Comment savoir si un acte est juste ?
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PROBLÉMATIQUE: Quels sont les critères de la justice ? Qu'est-ce qui nous permet de savoir que ce que nous
faisons est juste ou injuste ? Suffit-il de respecter la loi pour agir justement ou la justice renvoie-t-elle à quelque
chose de plus que le seul respect de la loi et partant du droit ? Un acte juste n'est pas seulement un acte conforme
au droit.
On sait en effet que les fonctionnaires pétainistes qui ont respecté la loi n'ont pourtant pas agi justement.
Dès lors le seul respect de la loi n'est pas le critère qui nous permet de décider si un acte est juste.
Juger un acte
renvoie à la conscience morale de chaque homme (voir Antigone de Sophocle, les Fondements de la métaphysique
des moeurs de Kant, ou Apologie de Socrate de Platon).
Dans ce dernier texte, Socrate distingue la justice de
l'institution qui renvoie au tribunal : être juste, c'est finalement respecter la loi d'un pays, d'une cité précise ; et la
justice comme vertu est contradictoire avec le droit positif d'un État et renvoie à un savoir moral minimal.
Selon
Socrate, il vaut mieux subir l'injustice que la commettre ; agir justement, c'est donc respecter ce précepte-là, agir
selon la vertu et selon la conscience morale.
Commettre l'injustice
est pire que la subir, et
j'aimerai mieux quant à
moi, la subir que la
commettre (Gorgias)
Commettre l'injustice c'est perdre sa dignité et passer le
reste de sa vie en compagnie d'un injuste.
L'assassin est
celui qui perd l'estime de soi.
Cette phrase fonde l'idée
moderne de conscience morale : il n'est pas de crime
sans témoin car il est en moi un témoin intérieur qui me
juge.
A rapprocher de la phrase de Montaigne : Je me
fais plus d'injure en mentant que je n'en fais à celui à qui
je mens (Essais)
Kant de son côté donne des critères très précis quant à la notion du devoir.
Agir justement, c'est agir en respectant
la loi morale : "Agis uniquement d'après la maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps qu'elle devienne une
loi universelle." Ainsi cette loi nous permettrait de décider si un acte est juste au sens de la morale, de l'idéal de
justice.
Il s'agirait de voir si une action ou si le principe d'une action peut être étendu à tout le monde ; une action
serait juste si elle est universalisable, c'est-à-dire défendable devant toute l'humanité.
Si les critères de justice ne
sont garantis que par l'État, quels sont les risques moraux en cas d'arbitraire ? Et si c'est la morale et la conscience
de chacun qui permettent de juger, si chacun se réfère à sa morale individuelle, il y aura évidemment des difficultés
dans une communauté.
Existe-t-il un savoir qui nous permettrait de décider avec assurance et certitude qu'un acte
est juste ? En quoi le concept de jurisprudence est-il nécessaire (voir l'Éthique à Nicomaque d'Aristote) ?
DEVOIR : « Ni rire, ni pleurer, ni haïr, mais comprendre » rappelait Spinoza dans son Éthique.
La majorité des gens
est d'accord sur le fait que les sentiments gênent, obscurcissent plus qu'ils ne fournissent un soutien aux
raisonnements de toutes sortes et en particulier aux questions d'éthique.
Agir de manière juste en tout, porter sur
les actions d'autrui un regard assez pertinent pour avoir le sentiment de savoir à coup sûr si son action est juste et
nécessaire est considéré tout d'abord comme une chose facile et qui va de soi — les êtres humains ayant besoin de
porter des jugements rapides pour pouvoir adopter une attitude — puis ensuite comme une difficulté insurmontable :
le temps passe et ils sont envahis par le remords et se rendent compte de leurs erreurs.
Beaucoup alors se
conforment à la loi, à la coutume, solution de facilité tandis que d'autres à l'aide de leur raison objective élèvent
leurs propres tables de lois.
Or est-on libre de voir le juste et de décider ce qu'est une action juste, est-ce en
accord avec le tempérament humain ?
Le Juste est fréquemment considéré comme étant ce qui favorise l'État, ce qui sera utile au plus grand nombre de
ses habitants, ce qui leur permettra de survivre, d'éviter l'anarchie initiale fauteuse de troubles.
Il est alors normal
dans cette conception de considérer que l'État détient la vérité qui l'autorisera à décider ce qui est juste ou injuste
d'autant plus que la loi et les coutumes ont été édictées par des magistrats, des gouvernants, hommes dont
l'intelligence, le bon sens, la sagesse, le dévouement, la justice avaient été reconnues au préalable.
L'homme du
commun peut alors calquer son attitude sur celle de l'état' et s'en remettre au jugement d'autrui et rendre à chacun
son dû selon qu'il lui soit favorable ou pas, c'est-à-dire de faire du bien à ses amis et du mal à ses ennemis
Cependant il se pose alors un problème : comment reconnaître à coup sûr les amis des ennemis ? faire du mal aux
ennemis, les rendre ainsi plus enragés, est-ce répandre la justice qui coïncide avec le bien autour de soi ? Et plus
important encore est-ce que obéir à des lois iniques, répandre le mal autour de soi en obéissant aux chefs, est-ce
juste ? Ne sera-t-on pas à un moment ou à un autre torturé par des visions de souffrance et amené à endurer des
remords ? C'est pourquoi l'obéissance aveugle à des préceptes ne paraît pas être la meilleure façon d'être juste.
Ainsi l'obéissance des officiers à leurs chefs dans le cadre de crimes de guerre ne les absout pas.
Même dans le cas
de crimes non prévus par la loi de l'époque, ils ont été condamnés comme ayant été injuste.
Une action foncièrement juste est une action en accord avec un droit naturel non écrit qui fournit des axiomes en
quelque sorte.
À partir de situations, de faits qu'on juge nécessaires strictement à tout être humain pour qu'il puisse
vivre convenablement, qui peuvent être le droit à la vie, au bonheur, on procède à une délibération conforme à la
Raison aidée par la mémoire qui lui présente des expériences à partir desquelles peut se former un jugement Décider
si une action est juste ou pas s'apparente alors à une démonstration mathématique.
Ce jugement est d'autant plus
possible que la Raison est présente en quantité égale chez tout homme comme le rappelle René Descartes dès les
premières lignes de son Discours de la méthode.
Néanmoins la qualité du jugement est tributaire d'autres facteurs de
nature sensible : alors que la volonté est illimitée l'entendement ne saisit que par degrés.
Il faut donc éviter la
précipitation et la prévention qui empêche l'objet qu'on tente de saisir de devenir clair.
La justice suppose donc
constance et fermeté du raisonnement et par là tempérance, sagesse et courage, qualités d'un héros.
Car comme le.
»
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