Conscience: l'ère du soupçon
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Définitions:
La conscience vient du latin conscientia, qui signifie « accompagné » (cum) de « savoir » (scire).
Être conscient
signifie donc que lorsque l'on sent, pense, agit, on sait que l'on sent, pense ou agit.
Mais il convient de distinguer la
conscience directe ou immédiate, qui accompagne ainsi tous les actes du sujet, de la conscience réfléchie,
conscience qui se saisit elle-même comme conscience.
La première consiste à « avoir conscience », tandis que la
seconde consiste à « être conscient d'avoir conscience ».
Le passage de l'un à l'autre serait le fait de « prendre
conscience ».
Première correction
Leibniz : la conscience soupçonnée
Leibniz eut le pressentiment de l'inconscient au sens moderne du terme.
Il parle de « petites perceptions », prenant
pour exemple le bruit de la mer : nous percevons l'ensemble mais sommes incapables de distinguer chaque vague de
cet ensemble.
Ainsi, notre conscience est en partie obscure à elle-même.
Leibniz distingue différents degrés de perception : il y a les « petites perceptions » qui sont inconscientes, mais qui
permettent ajoutées entre elles de produire une perception consciente, réfléchie.
Il prend l'exemple des dents de
scie (Monadologie, § 14) : chaque dent ne produit pas à elle seule le bruit de la scie, mais il faut pourtant entendre
chaque dent pour entendre la scie.
Les bruits des diverses dents s'ajoutent les uns aux autres dans l'inconscient
pour qu'à un certain stade le bruit devienne conscient, perçu, par addition des petites perceptions.
Leibniz dans l'Essai sur l'entendement humain lorsqu'il évoque les petites perceptions.
Il montre ainsi que notre
perception consciente est composée d'une infinité de petites perceptions.
Notre appétit conscient est composé d'une infinité de petits appétits.
Qu'estce qu'il veut dire quand il dit que notre perception consciente est composée
d'une infinité de petites perceptions, exactement comme la perception du
bruit de la mer est composée de la perception de toutes les gouttes d'eau ?
Les passages du conscient à l'inconscient et de l'inconscient au conscient
renvoient à un inconscient différentiel et pas à un inconscient d'opposition.
Or, c'est complètement différent de concevoir un inconscient qui exprime des
différentiels de la conscience ou de concevoir un inconscient qui exprime une
force qui s'oppose à la conscience et qui entre en conflit avec elle.
En
d'autres termes, chez Leibniz, il y a un rapport entre la conscience et
l'inconscient, un rapport de différence à différences évanouissantes, chez
Freud il y a un rapport d'opposition de forces.
"D'ailleurs il y a mille marques qui font juger qu'il y a à tout moment une
infinité de perceptions en nous, mais sans aperception et sans réflexion,
c'est-à-dire des changements dans l'âme même dont nous ne nous
apercevons pas, parce que les impressions sont ou trop petites ou en trop
grand nombre ou trop unies, en sorte qu'elles n'ont rien d'assez distinguant à
part, mais jointes à d'autres, elles ne laissent pas de faire leur effet et de se
faire sentir au moins confusément dans l'assemblage.
C'est ainsi que
l'accoutumance fait que nous ne prenons pas garde au mouvement d'un
moulin ou à une chute d'eau, quand nous avons habité tout auprès depuis quelque temps.
Ce n'est pas que ce
mouvement ne frappe toujours nos organes, et qu'il ne se passe encore quelque chose dans l'âme qui y réponde, à
cause de l'harmonie de l'âme et du corps, mais ces impressions qui sont dans l'âme et dans le corps, destituées des
attraits de la nouveauté, ne sont pas assez fortes pour s'attirer notre attention et notre mémoire, attachées à des
objets plus occupants.
Car toute attention demande de la mémoire, et souvent quand nous ne sommes plus
admonestés pour ainsi dire et avertis de prendre garde, à quelques-unes de nos propres perceptions présentes,
nous les laissons passer sans réflexion et même sans être remarquées ; mais si quelqu'un nous en avertit incontinent
après et nous fait remarquer par exemple, quelque bruit qu'on vient d'entendre, nous nous en souvenons et nous
nous apercevons d'en avoir eu tantôt quelque sentiment (...).
Et pour juger encore mieux des petites perceptions
que nous ne saurions distinguer dans la foule, j'ai coutume de me servir de l'exemple du mugissement ou du bruit de
la mer dont on est frappé quand on est au rivage.
Pour entendre ce bruit comme l'on fait, il faut bien qu'on entende
les parties qui composent ce tout, c'est-à-dire les bruits de chaque vague, quoique chacun de ces petits bruits ne
se fasse connaître que dans l'assemblage confus de tous les autres ensemble, c'est-à-dire dans ce mugissement
même, et ne se remarquerait pas si cette vague qui le fait était seule." Leibniz, Nouveaux Essais sur
l'entendement humain.
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