Comment la philosophie se situe-t-elle par rapport à la science ?
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Dès le Ve siècle avant J.-C., où elles naissent, en Grèce, et jusqu'au XVIIe siècle, science et philosophie ne font
qu'un : elles partagent la même tentative de sur le monde, et le même rejet de la fiction imaginaire ; c'est la
consécration d'un nouveau type de discours qui va se construire contre les mythes, et dominer la modernité.
Alors
que, par exemple, la pensée mythique s'emploie à construire un récit chronologique imaginaire pour rendre compte
de ce qui est, science et philosophie raisonnent en termes de principes et conséquences, de causes et d'effets : au
récit temporel se substitue la démonstration logique.
Pourtant, à mesure que la science s'est spécialisée et mathématisée, la philosophie s'est reconnue la tâche de faire
ce que la science ne fait pas : interroger les présupposés qui la sous-tendent, les limites de sa méthode et le cadre
de sa vérité.
La science est ainsi un objet de réflexion pour le philosophe.
Là encore, l'une n'est pas plus vraie que
l'autre.
Alors que la science va chercher à expliquer les causes physiques d'un champ donné et délimité de
phénomènes, la philosophie va davantage s'attacher à comprendre rationnellement le sens des activités humaines
en général, à en identifier les principes, et ce y compris quand il s'agit de l'activité scientifique.
Introduction.
Lorsqu'on s'initie à la philosophie, la réflexion sur les sciences constitue souvent un moment aride et plus rébarbatif
que d'autres, à tel point que l'on peut se demander si l'on ne pourrait pas s'en dispenser, si la philosophie ne pourrait
pas se passer d'une réflexion sur les sciences.
Nous verrons que cette question est au coeur de la tradition philosophique et que, même si l'on affirme le primat de
la philosophie pratique, le poids actuel des sciences semble en faire un passage obligé pour la philosophie.
I.
Du savoir aux sciences.
La « réflexion sur les sciences » est un thème de la philosophie moderne, qui accompagne l'émergence et la
différenciation des différentes disciplines scientifiques.
En revanche, la philosophie est dès son origine marquée par
une interrogation sur la nature du savoir.
• Socrate : qu'est-ce que le savoir?
Dans la plupart des dialogues platoniciens et particulièrement dans le Ménon, Socrate s'interroge et interroge ses
interlocuteurs sur la nature exacte du savoir : possédons-nous de véritables connaissances ou seulement des
opinions? Quelles sont les conditions d'un savoir authentique? Démasquant bien des savoirs superficiels, Socrate
suscite par cette question de nombreuses rancunes.
• Descartes : fondement philosophique et autonomie des sciences.
Participant en première ligne au grand essor de la science moderne, Descartes accorde une place toute particulière
au savoir scientifique; mais pour lui la philosophie n'est pas une réflexion sur les sciences, elle est le système du
savoir tout entier et englobe donc les sciences elles-mêmes.
Par la mathématisation, ces dernières conquièrent
cependant leur autonomie par rapport aux présupposés philosophiques.
• Kant : croire et savoir.
La critique kantienne vient rompre l'unité du système philosophique par une distinction bien nette entre la réflexion
théorique et la réflexion pratique.
Kant accorde un primat à la philosophie pratique parce que c'est elle qui pense
véritablement la question de la destinée humaine (que dois-je faire? que m'est-il permis d'espérer?) mais il en
souligne d'autant mieux l'importance d'une réponse précise à la question « que puis-je connaître? » qui permet de
bien déterminer le domaine légitime de l'attitude scientifique.
II.
Deux domaines séparés.
Une fois les domaines respectifs du savoir et de la croyance bien établis, n'est-il pas possible de limiter la réflexion
philosophique à l'un des domaines et de laisser les sciences à leur propre logique et à leur dynamisme propre?
• Philosophie pratique et esthétique.
On pourrait tout d'abord, sans contester l'utilité d'une réflexion philosophique sur les sciences, la tenir pour
facultative et penser qu'elle n'a aucune influence sur des domaines comme l'éthique ou l'esthétique, dont on peut
penser, surtout pour le premier, qu'ils sont des domaines prioritaires.
Les sciences positives semblent assurées de
leur démarche, il n'y a pas grand-chose à en dire; en revanche, l'individu dans sa vie quotidienne et face à la
difficile réalisation de sa liberté est sans cesse confronté à la nécessité d'une réflexion qui lui permette de se
comprendre et de se régénérer.
• Une réaction contre l'hégémonie des sciences.
Ce primat d'une réflexion pratique ou métaphysique peut même, comme chez Heidegger, prendre un tour plus
offensif à l'égard des sciences et de la technique : la réflexion philosophique aurait alors pour mission de contrer
l'envahissement de la logique technico-scientifique dans le domaine de l'action humaine et de rappeler à l'homme que
la question de son destin ne se résout pas par des procédures techniques.
III.
Un passage obligé.
Une telle attitude de critique, de rejet ou d'indifférence à l'égard de la réflexion sur les sciences risque
cependant de conduire à des méconnaissances graves et à un appauvrissement des autres domaines de la.
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