Correction de l’explication d’un texte de Hobbes Extrait tiré de l’ouvrage Le Citoyen ou Les Fondements de la politique, 1642
Publié le 21/05/2023
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Correction de l’explication d’un texte de Hobbes
Extrait tiré de l’ouvrage Le Citoyen ou Les Fondements de la politique, 1642
Présentation de Hobbes
Pour la curiosité des élèves et non pour l’introduction de l’explication
Thomas Hobbes participe à la fondation de la philosophie moderne grâce à ses œuvres
politiques : Le Citoyen et le Léviathan.
Théoricien du contrat social, il fait scandale dans une
Angleterre en proie aux rebellions entre défenseurs de la monarchie absolue et partisans d’un
pouvoir monarchique plus limité secondé d’un Parlement.
Il sera toutefois proche de Charles
II, fils du roi Charles 1erdécapité pendant la Glorieuse Révolution menée principalement par
Cromwell.
Thomas Hobbes, philosophe et scientifique anglais, est considéré comme un fondateur
majeur de la philosophie politique moderne.
On lui doit notamment l’analyse philosophique
des notions de représentation politique et de pacte social, sur lesquelles nous reviendrons.
Né
en 1588 en Angleterre, Thomas Hobbes est un enfant précoce.
Il publie dès l'adolescence des
traductions d'œuvres grecques en latin, comme Médée d’Euripide.
Il reçoit une éducation de
premier plan grâce à ses études à Oxford.
Son premier écrit attesté est de 1629 le Court Traité
des premiers principes.
Exerçant l'activité de précepteur itinérant, en enseignant les
mathématiques, il effectue de nombreux voyages en Europe, en France et en Italie surtout où,
à Florence, il fait la rencontre de Galilée.
Galilée exercera sur sa pensée une influence capitale.
Hobbes se base sur le principe du mouvement pour fonder sa psychologie, sa morale et sa
politique.
A partir de 1640, de nombreux troubles agitent l'Angleterre avec une opposition de plus
en plus violente entre le Roi, Charles 1er, et le Parlement.
Cromwell, à la tête des régicides,
encourage la décapitation de Charles 1er.
Proche du roi et donc menacé, Hobbes s'exile à Paris
pendant une dizaine d'années.
Par l’intermédiaire de Mersenne, il lit Descartes, alors exilé aux
Pays-Bas.
Il s’oppose à sa pensée dans ses Objections aux 3e Méditations métaphysiques et ces
philosophes se déclareront clairement ennemis réciproques.
Vers 1642, Thomas Hobbes écrit
les Éléments de la loi naturelle et politique en réaction aux événements qui troublent la vie
politique.
Le livre n'est pas publié, mais des copies circulent et le font connaître.
En 1642, il
1
écrit De Cive ou Le Citoyen ou les fondements de la politique, d’où notre extrait est tiré où il
explique que la solution aux guerres civiles en Angleterre réside dans l’instauration d’un
pouvoir représentatif fort.
Hobbes apparaît ainsi, à la suite de Jean Bodin, comme un ardent
défenseur de l’absolutisme.
Il déduit la nécessité logique de cette organisation politique, à partir
d’une étude psychologique des hommes et de l’observation de ses contemporains.
En 1647,
Hobbes est nommé précepteur de mathématique du futur roi Charles II, alors réfugié en
Hollande.
En 1651, avec la restauration de la monarchie et l’avènement de Charles II au
pouvoir, Hobbes regagne enfin l'Angleterre et fait paraître à Londres sa grande œuvre :
le Léviathan ou Matière, forme et puissance de l’Etat chrétien et civil.
Il y approfondit les
réflexions qu’il avait élaborées dans Le Citoyen.
La publication du Léviathan (nom donné par
Hobbes à la République et inspiré de la référence au monstre marin évoqué dans le livre de Job)
provoque le scandale.
Hobbes est accusé d'athéisme.
Mais il a de puissants protecteurs, et le
roi le soutient à condition qu’il ne publie plus de livres de politique ou de religion.
La Grande
peste en 1665 ainsi que le grand incendie de Londres de 1666 alimentent les peurs
superstitieuses qui voient en Hobbes un corrupteur de la morale.
La Chambre des communes
va même jusqu’à présenter un projet de loi pour condamner les perturbateurs, mais la lenteur
des procédures ne permet ni l'interdiction du Léviathan, ni l'arrestation de Hobbes.
Lorsqu'il
meurt en 1679 à Hardwick Hall, une rumeur se répand : Hobbes aurait lui-même proposé
l'épitaphe « Voici la véritable pierre philosophale » sur sa tombe.
Texte
« La plupart de ceux qui ont écrit touchant les Républiques supposent ou demandent comme
une chose qui ne doit pas leur être refusée que l’homme est un animal politique, selon le langage
des Grecs, né avec une certaine disposition naturelle à la société.
