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Connaître la vérité, est-ce se débarrasser de toute croyance ?

Publié le 04/12/2022

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« Connaître la vérité, est-ce se débarrasser de toute croyance ? Eléments de correction. Introduction : Si comme l’affirme l’adage populaire : « la vérité sort de la bouche des enfants », c’est peut-être parce qu’elle y trouve un terreau fertile, au sens où aucun préjugé, aucune idée reçue, en somme aucune croyance n’est suffisamment ancré dans l’esprit pour l’occulter.

Car connaître la vérité c’est avant tout mettre de côté sa subjectivité, ses préférences personnelles, pour tenter d’être neutre et objectif.

La vérité semble alors ne pas faire bon ménage avec les différentes formes de croyance, au point que l’on ne saurait que l’on ne saurait y accéder sans rompre radicalement avec elles.

Néanmoins, le savant, c'est-à-dire celui qui détient la vérité et qui cherche à y accéder, semble bien s’appuyer sur certaines croyances dans sa quête.

D’ailleurs la méthode hypothético-déductive ne montre rien d’autre en accordant un rôle central à l’hypothèse.

C’est elle qui servira de fil directeur dans l’investigation.

Certes, il ne s’agit pas ici d’une superstition naïve ou d’une opinion hasardeuse, mais de l’adhésion à une proposition incertaine, faillible, donc à une croyance, tant qu’elle n’a pas été validée par l’expérience.

Mais alors faut-il chercher à se débarrasser de toute croyance pour parvenir à la vérité ? La vérité peut-être définie comme l’adéquation, la conformité d’une proposition avec le réel.

Cette conformité implique que cette proposition est objective (conforme à l’objet visé), universelle (valant pour tous), et nécessaire (il ne peut pas en être autrement).

Autrement dit, connaître la vérité c’est d’abord mettre de côté sa subjectivité et sa particularité en tentant d’être neutre et objectif.

La croyance se définie habituellement comme un synonyme d’opinion, de sentiment, de point de vue subjectif et particulier sur le monde.

Mais alors, connaître la vérité, n’est-ce pas se débarrasser de toute croyance ? La question, telle qu’elle est posée, semble supposer une distinction implicite entre la croyance (simple opinion subjective) et la raison considérer traditionnellement comme la faculté de bien juger et, par conséquent, d’accéder à la vérité.

Connaître la vérité, se serait alors se débarrasser de toute croyance pour n’écouter que sa raison.

Peut-on cependant rejeter la croyance de tout processus de connaissance ? Tout le réel est-il rationalisable ? N’existe-t-il pas plusieurs formes de croyance d’inégale légitimité ? Autrement dit, raison et croyance dans la quête de vérité entretiennent-ils un rapport d’exclusion, de complémentarité ou bien encore d’hétérogénéité ? Nous partirons de l’opposition légitime entre raison et croyance, pour ensuite montrer leur lien de complémentarité dans le processus de connaissance, avant enfin d’examiner leur égale légitimité dans des ordres différents. I/ Oui, connaître la vérité c’est se débarrasser de toute croyance → l’opposition raison/croyance. A/ Le domaine de la croyance est incompatible avec l’idée de vérité. La vérité se définie comme la conformité d’un jugement avec le réel.

Elle est donc objective (conforme à l’objet visé) et universelle (valable pour tous).

Elle doit pouvoir mettre tout le monde d’accord.

Alors que la croyance est un point de vue personnel sur les choses.

Elle est donc subjective et particulière.

Connaître la vérité, c’est donc apparemment commencer par se débarrasser des multiples croyances qui sont toujours dépendantes de celui qui parle. Ex : on peut penser ici à la figure du juge, ou de l’enquêteur, qui dans sa recherche de la vérité doit mettre ses émotions, ses préférences, bref ses croyances personnelles de côté afin de ne pas corrompre sa quête (Cf.

Le nom de la rose d’Umberto Eco) Réf : l’opposition entre Socrate et les sophistes (Cf.

cours introductif). B/ La croyance occulte la vérité. La croyance comprise comme superstition (croyance nourrie par la crainte et le désir), s’oppose à la démarche de la raison qui tente d’établir des propositions vraies en les démontrant.

C’est pourquoi la science s’est en partie construite contre la religion dogmatique. Ex : _ l’explication d’un tremblement de terre (colère des dieux / tectonique des plaques) _ la révolution copernicienne : passage du géocentrisme à l’héliocentrisme.

Cf.

l’affaire Galilée, condamné par l’Inquisition pour avoir défendue la thèse de l’héliocentrisme. Réf : _ Spinoza, Traité théologico-politique : tous s’obstinent à croire que la réalité est gouvernée pas des forces occultes qui leur seraient favorables ou défavorables, et qu’il serait possible de deviner.

De la naît la folie des hommes superstitieux plus enclins à croire qu’à penser.

