Extrait du document
«
"Les faits positifs, c'est-à-dire ceux dont on peut acquérir la preuve certaine par le calcul ou par la mesure...
le témoignage le plus éclatant de la puissance de nos facultés intellectuelles." COURNOT
POUR DÉMARRER
A partir de nos connaissances, nous construisons des théories et des organisations logiques qui, si elles sont
confirmées par l'expérience, nous confortent dans nos certitudes et dans la puissance de l'esprit humain.
Pour
Cournot, la science n'est pas une construction empirique, mais le fruit des facultés spirituelles de l'homme
appliquées à des connaissances certaines.
Conseils pratiques
Portez votre attention vers les notions de théorie et d'expérience, qui n'apparaissent pas dans le texte sous ces
noms.
La pensée de Cournot est très moderne.
Il privilégie la grandeur de l'esprit théorique.
Bibliographie
BACHELARD, Le nouvel esprit scientifique, PUF.
COURNOT, Critique philosophique, Textes choisis par C.
KHODOSS, PUF.
KANT, Critique de la raison pure, PUF.
[Introduction]
Cournot s'intéresse ici à la constitution de la théorie scientifique par le travail conjoint de l'expérience et de la raison.
Son
analyse, bien que du XIXe siècle, préfigure la conception plus récente d'une «physique théorique » anticipant sur
l'expérimentation par le calcul.
.»
[I.
Les matériaux de la connaissance]
- Diversité des données permettant l'élaboration des « faits positifs » (distinguer ces derniers de faits immédiatement donnés
: ils sont reconstruits) : ces faits sont prouvés, mais par des voies diverses (calcul ou mesure, observation, expérience, «
concours de témoignages »).
- Domaines scientifiques en cause : sciences expérimentales et astronomie, le « concours de témoignages » désignant, non
pas l'histoire (non concernée par la deuxième partie du texte), mais les sciences fondées sur l'observation (biologique, par
exemple, à l'époque).
- Distinguer le « doute raisonnable » (qui suppose déjà une intervention de la raison) du doute sceptique ou absolu (qui
supprimerait la possibilité de la science elle-même).
[II.
L'intervention de la raison]
- Les seuls « faits positifs » aboutissent à une collection sans organisation.
On peut faire allusion à Kant : données
empiriques et raison sont également nécessaires pour constituer la connaissance.
- La « forme scientifique » suppose un « certain ordre logique » qui provient, non des faits, mais des « instruments de la
pensée » (renvoi possible à l'histoire des « catégories » depuis Aristote — en soulignant bien que, pour ce dernier, il n'est
pas besoin d'expériences puisque la nature offre spontanément ses phénomènes à la compréhension de la raison).
- Idée d'un relativisme de la connaissance : celle-ci se construit toujours en fonction des possibilités (de la forme) de l'esprit
lui-même.
[III.
Productivité de la théorie]
- Deuxième aspect du texte : une fois les données classées et organisées logiquement, il devient possible d'opérer des
déductions.
La théorie élaborée permet de découvrir « des vérités nouvelles » par le seul raisonnement mathématique.
La
théorie n'est pas seulement un résumé (une mise en forme) des connaissances acquises, elle a une valeur heuristique.
- Ces prédictions rationnelles sont ensuite vérifiées par l'observation ou l'expérience.
Renvoi possible aux disciplines
théoriques contemporaines, et au rôle qu'y tient le raisonnement mathématique pur (par exemple les calculs grâce auxquels
Dirac met au point la notion de « masse négative » — cf.
Bachelard, La Philosophie du non — dont l'expérimentation est
différée).
- La confirmation de la théorie mène à une double satisfaction : elle garantit la vérité construite, et témoigne simultanément
de la « puissance de nos facultés intellectuelles ».
Problème de l'« accord » entre la raison humaine et la structure de la
nature.
[Conclusion]
Einstein : « Ce qui est incompréhensible, c'est que tout soit compréhensible ».
Cette compréhensibilité de la nature ne nous
garantit pas un accès au réel : nous construisons des vérités en organisant des données grâce aux structures logiques de
notre raison, dont dépend « la plus haute certitude »..
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