Sur ce fondement là ils
bâtissent la société civile ; de sorte que pour la conservation de la paix, et pour la conduite de
tout le genre humain, il ne faut plus rien sinon que les hommes s’accordent et conviennent de
l’observation de certains pactes et condition, auxquelles alors ils donnent le titre de lois.
Cet
axiome, quoique reçu si communément ne laisse pas d’être faux, et l’erreur vient d’une trop
légère observation de la nature humaine.
/Car, si l’on considère de plus près les causes pour
lesquelles les hommes s’assemblent, et se plaisent à une mutuelle société, il apparaîtra bientôt
que cela ne se fait que par accident, et non par une disposition nécessaire de la nature.
En effet,
si les hommes s’aimaient mutuellement, c’est-à-dire en tant qu’hommes, il n’y a aucune raison
pourquoi chacun n’aimerait pas le premier venu, comme étant autant un homme qu’un autre ;
de ce côté-là, il n’y aurait aucune raison d’user de choix et de préférence.
Je ne sais aussi
pourquoi on converserait plus volontiers avec ceux en la société desquels on reçoit de l’honneur
ou de l’utilité, qu’avec ceux qui la rendent à quelqu’un d’autre./ Il en faut donc déduire de là
que nous ne cherchons pas de compagnons par quelque instinct de la nature ; mais bien
l’honneur et l’utilité qu’ils nous apportent ; nous ne désirons des personnes avec qui nous
conversons que ces deux avantages qu’ils nous apportent.
On peut remarquer à quel dessein les
hommes s’assemblent en ce qu’ils font étant assemblées.
Si c’est pour le commerce, l’intérêt
propre est le fondement de cette société ; et ce n’est pas pour le plaisir de la compagnie qu’on
2
Isabelle Krier
Professeure de philosophie au lycée Voltaire
s’assemble mais par l’avancement de ses affaires particulières.
S’il y a du devoir ou de la
civilité en assemblage, il n’y a pourtant pas de solide amitié, comme vous le voyez dans le
palais, où diverses personnes concourent, et qui se craignent entre eux plus qu’ils ne s’aiment ;
d’où naissent quelquefois des factions, mais d’où il ne se tire jamais de la bienveillance.
Si les
assemblées se forment à cause du divertissement qu’on y reçoit, remarquez-y, je vous prie,
comme chacun se plaît surtout aux choses qui font rire ; et cela sans doute afin qu’il puisse
(telle étant à mon avis la nature du ridicule) avoir davantage de complaisance pour ces belles
qualités, par la comparaison qu’il en fait avec les défauts et les infirmités de quelque autre de
la troupe.
Mais bien que cette petite satisfaction soit assez souvent innocente, il en est pourtant
manifeste que ceux qui la goûtent se plaisent à la gloire, plutôt qu’en la société en laquelle ils
se trouvent.
Au reste, en ces sociétés-là, on picote les absents, on examine toute leur vie, toutes
leurs actions sont mises sur le tapis, on en fait des sujets de railleries, on épluche leurs paroles,
on en juge, et on les condamne avec beaucoup de liberté.
Ceux qui sont de ce concert ne sont
pas épargnés, et dès qu’ils ont tourné le dos, on les traite de la même sorte dont ils ont traité les
autres : ce qui me fait grandement approuver le conseil de celui qui se retirait le dernier d’une
compagnie.
Ce sont là les véritables délices de la société.
[…] Et pour ne pas oublier en cet
endroit ceux qui font profession d’être plus sages que les autres, si c’est pour philosopher qu’on
s’assemble ; autant qu’il y aura d’hommes dans un auditoire, ce seront autant de docteurs.
Il
n’y en aura pas un qui ne se sente capable, et qui ne veuille se mêler d’enseigner les autres ; et
de cette concurrence naîtra une haine mutuelle, au lieu d’une amitié réciproque.
/Il est donc
évident par ces expériences, à ceux qui considèrent attentivement les affaires humaines, que
toutes nos assemblées, pour si libres qu’elles soient, ne se forment qu’à cause de la nécessité
que nous avons les uns des autres, ou du désir d’en tirer gloire […].
Cependant, il y a cette
remarque à faire qu’une société fondée sur la gloire ne peut être ni de beaucoup de personnes
ni de longue durée ; parce que la gloire, de même que l’honneur, si elle se communique à tous
sans exception, elle ne se communique à personne ; la raison en est que la gloire dépend de la
comparaison avec quelque autre, et de la prééminence qu’on a sur lui ; et comme la
communauté de l’honneur ne donne à personne l’occasion de se glorifier, le secours d’autrui
qu’on a reçu pour monter à la gloire en diminue le prix.
Car on est d’autant plus grand et à
estimer, qu’on a eu de....
»
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