Commentaire du texte "Les apologistes du travail", de Nietzsche (extrait de Aurore)
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"Dans la glorification du « travail », dans les infatigables discours sur la « bénédiction » du travail, je vois la même arrière-pensée que dans les louanges adressées aux actes impersonnels et utiles à tous : à savoir la peur de tout ce qui est individuel. Au fond, on sent aujourd'hui, à la vue du travail - on vise toujours sous ce nom le dur labeur du matin au soir -, qu'un tel travail constitue la meilleure des polices, qu'il tient chacun en bride et s'entend à entraver puissamment le développement de la raison, des désirs, du goût de l'indépendance. Car il consume une extraordinaire quantité de force nerveuse et la soustrait à la réflexion, à la méditation, à la rêverie, aux soucis, à l'amour et à la haine, il présente constamment à la vue un but mesquin et assure des satisfactions faciles et régulières. Ainsi une société où l'on travaille dur en permanence aura davantage de sécurité : et l'on adore aujourd'hui la sécurité comme la divinité suprême"
Au début du texte, Nietzsche nous fait part d'un constat : il y a, dans la société de son époque, des gens qui font l'apologie du travail : ces « apologistes du travail » se livre à une « glorification », à une « bénédiction du travail ». Il déclare voir dans ces éloges du travail une « arrière pensée », ce qui veut dire qu'il considère que l'éloge du travail qui est faite n'est pas sincère, qu'elle dissimule une autre pensée, une autre intention et peut-être même a-t-il des raisons de penser que cet éloge du travail n'a pas lieu d'être. On peut raisonnablement se demander ce qui peut faire douter Nietzsche, dans la mesure ou le travail est de nos jours, comme il l'était à son époque, une activité socialement valorisée, on parle positivement du « goût de l'effort », de « goût du travail », on nous encourage même à « travailler plus », etc. Pourtant, deux points peuvent dors et déjà nous permettre, comme Nietzsche, de douter de la sincérité de l'apologie du travail. Premièrement, Nietzsche nous indique que les apologistes se livrent à une « glorification » du travail, à une « bénédiction » du travail, à des « louanges ».
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Demande d'échange de corrigé de Delbecque Timothée ([email protected]).
Sujet déposé :
Commentaire du texte "Les apologistes du travail", de Nietzsche (extrait de Aurore)
"Dans la glorification du « travail », dans les infatigables discours sur la « bénédiction » du travail, je vois la même
arrière-pensée que dans les louanges adressées aux actes impersonnels et utiles à tous : à savoir la peur de tout ce
qui est individuel.
Au fond, on sent aujourd'hui, à la vue du travail - on vise toujours sous ce nom le dur labeur du
matin au soir -, qu'un tel travail constitue la meilleure des polices, qu'il tient chacun en bride et s'entend à entraver
puissamment le développement de la raison, des désirs, du goût de l'indépendance.
Car il consume une
extraordinaire quantité de force nerveuse et la soustrait à la réflexion, à la méditation, à la rêverie, aux soucis, à
l'amour et à la haine, il présente constamment à la vue un but mesquin et assure des satisfactions faciles et
régulières.
Ainsi une société où l'on travaille dur en permanence aura davantage de sécurité : et l'on adore
aujourd'hui la sécurité comme la divinité suprême"
Les apologistes du travail
Au début du texte, Nietzsche nous fait part d'un constat : il y a, dans la société de son époque, des gens qui font
l'apologie du travail : ces « apologistes du travail » se livre à une « glorification », à une « bénédiction du travail ».
Il déclare voir dans ces éloges du travail une « arrière pensée », ce qui veut dire qu'il considère que l'éloge du travail
qui est faite n'est pas sincère, qu'elle dissimule une autre pensée, une autre intention et peut-être même a-t-il des
raisons de penser que cet éloge du travail n'a pas lieu d'être.
On peut raisonnablement se demander ce qui peut faire douter Nietzsche, dans la mesure ou le travail est de nos
jours, comme il l'était à son époque, une activité socialement valorisée, on parle positivement du « goût de l'effort
», de « goût du travail », on nous encourage même à « travailler plus », etc.
