Conscience de soi et connaissance de soi sont-elles équivalentes ?
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«
Introduction
« Je sais que je sais ; je sais que je désire ; je sais que je veux », décrit Alain dans Vigiles de l'esprit à
propos de la conscience.
On peut distinguer trois types de conscience : la conscience spontanée, réfléchie et
morale.
La conscience de soi semble correspondre le mieux à la conscience réfléchie qui implique un retour sur soi.
En ce sens, être conscient de soi, c'est être conscient d'être conscient, savoir qu'on est conscient.
On voit bien
dans cette formule, de même que dans la formule d'Alain que la conscience de soi implique une connaissance,
conformément au sens étymologique du terme (scire).
Mais si la conscience implique une connaissance, s'agit-il une connaissance de soi ?
Chacun semble a priori le mieux placé pour se connaître lui-même et cela semble évident de dire que lorsqu'on se
connaît, on est conscient de soi.
Or, cette connaissance sera toujours partiale et incomplète.
En réalité, ce que l'on
peut affirmer plus aisément est que la conscience de soi implique une certaine connaissance du monde plutôt que de
soi, car le moi est bien plus difficile à connaître que les objets du monde.
I-
La conscience de soi implique une connaissance de soi
La question : « La conscience de soi implique-t-elle la connaissance de soi ? » peut apparaître comme une
tautologie.
Un être conscient se connaît en tant qu'il se sait avoir une activité mentale, des désirs, etc.
Etre
conscient de soi, c'est savoir qu'on est conscient, se connaître en tant qu'être conscient.
La conscience de soi
implique une connaissance de soi car elle est la capacité de faire retour sur ses pensées et actions, de les analyser
et de les juger, c'est-à-dire d'établir une connaissance.
Pour Descartes, le sujet est transparent à lui-même, il se
connaît lui-même en tant que res cogitans.
Or, tous les hommes le sont, le cogito ne nous dit pas ce qui les
distingue.
Aussi, se connaître comme res cogitans équivaut-il véritablement à une connaissance de soi ?
II- La conscience de soi implique une connaissance de soi incomplète
Certes la conscience de soi implique une certaine connaissance de soi car comme l'écrit Alain, on sait
qu'on sait, on sait qu'on désire, on sait qu'on veut.
Néanmoins, sait-on bien
ce qu'on est, ce qu'on désire, ce qu'on veut ? Rien n'est moins sûr.
Descartes
rétorquerait qu'avec la conscience, on sait ce qu'on est : une chose
pensante.
Mais cela ne nous dit pas véritablement qui l'on est.
De plus, si pour Descartes la conscience permet au sujet d'être transparent à
lui-même, elle est au contraire pour Spinoza source d'illusions.
La conscience
est une illusion de transparence : on est conscient de nos désirs et de nos
représentations mais pas de leurs causes.
La conscience de soi implique une
connaissance partielle de soi.
En outre, la conscience crée une illusion de
liberté.
Nous avons l'impression d'être libres, ce qui est faux puisque nous
sommes déterminés par des causes inconnues de nous.
Enfin, il faut prendre en compte la partie inconsciente de l'activité psychique
qui empêche la possibilité d'une connaissance complète de soi.
Le sujet n'est
pas transparent à lui-même bien au contraire.
III-
La conscience de soi implique une connaissance du monde
Selon la conception phénoménologique husserlienne, la conscience est
toujours rapport au monde, visée vers l'extérieur.
La conscience est
intentionnelle, c'est-à-dire toujours dirigée vers un objet, « toute conscience
est conscience de quelque chose »..
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