Constater que la vérité change avec le temps conduit il nécessairement au scepticisme ?
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«
Analyse du sujet
Partie du programme abordée : La vérité.
Analyse du sujet : Cet intitulé porte sur la relativité et le caractère non immuable de la vérité.
Ces traits sont-ils
de nature a engendrer le scepticisme, doctrine selon laquelle l'esprit humain ne saurait atteindre la vérité ?
Conseils pratiques : Étudiez bien, en particulier, le problème de la vérité scientifique.
Cette dernière ne désigne
pas un acquis pour toujours.
C'est clans ce domaine que vous trouverez les exemples les plus riches, si vous voulez
répondre à la question posée.
Difficulté du sujet : **
Nature du sujet : Classique.
INTRODUCTION
Dans son évolution, la science nous offre le spectacle de modifications périodiques (des lois, des théories).
Ainsi ce
qui semblait vrai, ou même incontestable, au XVIIe siècle (par exemple que «la nature a horreur du vide») ne l'est
plus aujourd'hui — alors même que la vérité scientifique passe aisément pour le modèle de la vérité.
Doit-on, en
raison de ces changements, incliner au scepticisme ?
Une vérité mathématique a-t-elle autant de valeur qu'une vérité morale par exemple ? Le fait que la vérité change
avec le temps apparaît comme un constat à la fois troublant et nécessaire.
Troublant parce qu'une vérité qui
change apparaît comme contradictoire (la vérité exige l'universalité ) , et nécessaire parce que la vérité semble
avoir une histoire et un devenir.
De ce point de vue, il n'y a en effet pas de progression linéaire de la vérité dans les
sciences mais des révoltions et des ruptures, des polémiques et des oppositions.
Mais faut-il pour autant se réfugier
dans une attitude sceptique ? (En gros, le scepticisme estime que nous ne pouvons accéder à la vérité et qu'il faut
suspendre le jugement).
Même si la vérité change avec le temps, c'est moins la vérité elle-même qu'il faut incriminer
que notre rapport à elle.
Par ailleurs, au revers du scepticisme plane une autre menace, plus dangereuse encore :
c'est le relativisme qui postule que c'est " à chacun sa vérité ".
I.
VÉRITÉ ET MÉTAPHYSIQUE
— Rappeler que les conceptions anciennes de la vérité soulignent sa permanence :
• par exemple chez Platon: le vrai par définition toujours semblable à lui-même (idée parfaite qui échappe au devenir
du monde matériel);
Dans l' Hippias majeur, Socrate pose à Hippias la question : Qu'est-ce que le beau ? » Hippias confond la question
avec : « Qu'est-ce qui est beau ? », répondant que le beau, c'est une belle fille, un beau cheval...
Tout ce qui est
beau a en soi le même beau ; c'est cette idée du beau, du pieux, de la vertu, etc., que Socrate recherche, afin de
s'en servir comme critère de tout ce qui est beau, pieux, vertueux, et de ne pas qualifier de tel ce qui ne l'est pas.
1.
Du mouvant à l'immuable
A.
Le relativisme de Protagoras et le devenir d'Héraclite
Platon résume ainsi la thèse de Protagoras : « L'homme est la mesure de toutes choses », c'est-à-dire : telles
m'apparaissent les choses, telles elles sont pour moi ; telles les mêmes choses t'apparaissent, telles elles sont pour
toi.
Il n'y a pas d'opinion fausse, chacun a toujours raison de son point de vue.
Nous sommes donc, remarque Platon, tous aussi savants que les dieux ; mais le porc est aussi savant que nous.
Si
les choses sont telles qu'elles apparaissent à chacun, ceux qui ont des opinions contradictoires ont raison tous deux
: chacun pensant son opinion vraie et celle de l'autre fausse, chaque opinion est à la fois vraie et fausse.
De même,
l'opinion de Protagoras l'oblige à penser que ceux qui contredisent sa thèse ont raison, donc que sa thèse est aussi
fausse que vraie.
Ce qui, selon Protagoras, justifie cette thèse, c'est que le monde est, comme le dit Héraclite, en perpétuel devenir
: rien n'est fixe, tout change.
Ce qui m'apparaît à moi, à tel moment, en tel lieu, cela seul est vrai pour moi, à tel
moment, en tel lieu.
Mais si une science est possible, il doit y avoir un vrai et un faux sur son objet, qui ne peut
donc être changeant et relatif.
Un savoir absolument certain porte sur ce qui est immuable et identique à soi-même
: la forme des choses.
B.
Les formes
Prenons une chose belle : elle a la beauté en elle.
Elle est pourtant moins belle qu'une autre chose, par rapport à
laquelle elle est laide : cette chose n'est donc pas toute beauté, elle a aussi en elle la laideur.
Ce qui en une chose
fait qu'elle est belle, c'est ce qui fait que toute chose belle est belle, la beauté en soi, qui est toute beauté, et
n'est que beauté.
C'est ce que Platon appelle forme de la beauté, au sens du caractère distinctif de l'espèce de
tous les objets beaux..
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