Comment expliquer que la violence et les rapports de force subsistent dans les sociétés démocratiques ?
Extrait du document
«
Calliclès dans le Gorgias de Platon, suit la logique de la violence : une confiance systématique donnée à la
domination du plus fort, à la domination de celui qui sait user de violence.
La logique de la violence s'appuie sur
l'idée de la supériorité et sur une confiance systématique donnée à la domination du plus fort.
La démocratie est le
régime où le peuple commande (en grec le terme " démos " signifie le peuple et le terme " kratos " signifie la force).
Tocqueville définit la caractéristique principale de la démocratie comme égalité.
En effet, affirmer la souveraineté du
peuple c'est considérer que tous les citoyens se valent et qu'ils sont tous aptes à prendre les décisions politique.
Dès lors, l'égalité devrait rendre impossible la violence, comme domination du plus fort.
Cependant, la démocratie ne
reconduit-elle pas à une inégalité des conditions, à la base de la violence? Ne doit-on pas aussi penser que l'homme
est naturellement violent, peu importe le régime politique?
1.
l'égalité démocratique annule la loi du plus fort
Comme nous l'avons vu en introduction, la violence découle de la loi du plus fort.
Elle est contrainte sur autrui, de
telle sorte qu'il exécute et réalise ce qui est cependant contraire à sa volonté et à ses fins.
Or, cette contrainte
suppose une puissance plus forte que l'autre.
Ce qui est impossible si tout le monde se vaut et si tous les citoyens
ont les mêmes droits.
Hobbes rappelle aussi que l'état se constitue pour mettre fin à l'état de nature, qui est un
état où chacun peut contraindre autrui puisque c'est la loi du plus fort qui domine.
En entrant en société, les
hommes se dessaisissent de leur part inaliénable de droit naturel au profit de la société.
En dehors de l'Etat, les hommes jouissent d'une liberté absolue.
Mais chacun
disposant de la même liberté absolue, tous sont exposés à subir des autres ce
qui leur plaît.
La constitution d'une société civile et d'un État oblige à une
nécessaire limitation de la liberté : il n'en reste que ce qu'il faut pour vivre
bien et vivre en paix.
Chacun perd de sa liberté cette part qui pouvait le
rendre redoutable pour autrui.
Dans l'état de nature, chacun jouissait d'un
droit illimité sur toutes choses, mais tous disposant du même droit, nul n'était
assuré de ne rien posséder durablement.
L'État garantira la sécurité d'un droit
de propriété limité.
Enfin, dans l'état de nature, chacun était exposé à la
menace d'autrui : il pouvait être à tout instant dépouillé de ses biens et tué.
Dans une société civile, seul le pouvoir de l'État s'arroge ce droit.
Un Etat
capable de protéger tous les citoyens de la violence des uns et des autres,
de garantir la sécurité de leurs corps et de leurs biens, de leur assurer la
jouissance des fruits de leur travail, de faire régner la paix, la civilité, le savoir
et la sociabilité ne peut être que despotique.
Pour sortir les hommes de
l'empire des passions, de la guerre, de la crainte, de la pauvreté, de la
solitude, de l'ignorance et de la férocité, l'État est une puissance absolue,
instituée en vue de la paix et de la sécurité.
"Quiconque a droit à la fin, a
droit aux moyens." Chaque homme ou assemblée investis de la souveraineté
sont juges absolus de tous les moyens nécessaires pour protéger ou garantir
cette fin.
"Une doctrine incompatible avec la paix ne peut pas davantage être vraie, que la paix et la concorde ne
peuvent être contraires à la loi de nature." La seule manière d'ériger un État est que tous confient leur pouvoir et
leur force à un seul souverain (homme ou assemblée).
Toutes les volontés doivent être réduites à une seule
volonté.
L'État n'est pas un consensus ou une concorde, mais une unité réelle de tous en une seule et même
personne.
De plus, le pouvoir étant l'expression de la volonté générale, tous les citoyens sont rassemblés ensemble pour un
bonheur commun.
Or, un rapport de force s'établit quand des individus ne sont pas d'accord, que leurs intérêts
divergent.
En démocratie, seul ce qui permet de satisfaire les intérêts communs doit être voter.
Il ne peut donc pas
y avoir d'intérêts personnels qui entrent en compte et il ne peut y avoir de lutte pour imposer une loi, puisqu'elle ne
peut être que si elle est profitable pour tous, donc voulue par tous.
2.
L'inégalité des conditions donnent naissance à l'envie et donc à la violence
Pourtant, il faut bien voir que la démocratie en réalité, ne permet que l'égalité de droit.
L'inégalité des conditions
subsistent, c'est-à-dire qu'il y a des différences entre ceux qui ont de l'argent et du pouvoir et ceux qui n'en ont
pas.
La différence de richesse fait donc naître l'envie et la jalousie.
Ce qui l'une des principales causes de violence.
René Girard affirme en effet que nos désirs sont mimétiques.
Nous voulons ce que les autres ont.
"En réalité, nous
ne choisissons que des objets désirés par un autre, mus le plus souvent par [...] l'envie, la jalousie et la haine
impuissante." Dès lors surgit un univers de violence et de rivalité, où chacun se fond en l'autre, pour s'emparer de
ce qu'il veut.
Si je désire ce que désire l'autre, mon modèle devient rival et obstacle.
De plus, l'égalité des chances déterminent la démocratie.
C'est-à-dire que, dans l'absolu, tout le monde peut
postuler pour les mêmes emplois, avoir les mêmes objets de consommation.
Mais dès lors, pour réussir, il faut être
en lutte, en concurrence avec autrui.
Ce qui bien sûr produit des rapports de forces permanents.
Sartre associe la violence à la quantité limitée de matières premières, des éléments nécessaires à la vie.
Dans nos
sociétés, cela porte essentiellement à tout ce qui se rapporte à l'argent et à l'économie.
L'autre est alors, en
puissance tout au moins, celui qui peut me voler les biens disponibles.
La démocratie met tout le monde en concurrence et donc crée des rapports de force.
De plus, elle laisse subsister.
»
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