Connaît-on la vie ou bien connaît-on le vivant ?
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APPROCHE DE LA PROBLÉMATIQUE
Bien lire le sujet : il ne s'agit pas de faire le partage entre vie (entendue en un sens très général et à préciser
autant que possible) et le vivant (les êtres vivants, quels qu'ils soient), mais de nouer les relations entre la vie et le
vivant qui rendent possible une connaissance des phénomènes vitaux.
Un point de départ à discuter : afin de mettre en place une problématique solidement établie, il est possible, mais
nullement nécessaire, de partir de la connaissance immédiate du vivant tel qu'il se présente dans l'expérience
commune.
Recherche du problème : la question soulevée est celle de la place à accorder dans la connaissance biologique à
des principes rendant possible l'explication des phénomènes vitaux.
Il n'est pas possible d'étudier l'anatomie sans
connaître la fonction des organes étudiés.
La biologie a recours à des principes téléologiques, qui donnent un sens à
des processus de nature physico-chimique.
Le vivant ne s'étudie pas comme l'inorganique, et la vie, nécessaire à
l'explication du vivant, reste un notion à éclaircir.
Il convient ici de déterminer la raison pour laquelle le sujet opère une distinction entre la vie et le vivant.
Le
vivant désigne le règne de ce qui est vivant par opposition, par exemple, au règne inorganique du monde minéral.
Connaître le vivant, c'est alors s'intéresser aux conditions qui permettent à la vie d'apparaître et pourquoi pas aussi,
à son origine (A ce titre, cf.
par exemple le débat de la biologie moderne qui oppose les tenants de la " panspermie "
à ceux de la " soupe prébiotique ".
Pour les premiers, la vie a une origine cosmique, pour les seconds elle est
strictement terrestre.).
Mais la vie est plus que le vivant.
Le vivant est l'expression de la vie et c'est à partir des
espèces vivantes que l'on observe que l'on tire des conclusions sur la nature de la vie.
Cependant, la vie en tant
que principe n'est-elle pas plus mystérieuse que cela ? Comment la définir ? Bichat, par exemple (un médecin du
19ème siècle) écrit en 1800 dans ses " Recherches physiologiques sur la vie et la mort " que la vie est " l'ensemble
des fonctions qui résistent à la mort ".
Mais n'y a-t-il pas quelque chose de la vie, son sens, sa destination, son
projet...
qui reste de l'ordre du secret ?
I.
La reconnaissance du vivant.
1.
L'expérience du vivant.
A quoi se reconnaît le vivant ? Cette question trouve une première réponse dans l'expérience commune.
Le vivant animal ou végétal - est ce qui, de soi-même, a la particularité de naître, croître, se reproduire et périr.
Ces
premières constatations peuvent être complétées : l'animal a en outre la capacité de se mouvoir, de percevoir des
sensations, etc.
2.
L'organisme et le milieu.
L'être vivant est un organisme.
Il n'est pas constitué d'une juxtaposition de parties ajoutées les unes aux autres.
Ces parties forment un tout car elles sont interdépendantes (le fonctionnement d'une partie est tributaire de celui
des autres) et paraissent toutes participer à une fin commune : le maintien de l'être vivant en vie.
Parce qu'il est un
organisme, l'être vivant est un organisme.
Tout être vivant est un individu au sens où il forme une unité distincte,
ne ressemblant exactement à aucune autre, qui ne peut être divisée sans être détruite.
Leibniz au XVII ième avait
énoncé l'existence d'un principe, nommé principe des indiscernables, selon lequel il n'y a pas deux êtres identiques
dans la nature.
Qu'est-ce qui différencie les organismes vivants des choses naturelles ou objets fabriqués ? Jacques Monod,
généticien, prix Nobel de médecine en 1965, retient dans Le hasard et la nécessité trois critères qui doivent être
présents simultanément dans un être pour que celui-ci puisse être qualifié de vivant.
Le premier est la téléonomie (du grec télos : fin et nomos : loi).
L'être vivant est toujours un être qui, pris dans son
ensemble ou chacune de ses parties, répond à une fonction, donc apparemment à une fin.
Du point de vue de
l'ensemble, l'être vivant semble "fait pour" se perpétuer.
Se perpétuer lui-même, du moins le temps nécessaire à la
reproduction, et perpétuer son espèce.
Du point de vue de chacune des parties, ces dernières semblent "faites
pour" accomplir telle ou telle fonction.
L'oeil est "fait pour" voir, la langue du fourmilier "pour" attraper les fourmis ...
comme si une fin à réaliser était à l'origine de chaque organe, comme si la fonction créait l'organe.
Le second critère retenu par Monod est la morphogenèse autonome (du grec morphé : forme et genesis
développement).
L'être vivant est en relation constante avec un milieu extérieur ; néanmoins, le processus de
formation et de développement d'un être vivant est indépendant du milieu extérieur.
Même si, pour son entretien et
sa croissance, un organisme vivant a besoin d'assimiler des substances étrangères (nourriture, oxygène, gaz
carbonique, etc.), même si, sans ce type de relations la vie ne pourrait ni exister, ni se développer, toujours est-il
que sa forme et sa croissance sont régies par une programmation interne qui n'est pas le résultat des forces
extérieures qui s'exercent sur l'être vivant.
Par exemple, un poisson rouge ne peut survivre sans eau et daphnies,
mais aucune force physique ne peut transformer ce dernier en éléphant.
Les manifestations principales de cette
morphogenèse autonome sont l'auto-formation, l'autorégulation et l'auto-réparation.
Cette dernière, bien qu'elle ne
concerne pas tous les organes, s'étend cependant à un nombre infini d'agressions et de blessures.
C'est ainsi que
l'écorce du pin entaillé se refait, que la pince du crabe repousse et que les blessures se cicatrisent.
Le troisième critère est l'invariance reproductive.
Les êtres vivants se reproduisent.
En outre, cette reproduction est
marquée par l'invariance, soit complète en cas de reproduction par sissiparité (division des cellules), soit partielle en.
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