Comment les énoncés scientifiques peuvent-ils être à la fois vrais et provisoires ?
Extrait du document
«
Termes du sujet:
DIRE: signifie ici affirmer en connaissance de cause, mais cela désigne aussi l'opinion qui dit n'importe quoi, qui
se contente d'affirmer ce qu'elle affirme, qui transforme son désir en vérité universelle.
VRAI:
* Se dit d'une affirmation conforme à la réalité ou qui n'implique pas contradiction et à laquelle l'esprit ne peut que
souscrire : Il n'y a pas grand-chose de vrai dans son récit.
* Qui appartient à la réalité et n'est pas une création de l'esprit : Rechercher les vraies causes d'un phénomène.
* Qui est bien conforme à son apparence : Une vraie rousse.
* Se dit, dans le domaine artistique et littéraire, des êtres et des choses créés qui donnent l'impression de la vie, du
naturel, de la sincérité : Un romancier qui peint des personnages vrais.
* Se dit d'un élément qui, parmi d'autres semblables, apparaît comme le seul important ou le seul déterminant : On
ignore le vrai motif de sa démission.
* Qui convient le mieux à quelqu'un ou à quelque chose, est le plus approprié à une fin, à une destination : Croyezmoi, c'est le vrai moyen de leur venir en aide.
CONTRADICTION: (1) Fait de soutenir en même temps une chose et son contraire.
(2) En logique, incompatibilité
entre deux propositions qui s'excluent mutuellement (exemple : « il pleut » et « il ne pleut pas »).
(3) Principe de
non-contradiction (parfois appelé principe de contradiction) : en logique, principe selon lequel il est impossible que le
même attribut appartienne et n'appartienne pas en même temps au même sujet.
CONNAÎTRE / CONNAISSANCE: 1.
— Être familier de quelqu'un ou quelque chose.
2.
— Discerner, distinguer
quelque chose : « Le premier et le moindre degré de connaissance, c'est d'apercevoir » (CONDILLAC) 3.
— Posséder
une représentation de quelque chose, en part.
une représentation exacte.
4.
— Connaissance: a) Acte par lequel un
sujet s'efforce de saisir de saisir et de se représenter les objets qui se présentent à lui.
b) Résultat de cet acte.
éléments de réflexion
• Essayer de saisir pourquoi l'on peut être amené à affirmer que les connaissances scientifiques sont à la fois
provisoires et vraies.
Peut-on concevoir le progrès des connaissances scientifiques comme un développement continu du savoir par
complexification croissante, par adjonctions? Mais ne serait-ce pas un refus de prendre en compte l'histoire réelle
des sciences dans leurs révolutions théoriques? Bachelard soutient longuement dans ses livres sur la physique et la
chimie l'idée qu'il y a dans l'histoire des sciences des « sauts », des « bonds », des « failles », « des ruptures ».
Autrement dit il n'y aurait pas progression par accumulation simple et élargie (cf.
la révolution théorique opérée par
Einstein, par exemple, en physique).
•
Peut-on concevoir ce progrès, non comme une accumulation, mais comme un développement à partir de
principes intangibles, comme déploiement dans le temps de virtualités que le travail des scientifiques accomplirait ?
Peut-on soutenir cette conception lorsque l'on remarque, encore une fois, les révolutions théoriques opérées dans
les sciences, lorsqu'on note que les sciences, en raison même de leur progression, ruinent leurs principes initiaux.
«
Les sciences, dit Bachelard, ne partent pas de leurs principes, elles y vont.
»
•
« Les événements de la science s'enchaînent dans une vérité sans cesse accrue » écrit Bachelard dans Le
Matérialisme rationnel (PUF, p.
86).
(Ce qui ne signifie nullement qu'il s'agisse d'une accumulation simple, continue ou
d'un déploiement à partir de principes intangibles.) « Sans cesse accrue » ? Pourquoi ? Comment ? Cet
accroissement ne saurait être une accumulation, nous l'avons vu ; cet accroissement s'opère de façon discontinue ;
quel sens cela peut-il avoir ?
• Voir, par exemple, les caractéristiques de l'évolution des théories sur la lumière.
1670 : Newton; théorie de l'émission corpusculaire.
Cette théorie permet d'expliquer des phénomènes comme
la propagation rectiligne, la réflexion, la réfraction.
1690 : Huygens; théorie ondulatoire simple.
La théorie de Newton explique mal les phénomènes de diffraction.
Huygens en rend compte par la théorie ondulatoire.
1822 : Fresnel; théorie ondulatoire des vibrations transversales.
Cette théorie explique en plus les phénomènes de
polarisation et de double réfraction entre autres.
Elle permet également de déduire de nouveaux faits que
l'expérience confirme (par exemple : inégalité de la vitesse de la lumière dans l'air et dans l'eau).
1870 : Maxwell; théorie électromagnétique.
La théorie ondulatoire, remaniée, est étendue à l'ensemble des ondes
électromagnétiques.
La lumière n'est plus qu'un cas particulier du champ des ondes électromagnétiques.
1900 : Planck ; retour à la théorie de l'émission corpusculaire.
La théorie de Maxwell ne rend pas compte de
certains faits.
Max Planck, à la suite d'expériences sur les corps noirs, est amené à affirmer que les faits observés
exigent une interprétation corpusculaire.
D'où la théorie des quanta : l'énergie lumineuse varie de façon discontinue..
»
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