Commentaire texte d'averoes
Publié le 29/03/2023
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«
OZIAS SYMENOUH
Licence 3 Philosophie
CC N°1 : PHILOSOPHIE ANTIQUE ET MEDIAVALE
Commentaire de texte d’Averroès
Ibn Rochd de Cordoue, plus connu en Occident sous son nom latinisé d'Averroès
est un philosophe, théologien, juriste et médecin musulman andalou de
langue arabe du XIIe siècle, né le 14 avril 1126 à Cordoue en Andalousie et mort
le 10 décembre 1198 à Marrakech au Maroc.
Il exerce les fonctions de
grand cadi (juge suprême) à Séville et à Cordoue, et de médecin privé
des sultans almohades, à Marrakech à une époque charnière où le pouvoir passe
des Almoravides aux Almohades.
Lecteur critique d'Al-Fârâbî, AlGhazali et Avicenne, il est considéré comme l'un des plus grands philosophes de
la civilisation islamique même s'il a été accusé d'hérésie à la fin de sa vie et s'il
n'a pas eu de postérité immédiate dans le monde musulman.
Il n'a été
redécouvert en Islam que lors de la Nahda au XIXe siècle, la Renaissance arabe,
durant laquelle il inspire les courants rationalistes, réformateurs et
émancipateurs.
De façon générale, dans le Discours décisif, Averroès met
l’accent sur la nécessité pour les savants de pratiquer la philosophie et d'étudier
la nature créée par Dieu.
Il cherche à donner un statut et un rôle très précis à
la philosophie d'inspiration grecque, aux côtés de l'islam.
Ses conceptions en
matière de théologie s'inspirent du rationalisme d'Aristote en filigrane, comme le
dit Marc Geoffroy, spécialiste d'Averroès.
Dans cet extrait que nous allons
commenter et qui est tiré du Discours décisif de la traduction de M.
Geoffroy,
Paris, GF-Flammarion,1996, p.118-119, Averroès aborde la question de la
religion musulmane et de l’assentiment des hommes.
Pour Averroès, le Texte
révélé aux musulmans produit l’assentiment de la totalité des hommes puisqu’ «
Il est la vérité et que c’est Lui qui éveille et appelle les hommes au bonheur
qu’est la connaissance de Dieu ».
Toutefois, il se passe que certains hommes
n’assentent pas à cette Loi révélée malgré tous les moyens déployés pour arriver
à cette fin.
Il se pose donc un problème que nous pouvons formuler de la
manière suivante : Dans quelle mesure le Texte révélé produit-il l’assentiment
des hommes alors même que certains échappent à cette finalité donc n’y
assentent pas ? Cette question constitue le point central de l’analyse d’Averroès
qui va se déployer en trois mouvements de pensées.
Dans un premier temps
(lignes 1-5), Averroès soutient que le Texte révélé aux musulmans est la vérité et
qu’elle appelle les hommes au bonheur qu’est la connaissance de Dieu.
Dans
cette quête d’emmener les hommes à la connaissance de Dieu, le Texte révélé
déploie plusieurs méthodes d’argumentation en fonction de la nature de chaque
homme.
Cette distinction va conduire l’auteur à nous exposer, dans un deuxième
temps (lignes 5-10), la hiérarchie des natures humaines en fonction desquelles se
produit l’assentiment à la Loi révélée.
Cependant, malgré cette pluralité de
méthodes argumentatives, force est de constater que certains hommes
n’assentent pas à la Loi révélée et donc échappent à sa finalité.
Dans la dernière
partie de son analyse (lignes 11-15), Averroès essayera de donner la raison pour
laquelle le Texte révélé n’a pas pu produire l’assentiment chez certains hommes.
Ces trois mouvements de pensées constitueront la structure de notre
développement.
L’enjeu de cet extrait d’Averroès est de mettre en exergue la
valeur ajoutée que la philosophie, du fait de ses moyens d’argumentation,
apporte au Texte révélé.
Autrement dit, expliquer le rôle que joue les méthodes
philosophiques dans l’atteinte de l’objectif de la Révélation.
Averroès soutient que la Révélation divine faite aux musulmans est la vérité.
Par
définition, le concept de vérité s'oppose à celui de fausseté et donc d'erreur.
La
Révélation musulmane est vérité suppose qu'elle est la voie idéale que l'homme
aura tout intérêt à suivre.