Leur désir immodéré les ballote misérablement entre l’espoir et la crainte, si bien qu’ils sont en proie à la crédulité La superstition naît d’un désir déçu : « Si les hommes avaient le pouvoir d’organiser les circonstances de leur vie au gré de leurs intentions, ou si le hasard leur était toujours favorable, ils ne seraient pas en proie à la superstition.

» _ Kant, Qu’est-ce que les Lumières : « Aie le courage de te servir de ton propre entendement ».

On peut également trouver dans la pensée des lumières un effort pour affranchir la raison de toute forme de croyance, notamment les dogmes religieux.

Kant montre dans ce texte combien il est bénéfique de penser par soi-même, sans préjugés. C/ La croyance est un obstacle à la connaissance. Notre expérience quotidienne, mais aussi notre milieu socioculturel ou encore notre éducation, véhiculent de fausses évidences, des préjugés, des aprioris, des opinions, que nous prenons pour argent comptant et qui ne tardent pas à se solidifier en certitudes (le plus souvent malgré nous).

Or toutes ces croyances accumulées sont des plus néfastes à la connaissance de la vérité, car non seulement elles ne sont pas toujours vraies, mais surtout elles sont incapables de rendre compte d’elles-mêmes.

Pour accéder à la vérité, il faut donc faire table rase de toutes ses croyances (même si certaines peuvent être vraies).

Il faut partir de zéro est considérer que tout ce qui n’est pas démontré est faux. Ex : _ l’expérience ordinaire nous présente de fausses évidences : que le soleil se meut autour de la terre (ce que confirme d’ailleurs le langage) ; que les corps tombent à une vitesse qui est proportionnelle à leur poids (chacun peut observer qu’une bille de plomb tombe plus vite qu’une plume).

Il est nécessaire de les détruire pour accéder à la vérité (Cf.

la démarche de Galilée). Réf : _ Bachelard, La formation de l’esprit scientifique (Cf.

leçon n°1) _Bachelard, Etudes : « Il ne saurait y avoir de vérités premières.

Il n’y a que des erreurs premières.

». L’adhésion immédiate de l’esprit à des croyances, quand bien même elles auraient l’apparence du vrai, ne saurait convenir à la véritable démarche scientifique.

Il est nécessaire de désapprendre avant d’apprendre. Transition : Si la raison se distingue de la croyance par le fait que ses propositions sont objectivement démontrées, fondées, justifiées, la question se pose alors de savoir si l’on peut cependant tout démontrer, tout justifier, tout expliquer rationnellement.

Autrement dit, le travail de la raison ne repose-t-il pas au fond sur des principes premiers qui relève d’une certaine croyance ? Si tel est le cas il serait alors nécessaire de penser une légitimité de la croyance dans le processus de connaissance. II/ Réhabilitation de la croyance dans le processus de connaissance → la complémentarité raison/croyance. A/ Les croyances sont indispensables pour vivre. Les croyances peuvent jouer un rôle de guide provisoire dans la vie, en attendant la connaissance véritable.

On croit qu’il serait préférable d’agir de telle façon pour notre avenir, que telle chose nous rendra heureux, etc.

Il est bien sûr possible de se tromper, mais ces croyances sont indispensables.

Elles jouent un rôle pratique.

On ne peut pas attendre d’être sûr de connaître la vérité pour agir. B/ Toute croyance n’est pas infondée. La croyance n’est pas réductible à la simple superstition ou à la simple opinion subjective et sans fondement.

Elle peut relever du jugement construit, argumenté, sans pour autant être absolument démontrable rationnellement.

Il s’agit de montrer que tout ce qui ne relève pas du domaine de la démonstration scientifique stricte ne tombe pas nécessairement dans le relativisme du « à chacun sa vérité ».

Certaines croyances sont mieux fondées, mieux argumentées, sans qu’on puisse pourtant les démontrer.

Il faut donc reconnaître des domaines qui échappent à la possibilité d’une connaissance rationnelle, sans être pour autant hors du champ de la vérité. Ex : la majorité des questions qui nous intéressent dans la vie, et sur lesquelles nous cherchons la vérité, sont des questions qui ne peuvent pas être tranchées par une démonstration.

Elles appartiennent au registre de l’argumentation, mais aussi des valeurs, et à ce titre, la croyance, entendue au sens de conviction, y a toute sa place. On peut penser aux questions concernant la peine de mort, l’euthanasie, le clonage, etc.

(Cf.

leçon n°2, distinction démonstration / argumentation). Réf : Leibniz, Nouveaux essais sur l’entendement humain, livre 4, chap.

2 : « L’opinion, fondée dans le vraisemblable, mérite peut-être aussi le nom de connaissance ; autrement presque toute connaissance historique et beaucoup d’autres tomberont.

».

Il cherche à distinguer les opinions purement fantaisistes, des opinions qui énoncent du vrai, sans quoi on se condamnerait alors à se séparer de certaines connaissances.

Il faudrait donc mesurer le degré d’exactitude des différentes opinions, afin de rendre justice aux opinions les plus vraisemblables comme les connaissances historiques.

Mais comment opérer une telle mesure ? Une opinion est-elle d’autant plus.... »

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