Pourtant, deux points peuvent dors et déjà nous permettre, comme Nietzsche, de douter de la sincérité de l'apologie
du travail.
Premièrement, Nietzsche nous indique que les apologistes se livrent à une « glorification » du travail, à
une « bénédiction » du travail, à des « louanges ».
On constate que ces termes appartiennent au vocabulaire
religion.
Or, dans la religion, le travail n'est absolument pas vu comme une bénédiction, comme quelque chose de
positif, bien au contraire : c'est une malédiction, une punition infligée par Dieu à Eve et Adam pour avoir mangé le
fruit défendu.
Il y a donc ici une contradiction dans les termes, un paradoxe qui semble suspect.
Deuxièmement, si
on examine l'étymologie du mot « travail », on se rend compte qu'il vient du latin « tripalium », un nom qui désignait
un instrument de torture : une fois de plus, il paraît étrange, voire suspect, de faire l'apologie d'une activité liée
aussi intimement à une idée de douleur.
Dès lors, il convient de se demander qui peuvent être ces apologistes du travail.
Nietzsche, dans le texte, ne
l'indique pas avec précision, mais il paraît évident que ce ne sont pas les travailleurs eux même qui font l'éloge d'une
activité qui les fait souffrir, on peut donc en déduire que ces apologistes viennent d'une catégorie dominante, de la
catégorie qui emploie les travailleurs, c'est à dire les patrons, ou bien l'Etat..
Nietzsche déclare que ces gens sont pourvus d'une « arrière pensée », c'est à dire que leurs « infatigables discours
» sont prononcés dans un but précis, autre que de simplement valoriser le travail.
On peut supposer qu'il s'agit
simplement d'encourager les travailleurs à mettre plus d'ardeur à la tâche, mais ce n'est ce pas la seule arrière
pensée que leur prête Nietzsche.
En effet, il déclare : « je vois la même arrière pensée que dans les louanges
adressés aux actes impersonnels et utiles à tous : à savoir la peur de tout ce qui est individuel ».
Selon lui, les
apologistes du travail ferait l'éloge du travail, mais aussi de tous les actes impersonnels, dans le but de se prémunir
d'actes individuels.
Cette affirmation soulève plusieurs questions : le travail peut-il être assimilé aux actes
impersonnels? Autrement dit, n'y a-t-il rien d'individuel dans le travail? Qu'est ce qui, dans « tout ce qui est
individuel », dans l'individualité, peut effrayer les « apologistes du travail », les patrons, l'Etat ?
Nietzsche assimile le « travail » aux « actes impersonnels », et les opposent à « tout ce qui est individuel ».
A priori, sa conception pourrait paraître erronée, et ce pour plusieurs raisons.
Premièrement, on constate dans la vie
de tous les jours que pour beaucoup, le travail est une activité personnel : le salarié est traité comme un individu à
part entière, il à sa propre tâche à accomplir, et reçoit en échange de son travail une rémunération qui lui est
propre.
Chacun à son propre travail, et la carrière de chacun évolue individuellement.
Deuxièmement, plusieurs
philosophe considère que c'est par le travail, justement, que l'homme devient homme, qu'il prend conscience de lui
même et d'individualisme.
C'est le cas de Hegel, par exemple : il considère que par le travail, l'homme impose sa
marque à la nature, et que grâce à cette marque de son activité, l'homme prend conscience de lui même, et devient
homme (thèse développée dans Phénoménologie de l'Esprit).
Pourtant, on comprend d'avantage l'idée de Nietzsche si on se replace dans son contexte historique : Nietzsche
écrit Aurore en pleine révolution industrielle : de nouveaux moyens de productions se mettent en place, les
machines prennent une place de plus en plus importante, l'industrie remplace le travail de l'artisan, et même le
travail humain est mécanisé, avec de nouvelles méthodes de travail comme le Fordisme, le travail à la chaine.
De
ces nouvelles méthodes, on retient bien sûr le gain d'efficacité et de productivité, mais ces avantages vont de pair
avec des inconvénients pour les travailleurs.
D'une part, puisque le travail s'effectue à la chaine, ils répètent.
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