Connais-toi toi-même disait Socrate. Mais par quels moyens et jusqu'à quel point est-il possible d'y parvenir ?
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Sujet : « Connais-toi toi-même », disait Socrate.
Mais par quels moyens et jusqu'à quel point est-il
possible d'y parvenir ?
INTRODUCTION
SOCRATE passant un jour devant le temple de Delphes lut sur le fronton cette inscription : « Connais-toi toi-même.
» Ce fut pour lui une révélation.
Il y découvrit comme un résumé de cette « sagesse » qu'il cherchait à définir.
Mais
en quoi consiste exactement cet idéal socratique ? Comment SOCRATE l'entendait-il ? N'avons-nous pas aujourd'hui
des moyens supérieurs à ceux dont disposait le philosophe grec ? Cette connaissance n'est-elle pas limitée ? Jusqu'à
quel point ?
I.
— Ce que signifie le « connais-toi toi-même » de Socrate
Connais-toi toi même
Il ne s'agit pas pour Socrate de se livrer à une investigation psychologique, mais
d'acquérir la science des valeurs que l'homme porte en lui.
Cette science importe
essentiellement — bien avant de connaître la nature ou les dieux.
Comment conduire sa
vie pour être heureux ; voilà la question qui hante tous les hommes.
L'opinion, confortée
en cela par les sophistes, identifie le bonheur à la jouissance, au pouvoir, à la fortune, à
la beauté.
Sans doute tout cela n'est-il pas négligeable, mais ce sont là des biens
équivoques qui peuvent nous être utiles, ou nous nuire selon les circonstances, l'usage
qui en est fait.
Pour qu'ils deviennent utiles, il faut que nous sachions nous en servir et
si l'homme agit toujours en vue de son bien propre, il peut se tromper sur sa définition.
Si nul n'est méchant volontairement, c'est d'abord parce que nul ne veut consciemment
se nuire à lui-même et donc ce n'est que par accident que la conduite qu'il adopte peut
éventuellement s'avérer mauvaise.
Par accident, non volontairement, il faut entendre
par là par ignorance : si je ne connais pas la hiérarchie des biens, je serai
nécessairement malheureux.
Par exemple, celui qui consacre son existence à acquérir la richesse, en viendra
naturellement à nuire à autrui, donc il s'exposera à la rigueur de la loi ; de plus c'est là un bien qui dépend en large
partie du hasard et qui peut échapper à tout instant.
Il est donc inconcevable que sachant tout cela on puisse
vouloir agir de la sorte.
C'est la science qui détermine l'action, elle ne peut être vaincue par les passions, seulement
par l'ignorance.
Le primat donné à la science explique les railleries dont Socrate accable aussi bien les institutions, en particulier le
tirage au sort des magistrats, que l'inspiration qui permettrait à certains de bien agir par une sorte d'illumination.
Faisant confiance au savoir et pensant que tous les hommes — fut-ce l'esclave — portent en eux le germe de ce
savoir, c'est une vision délibérément optimiste que Socrate offre de l'humanité.
a) Ce qu'il ne signifie pas.
1.
— Ce n'est pas, pour lui : « connaître son savoir »,
car pour SOCRATE, « connaître », c'est la « sagesse D.
Et la sagesse n'est pas un simple savoir.
C'est pourquoi, il s'en prend à HIPPIAS qui étalait son savoir et son savoir-faire.
2.
— Se « connaître », n'est pas non plus, pour lui, une simple connaissance concrète de soi-même : les manières
d'être corporelles, les habitudes, etc...
le caractère, les passions...
ceci n'est que l'apparence du moi ; ce n'est pas
le vrai moi.
Ce n'est qu'un « moi » particulier.
Et la vraie science porte sur « l'homme » indépendamment de
SOCRATE et HIPPIAS...
C'est donc là une position diamétralement opposée à celle de la psychologie concrète de nos jours dont l'idéal est
exactement celui-ci.
b) Ce qu'il signifie.
La vraie science pour SOCRATE, c'est la sagesse.
« Connaissance de ce qu'il y a d'essentiellement vrai dans l'homme
», dit HEGEL, présentant le sens de cette formule de SOCRATE.
Mais, ce n'est pourtant pas encore ce qu'on appelle aujourd'hui « les sciences de l'homme » : — pas la psychologie,
qui ne découvre que les lois de fonctionnement de l'homme ; et qui ne saurait atteindre les vraies valeurs, lesquelles
ne sont pas de l'ordre positif, seul domaine de la science :
— l'histoire, ou l'étude du passé humain pourrait peut-être aider à connaître l'homme, mais à condition de dépasser
les simples récits ou recherches d'explication par leur enchaînement des événements ;
— quant à la sociologie, qui étudie les lois de l'homme vivant en société, elle a le même défaut de demeurer sur le
plan positif.
Il s'agit donc de ce qu'il y a d'essentiel à l'homme, dans le sens de ce qui est éternel en l'homme, ce qui fait de lui
un « homme » véritable, au sens le plus profond du terme, et non pas un animal :
— sa responsabilité en face de soi-même et en face des autres hommes ;
sa personnalité humaine en tant qu'elle est une valeur à ses yeux et qu'autrui en est une au même titre ;
— et surtout sa destinée : le « sens de sa vie » ; les raisons profondes pour lesquelles il l'entreprend ; cette liberté
qui le rend maître de lui-même et lui permet de s'engager en donnant un sens à sa vie ; et à l'au-delà de sa vie..
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