Le fait même qu'elle soit qualifiée de « divine
Révélation » montre qu'elle provient non pas d'une source humaine, donc
susceptible de corruption, mais de l'artisan (Dieu) qui est l'Être parfait, de qui
découle toute perfection.
Elle est donc pour ainsi dire, un message parfait qui
selon l'auteur « éveille et appelle à ce bonheur qu’est la connaissance de Dieu ».
On retient ici une double fonction de cette Révélation.
Dans un premier temps,
elle éveille, c'est-à-dire qu'elle tire l'homme d'une sorte de sommeil qui
l'empêche de voir et de concevoir la vérité sur le monde et ce qu'il contient.
D'un
autre côté, la révélation est aussi un appel lancé aux hommes.
Un appel à la
connaissance de Dieu.
C'est-à-dire que Dieu lui-même exhorte et recommande à
l'homme de le connaître.
Averroès dira même que cette connaissance de Dieu est
le bonheur auquel Dieu invite l'homme.
On voit ici donc toute l'importance que
révèle ce processus de la connaissance de Dieu.
On peut également lire dans le
verset 36 de la Sourate 16 du Coran ce qui suit : « Ô Homme doué de raison !
Sache qu'il n'y a ni secours ni bonheur ici-bas et dans l'au-delà sans la
connaissance de ton Seigneur ALLAH qui t'a créé.
Tu dois croire en Lui,
L'adorer Lui-Seul, connaître ton Prophète qu'ALLAH a envoyé pour toi et pour
tous les gens, croire en lui et le suivre.
Tu dois également connaître la religion
de vérité qu'ALLAH t'a prescrit, croire en elle et agir selon ses prescriptions ».
Au-delà donc de la simple exhortation, cet appel implique un devoir que tout
musulman se doit d'accomplir pour être heureux.
L'objectif principal, ou du
moins, la finalité de la révélation, est donc d'amener les hommes à connaître
Dieu.
Et pour cela, elle déploie plusieurs méthodes en fonction de la nature de
chaque homme, afin de produire en chacun son assentiment.
Commençons par
clarifier ici le thème d'assentiment.
On peut opposer au concept d'assentiment le
concept de décision qui fait appel à une certaine activité rationnelle.
C'est-à-dire
que la décision implique une activité de la raison.
Cela suppose que le sujet qui
prend une décision, le fait à la suite d’analyses, de réflexions qui le conduisent à
des conclusions données.
A contrario, l'assentiment est de l'ordre de l’affect ;
C'est-à-dire que le sujet qui donne son assentiment le fait sous l'effet de
l'émotion, du désir.
L'assentiment ne fait donc pas appel à une activité réflexive,
contrairement à la décision.
Pour Averroès, la méthode employée pour produire
l'assentiment chez un homme dépend justement de sa nature.
Il distingue donc
trois types de méthodes, à savoir : la démonstration, la méthode dialectique et
les arguments rhétoriques.
Voyons ici en quoi consistent ces trois méthodes que
nous expose Averroès, en référence à Aristote dont, faut-il le rappeler, il est un
grand commentateur.
Dans l’Organon, plus précisément dans les Seconds
analytiques, Aristote définit la démonstration comme une méthode rationnelle
qui procède à des vérifications d'un point de vue scientifique.
En effet, lorsque
l’on est porteur ou initiateur d’une théorie, il est fort possible qu’elle soit
complètement abstraite et inexistante.
Comment alors se prouver à soi-même et
aux autres que ce que l’on avance est bien vrai ? Les représentations que l’on se
fait de quelque chose, peuvent n’être évidentes et n’avoir de sens que pour la
personne qui se les représente.
Pour qu’il en soit de même pour un plus grand
nombre, il faut trouver un moyen crédible de le leur faire savoir, et pas de
n’importe quelle manière.
Comme affirme Aristote : « Mais ce que nous appelons
ici savoir c’est connaître par le moyen de la démonstration ».
Mais qu’est donc la
démonstration ? L’auteur répond à cette interrogation en ces termes : « Par
démonstration j’entends le syllogisme scientifique, et j’appelle « scientifique » un
syllogisme dont la possession même constitue pour nous la science ».
La
démonstration procède donc de prémisses qui ont valeur de vérité, pour aboutir à
une conclusion fondée et prouvée.
On comprend de ce fait le rôle primordial que
joue la raison dans l'entreprise d'une méthode démonstrative.
La deuxième méthode que nous expose Averroès est la méthode dialectique.
Au....
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