Correction du texte de Freud « le moi n'est pas maître en sa maison »
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Demande d'échange de corrigé de Antoine Duboème ([email protected]).
Sujet déposé :
Le moi n'est pas maître en sa maison explication de texte Freud
Correction du texte de Freud « le moi n'est pas maître en sa maison »
- Ne pas formuler explicitement la thèse.
La thèse est le sens général du texte, elle est ce en vue de quoi écrit
l'auteur.
(1) Sans la thèse, on ne peut pas espérer critiquer ou comprendre le texte.
En effet, si on ignore le but
d'un texte, il devient impossible de jauger la puissance des arguments (qui sont les moyens employés pour soutenir
sa thèse).
(2) Sans la thèse, l'explication tronçonne le texte en autant de petites phrases dépourvues d'unité
globale.
Bref, c'est le début de la paraphrase.
- Dire que la formule « tu crois savoir » révèle une incertitude.
C'est l'exact opposé.
Je ne m'explique pas une erreur
aussi grossière, si ce n'est par un manque de précision dans la lecture.
- Commenter chaque adverbe ou verbe, ou inflexion, comme si la philosophie était à ce point inutile qu'elle ne
servait qu'à répéter ce qui est dit dans le texte.
A moins d'apporter une nuance importante, ce genre d'explication
est vide de sens.
- Dire que le « tu » du début du texte représente l'homme, ou le lecteur.
L'énonciateur est la psychanalyse, et elle
s'adresse au « moi ».
Rater ça, alors que le texte est très explicite sur ce point, est un contre-sens à la fois facile à
éviter (donc impardonnable) et lourd de conséquences, car c'est prendre la partie pour le tout (le moi conscient
pour la totalité du psychisme) – et c'est précisément ce que critique Freud dans le texte.
- Dire avec condescendance que l'homme est inconscient parce que stupide.
Vous n'avez pas le choix d'être
conscient de tout, ou d'une partie de votre âme seulement.
Freud est clair : on ne retient que ce qui est important,
car vivre c'est établir des priorités, hiérarchiser des désirs.
Tragiquement, tout ce qui ne nous est pas utile tombe
dans l'oubli ou est censuré.
C'est cette censure qui rend la vie possible.
- Ne pas avoir dit de quel type sont les preuves que Freud juge « évidentes ».
Elles ne sont pas évidentes si on
considère comme évident une chose dont on devrait s'apercevoir par soi-même.
En effet, ici, les preuves sont
essentiellement apportées par autrui.
C'est donc pour autrui – ou plus précisément le psychanalyste –
que ces preuves sont « évidentes », et non pour moi-même.
Ce sont donc des preuves à la troisième personne
(objectives), et non à la première personne (subjectives).
Un lapsus, un rêve, ou un comportement pulsionnel est
souvent l'objet d'une censure, si bien que je l'interprète comme irrationnelle et indigne de mon attention.
Celui qui
attire mon attention sur ces preuves est donc le psychanalyste, mais en ce qui me concerne, je peux passer
délibérément ces faits sous silence (ce qu'on fait tous chaque matin en sortant de son sommeil).
- Faire comme si la métaphore du monarque n'avait qu'un intérêt illustratif.
L'image du monarque n'est pas qu'une
redite.
Freud a déjà expliqué plusieurs fois que la connaissance de l'âme est incomplète.
La métaphore n'a donc pas
qu'une fonction illustrative.
Elle prépare la deuxième partie du texte et sert à montrer que connaître c'est aussi
contrôler, commander, maîtriser.
Vous auriez dû remarquer que le vocabulaire cette fois-ci est politique.
- Dire que Freud préconise l'introspection.
Comme vous pouvez le voir même sans lire le texte attentivement : il
s'agit d'un dialogue.
C'est donc la psychanalyse qui conseille au moi de rentrer en lui-même.
Il y a donc bien une
médiation entre soi et soi-même (l'inverse de l'introspection), bien que je sois toujours le seul à rentrer en moimême.
- Dire que « la vie instinctive de la sexualité » renvoie à une bestialité, une animalité, voire une corporéité.
La
formule est ambiguë certes, mais l'instinct est seulement ce qui est spontané.
Lier la spontanéité des instincts à
une causalité corporelle est une toute autre affaire.
C'est être platement dualiste, et se condamner à ne jamais
pouvoir donner une explication psychique du psychisme – ce à quoi tend spécifiquement la psychanalyse.
- Dire que pour Freud, « tout est sexe.
» L'homme n'est pas sexué durant sa vie entière.
Le sexe nécessite
l'effectivité des organes sexuels et des fonctions de reproduction.
Or, la théorie de Freud a cette particularité de
prêter à l'enfant une libido, c'est-à-dire le principe de toute sexualité mais qui n'est pas encore une sexualité
impliquant des actes sexuels.
La formule « tout est sexe » n'est donc valide que si l'on amalgame explicitement libido
et sexe (ce que le sens commun et la biologie ne font pas).
Le choc de la formule « tout est sexe » ne s'explique
que par cet amalgame.
Ce qui fait réellement débuter la sexualité chez Freud est plutôt l'intériorisation de l'interdit
de l'inceste (le fameux complexe d'¼dipe), qui oblige à investir libidinalement d'autres objets sexuels que le parent
de sexe opposé.
Désirer coucher avec sa mère et tuer son père n'est donc pas instinctif, mais c'est la formulation
adulte et acquise de la sexualité.
- Dire que pour Freud, « l'inconscient est corporel ».
Freud se distingue de ses contemporains en cherchant la cause
de l'hystérie dans le psychisme de la patiente et non dans un dysfonctionnement de ses fonctions corporelles.
Il y a
certes des nuances à apporter, notamment quand bien plus tard, Freud – lecteur de Darwin –
cherche à justifier sa théorie des pulsions en la comparant aux recherches de certains biologistes cellulaires.
Mais il
ne faut jamais oublier que le seul « médicament » de Freud est la parole.
- Suggérer que l'inconscient est autonome, qu'il est comme un second moi, caché et secret, bref, interpréter
l'existence de l'inconscient comme la possibilité d'une schizophrénie à personnalités multiples.
Rien n'est plus faux,
l'esprit est un équilibre dynamique.
Ainsi, une conscience sans inconscient, ou bien une conscience sans normes.
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