commentaire Simone Weil, L'Enracinement, Première partie : Les besoins de l'âme
Publié le 08/02/2023
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«
COMMENTAIRE DE TEXTE
L'obéissance est un besoin vital de l'âme humaine.
Elle est de deux espèces : obéissance à
des règles établies et obéissance à des êtres humains regardés comme des chefs.
Elle
suppose le consentement, non pas à l'égard de chacun des ordres reçus, mais un
consentement accordé une fois pour toutes, sous la seule réserve, le cas échéant, des
exigences de la conscience.
Il est nécessaire qu'il soit généralement reconnu, et avant
tout par les chefs, que le consentement et non pas la crainte du châtiment ou l'appât de la
récompense constitue en fait le ressort principal de l'obéissance, de manière que la
soumission ne soit jamais suspecte de servilité.
Il faut qu'il soit connu aussi que ceux qui
commandent obéissent de leur côté ; et il faut que toute la hiérarchie soit orientée vers un
but dont la valeur et même la grandeur soit sentie par tous, du plus haut au plus bas.
L'obéissance étant une nourriture nécessaire à l'âme, quiconque en est définitivement
privé est malade.
Ainsi toute collectivité régie par un chef souverain qui n'est comptable à
personne se trouve entre les mains d'un malade […].
Ceux qui soumettent des masses
humaines par la contrainte et la cruauté les privent à la fois de deux nourritures vitales,
liberté et obéissance ; car il n'est plus au pouvoir de ces masses d'accorder leur
consentement intérieur à l'autorité qu'elles subissent.
Ceux qui favorisent un état de
choses où l'appât du gain soit le principal mobile enlèvent aux hommes l'obéissance, car
le consentement qui en est le principe n'est pas une chose qui puisse se vendre.
Simone Weil, L'Enracinement, Première partie : Les besoins de l'âme.
Dans ce texte, l'auteur veut démontrer que l'obéissance suppose qu'elle soit, sauf cas de conscience, librement
consentie.
L'obéissance suppose une renonciation à sa liberté.
En effet, l'obéissance est une soumission à la volonté d'un autre.
L'action réalisé par obéissance n'est pas issue de sa volonté propre, mais de celle d'un autre, auquel on est soumis.
Dès lors, si l'obéissance est le renoncement à sa volonté propre et traduit une absence de liberté, peut-on affirmer
qu'elle peut être librement consentie ?
C'est pourquoi il convient dans un premier temps de s'interroger à la suite de l'auteur sur le sens de l'obéissance (I)
avant d'en examiner les motivations (II)
I.
Le sens de l'obéissance
L'auteur définit l'objet de l'obéissance (A) avant d'en définir les caractéristiques (B)
A.
L'objet de l'obéissance
L'auteur circonscrit les contours de l'obéissance.
L'obéissance est vouée à des chefs (a) ou porte sur des règles établies (b).
a) l'obéissance à des chefs
L'obéissance implique l'abandon de sa volonté propre au profit de celle d'un autre auquel on se soumet.
Dès lors,
l'obéissance suppose la reconnaissance à cette personne de qualités qui l'autorisent à nous dicter notre conduite.
L'obéissance traduit dès lors un renoncement à sa liberté car une action libre est celle dont la cause est en soi et non
extérieure à soi.
b) L'obéissance à des règles établies
L'obéissance à des règles établies prive de la liberté dans la mesure où ces règles sont imposées par la loi et
contraignent l’individu.
Toutefois, l'obéissance aux règles établies ne masque pas la liberté de l'individu qui peut
toujours choisir la désobéissance, en assumant les sanctions auxquelles il s'expose alors.
Si la règle établie est
conforme à la volonté de l'individu, l'obéissance à cette règle est compatible avec sa liberté : « L'obéissance à la loi
qu'on s'est prescrite est liberté.
» (Jean-Jacques Rousseau Du contrat social)
B.
Les caractéristiques de l'obéissance
Il s'agit pour l'auteur d'une obéissance sans faille (a) sous réserve des exigences de la conscience (b)
a) une obéissance sans faille
Le consentement à l'obéissance n'est pas donné pour chaque ordre.
Il est sans faille, accordé une fois pour toutes.
Le
consentement n'est pas donné à chaque ordre individuel.
L'obéissance se fonde sur la confiance....
»
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