Comment puis-je dire que je suis le même alors que je change au cours du temps ?
Extrait du document
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Analyse du sujet :
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La question pose problème, car ce qui caractérise le changement, c'est le fait que quelque chose passe
d'un état à un autre état, et que dans ce passage, l'état premier est supprimé pour laisser la place à l'état
second.
Il y a donc a priori stricte opposition entre le changement et le fait de demeurer le même.
Pourtant, en ce qui concerne l'être humain, chacun peut affirmer à la fois qu'il a changé, et en même
temps qu'il est toujours lui-même.
Même dans le cas où l'on dit de quelqu'un qu'il « sort de lui-même », on
espère toujours qu'il « redeviendra lui-même », ce qui indique qu'on suppose toujours une individualité sousjacente.
Cela implique de considérer que ce n'est pas la totalité de l'individu qui change, mais seulement une
partie, comme s'il y avait un noyau central en lequel reposait l'individualité, et d'autres choses autour, plus
superficielles, qui pourraient changer sans modifier ce noyau.
Ainsi par exemple, lorsque quelqu'un grandit, on constate bien que son corps change.
Si l'on s'obstine à
considérer qu'il est le même, c'est parce qu'on pense que son corps n'est qu'un aspect superficiel de luimême, qu'il est presque négligeable en regard de ce noyau profond qui constitue son moi intime.
La question revient donc à se demander quelle est la nature de ce mystérieux noyau et comment il est
possible qu'il résiste aux modifications qui lui sont périphériques.
Ce questionnement pourrait ensuite nous amener à nous interroger sur la pertinence de cette impression
selon laquelle nous resterions le même.
Problématisation :
Le sentiment de disposer d'un moi profond que rien ne puisse altérer est si prégnant chez l'être humain qu'il est
quasiment incontestable.
Il n'en reste pas moins que dans un monde où le passage du temps semble condamner
toute chose au changement, il est difficile de rendre compte de ce sentiment intime.
Il n'y a guère d'autres solutions
que de postuler chez tout être humain un moi immuable qui résiste aux altérations extérieures, mais comment
considérer l'existence d'un tel moi si, par ailleurs, le corps peut changer jusqu'à disparaître totalement ?
Proposition de plan :
1.
Le concept d'âme.
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On peut considérer que si nous pouvons à la fois changer et demeurer identiques, c'est parce
que ce qui change, ce n'est pas vraiment nous-mêmes, mais de simples « propriétés » qui sont
rattachées à nous.
Ainsi, si je change de vêtements, je dis que « je me change » alors que je ne fais que
changer certaines de mes propriétés, en l'occurrence mes habits.
Dans un tel cas, personne ne
contestera que, bien que j'aie changé d'habits, je demeure cependant moi-même.
De la même manière que je suis capable de mettre des habits différents selon les
circonstances et de rester cependant le même en dessous, on peut imaginer qu'il existe quelque
chose chez moi qui demeure invariant en toutes circonstances et qui pourrait recevoir des
propriétés différentes.
Ce « quelque chose » qui reste en permanence identique à soi et qui serait en même temps
capable de recevoir des propriétés correspond à ce que la tradition philosophique appelle l'âme.
L'âme constituerait ainsi l'essence de l'individu, sa substance, c'est-à-dire son identité
profonde.
Elle est la seule chose qui ne change jamais chez une personne.
Descartes évoque à ce
sujet « ce moi, c'est-à-dire mon âme, par laquelle je suis ce que je suis » (Méditations
métaphysiques, sixième méditation).
A l'inverse, les différentes propriétés qui affecteraient l'individu et qui seraient changeantes,
comme sa taille, la couleur de ses cheveux ou bien ses humeurs, ne seraient que des attributs de
l'âme, des événements accidentels qui pourraient être ou ne pas être.
Ces accidents seraient ainsi
à l'âme ce que les habits sont à une personne.
Comme le corps est quelque chose qui change en permanence et qui subit les affronts du
temps, il faut en déduire que l'âme est indépendante du corps.
D'où l'affirmation de Descartes selon laquelle : « je ne suis donc, précisément parlant, qu'une
chose qui pense, c'est-à-dire un esprit, un entendement ou une raison.
» (Méditations
métaphysiques, deuxième méditation)
Le concept d'âme permet ainsi de rendre compte de cette impression que nous avons de
demeurer le même tout en changeant.
L'âme, qui n'est en fait que la forme particulière de notre
raison, porte notre identité profonde.
Notre corps n'est qu'un élément rattaché à l'âme, et si le
corps peut changer, et avec lui nos humeurs et nos sentiments, l'âme, quant à elle, dans son acte
de penser, reste toujours la garante d'une même puissance de raison identique à elle-même.
2.
En quoi l'âme semble un concept fallacieux.
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Mais l'idée d'âme est extrêmement problématique, car si elle semble résoudre le problème, il
n'en reste pas moins qu'il est impossible de prouver son existence, et ce d'autant plus que nous.
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